Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement. Et dans fon Ode au Roi Henri IV. fur le voyage de Sedan: Ta louange dans mes vers N'aura fa fin terminée Qu'en celle de l'Univers. Et dans celle de Mr. de Bellegarde : Les tiennes par moi publiées, (11 parle des louanges de Mr. de Bellegarde) Je le jure fur les autels; Dans la mémoire des mortels Ne feront jamais oubliées. Et l'éternité que promet La Montagne au double fommet, Amoureux de ta renommée Et ailleurs: Ce fera là que ma Lyre. Qu'un Mr. DU PERIER, dans une de fes Odes au Roi: A ce bruit, je cours au Parnasse, Le Dieu qui préfide aux beaux vers. Sa Lyre d'or étincelante, Et féconde en chants inouïs. Au ton le plus haut je l'accorde: Et fous mes doits plus d'une corde Mr. l'Abbé Huet, dans fa belle Elégie fur le Thé: Non ego divini penitus fum muneris expers: Et circum recubans,avidâ bibat aure juventus; Il eft à remarquer que Mr. l'Abbé Huët est un homme très-modefte, & qu'il y avoit déja quelque tans qu'il étoit nommé Evêque de Soiffons, lors qu'il fit cette Elegie. Les Poëtes Italiens & Efpagnols, & tous les autres généralement, en ont ufé de la forte. Lifez les Odes de Mr. Francius. Page so. de fon Eclairciffement. Pourquoi an Athe nien ? CXLI. Refutation de ce qu'a dit Mr. Baillet, que je parle de moi fans ceffe, & que je fuis amoureux de moi-même. M ONSIEUR BAILLET. Innocemment, & dans la plus grande fimplicité du monde; je me mets à la lecture des Livres de Mr. Ménage, comme d'un Auteur grave & de grande reputation: Sans autre préjugé que celui qu'avoient formé en moi toutes ces rares qualitez dont je viens de parler. J'y trouve effectivement cette érudition que j'y cherche, mais je la trouve prefque par tout envelopée d'un je ne fai quoi, que le mérite de Mr. Ménage m'a toujours empêché d'appeler par fon nom; & qu'un Ecrivain Grec appelleroit Philautie dans un Athénien qui auroit été moins vertueux que cet Abbé. J'apperçuis à travers une infinité de belles chofes un certain caractére d'esprit qui fait en moi des impreffions fachenfes. Je tache de m'en défaire, en pallant d'une matiere à une autre: mais je me retrouve par tout. Je Ghange de Traité & de Livre: & ce font des rencontres perpétuelles entre mon Auteur & fon Lecteur. Comme on le fait à tout, & comme l'habitude apprivoise enfin les humeurs les plus farouches, en lifant Mr. Ménage, je m'accoûtume infenfiblement à ne me point mépriser moi-même; quoique je fois convaincu d'ailleurs que je juis le plus miférable de tous les hommes lors lors même que je me regarde dans le miroir de mon Auteur. Et parceque j'ai ouï dire qu'il faut fe mépriser, & que j'en trouve même la pratique & Pexemple dans Mr. Ménage, je m'accoutume infenfiblement à me mépriser par artifice, & peutêtre par vanité. Dieu permet que je m'en apperçoive: & j'ai la malignité d'attribuer ces mauvais effets à la lecture de mon Auteur. MENAGE. Mr. Baillet qui m'accuse ici de Philaftie; c'est ainfi qu'il faut dire, & non pas Philautie; ne me connoît point: & il ne m'a jamais vu. S'il me connoiffoit; s'il m'avoit pratiqué; il ne diroit pas que je fuis amoureux de moi-même. J'en fuis au contraire très-mal fatisfait. Rien ne me contante en ma perfonne. Tout ce que j'entreprens, ne me rëuffit point: Et j'ai pris pour devife ce mot de Publius Syrus, Nil agere, femper infelici, eft optimum. Mais s'il étoit vrai que je fuffe amoureux de moi-même, j'aurois beaucoup de rivaux: car j'ai le bonheur d'être aimé d'un très grand nombre de perfonnes: au nombre defquelles je mets le patron de Mr. Baillet. ment. MR. BAILLET. Mais quelque mal Page sr. édifié qu'on puifle être du caractère qui re- de fon Egne dans les Ecrits de Mr. Ménage, rien clairciffe ne nous empêche de prendre même pour une vertu, au moins naturelle, la qualité dominante qui fert à la former. Cette qua lité, à quiconque y regarde de près, ne paroît autre qu'une naiveté: qui eft fans doute un des grands ornemens de l'ame, lors |