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CXXXI.

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Vers que j'ai faits à l'envi des anciens
Poëtes Latins.

MA

Ais je n'ai pas feulement fait des vers à l'envi des plus célébres Poëtes modernes, j'en ai fait à l'envi des plus célébres Poëtes de l'Antiquité: & Grecs & Latins, Voici ceux que j'ai faits à l'envi des anciens Poëtes Latins.

Le premier des Epigrammataires Latins, c'est fans conteftation Catulle. Les Epigrammes de Martial ne font recommendables que par la fin. Celles de Catulle font belles depuis les pieds jufqu'à la tête: à caufe de cette élégance non affectée; qui l'a fait appeler par Daniel Heinfius, elegantia non affectate, affectator Catullus. Et parmi fes Epigrammes, celle-ci tient un des premiers rangs, au jugement des Critiques:

Surripui tibi, dum ludis, mellite Juventi,
Saviolum dulci dulcius ambrofia.

Verùm id non impunè tuli. namque ampliùs
horam,

Suffixum in fumma me memini effe cruce:
Dum tibi me purgo, nec poffum fletibus ullis
Tantillum veflra demere favitia,

Nam fimul id factum eft, multis diluta labella
Guttis abflerfti omnibus articulis:

Ne quicquam noftro contractum ex ore maneret

Tan

Tanquam commineta fpurca (aliva gula.
Praterea infefto mifero me tradere amori
Non ceffafti, omnique excruciare modo:
Ut mi ex ambrofio mutato jam foret illud
Saviolum, trifti triftius helleboro.
Quam quoniam pœnam mifero proponis amori,
Non unquam pofthac bafia fubripiam.

Ita venuftum hoc Epigramma eft, ut ipfa fi velit Venus venuftus eo efficere quidquam non queat, dit Mur t en parlant de cette Epigramme Voici comme j'ai traité le le même fujet:

Surripui, ludens, tenera duo bafia Galla.
Non impunè tuli: me mihi furripuit.

Je ne voudrois pas donner ces deux vers pour le feire de: Catulle. Outre que la fin de fon Epigramme eft plate, (1) fa narration eft ennuieufe par fa longeur, & par fes particularitez peu confidérables. Ce diftique d'ailleurs, Ne quicquam noftré contractum ex ore maneret, Tanquam.comminctæ fpurca fal va gula, donne non feulement une vilaine, mais une abominable image. C'eft ainfi que Voffius a reftitué ce diftique par les manufcrits. Il y avoit dans les éditions antérieures à celle de Voffius. Tanquam comminetæ fpurca fali

va

1. One fauroit plus méprifer cette Epigram. me, que fait M Menage. 1 ne fe contente pas de dire qu'il ne voudroit pas donner fes deux vers pour les feize qui la compofent, il ajoute qu'elle cft plate, ennuicufe, & degoutante, Si cette Epigramme,

va lupa: qui ne f
fait pas une fi vilaine ima-
ge, mais qui ne laiffe pas d'en faire une
très-vilaine.

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Je ne parle point du métacifine, ma, me, me, mi, en ces mots fumma me memini: le Caftelvetro fur ce vers du prémier Sonnet de Pétrarque, Di me medes mo meco mi vergogne, prétendant qu'il fait beauté.

Après Catulle, le meilleur des Epigrammaitaires Latins, c'eft fans doute Martial. Refutandus Giraldus, qui libro de Poet.ca, pauciffima Mart alis Epigrammata bona effe affirmat: item, Mureti judicium de Martiale examinandum: Marulli, contemnendum, qui Epigramma cultum, tefte Rallo, nulle dum fcriptum effe dixit, Naugerii vituperandum, qui Martialis Epigrammata flammis damnare aur fus eft. C'est ce que Mr. Guyet, qui a été un des prémiers Critiques de fon tans, a écrit à la tête de l'exemplaire de fon Martial. Tout le monde fait que Naugérius bruloit tous les ans un exemplaire de Martial; qu'il facrifiont aux Manes de Catulle. Rallus étoit un homme favant de Grece, contemporain de Marulle. Voyez ci-deflus le ch pitre 84.

Je reviens à Martial. Martial, dis-je, eft le prémier Epigrammataire après Catulle. Et parini fes bonnes Epigram

.mes,

qui, au Jugement des Critiques, tient un des prémiers rangs parmi celles de Catulle eft défectueufe à ce point, quelle eft me fera-t, on du refte? Les défenteurs des Modernes tireront fans doute avantage de ce chapitre & du fuivant.

"

anes,

celle-ci eft une des meilleures:

Dimidium donare Lino, quàm credere totum Qui mavult, mavult perdere dimidium.

J'ai traité le même sujet : & voici comme je l'ai traité:

Millia me nuper, centenaque, Prifce, rogabas Mutua, quod potui, millia, Prifce, dedi. Per fora, per plateas, quereris tamen, obstrepis, & nos

Fucofa incufas crimine amicitia.

Define, Prifce, queri, nummos ego perdere mille
Si potui, centum perdere, Prifce, potes.

Je ne veux pas dire que mon Epigramme foit meilleure que celle de Martial: mais j'ofe dire que celle de Martial n'est guére meilleure que la mienne.

Je répondrai ici par occafion à une objection qu'on me fait au fujet de cette Epigramme que j'ai faite à l'envi de Martial. On dit que j'y ai employé quatre fois en fix vers le nom de Prifcus, en parlant à Prifcus; & que Voffius fur Catulle a remarqué qu'une perfonne à qui on adreffe une Epigramme; quand cette Epigramme eft courte; n'y doit pas être nommée plus d'une fois. Il eft vrai que Vosfius, qui eft un grand Critique, & pour qui j'ai toute forte d'eftime & d'admiration, a fait cette remarque à la page 36. de fon Catulle: & il l'a faite en ces termes: Non enim folent in Epigrammate bis

peni nomina eorum ad quos fcribuntur Epigrammata: præfertim fi brevia fuerint. Quòd ficubi id aliter fe habeat, non laudatur. A Martiale tamen libro v11. Epig. 45. hoc negligitur: in poftremo quippe verficulo nomen Prifci quod præcefferat, repetitur.

Divitibus poteris mufas, elegosque fonantes

Mittere: pauperibus munera, Prifce, dato.

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Mais l'ufage des premiers Epigrammataires eft contraire à cette remarque. Catulle dans fon Epigramme à Gellius, qui commance par ces mots Quid facis Gelli, & qui n'eft que de huit vers, y a employé deux fois le nom de Gellius, au vocatif. Martial dans fon Epigramme à Pontia qui eft la 75. du Livre vi. laquelle n'eft que de quatre vers, y a employé auffi deux fois dans un diftique le nom de Pontia au vocatif.

Buccellas mififfe tuas, te, Pontia, dicis.

Has ego nec mittam, Pontia, fed nec edam. Dans l'Epigramme 52. du Livre 3. qui eft adreffée à Tongilianus, & qui n'eft que de quatre vers, il appelle deux fois ce Tongilianus par fon nom. Et dans l'Epigramine 51. du même Livre, qui eft adreffée à Galla, & qui n'eft auffi que de quatre vers, il l'appelle auffi deux fois par fon nom. Et dans l'Epigramme 33. du Livre 4. qui n'eft auffi que de 4. vers, il appelle auffi deux fois Sofibianus par fon nom. Et dans l'Epigramme 9. du Livre vII. laquelle eft de huit diftiTom. VII. Part. II. C ques,

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