Imágenes de páginas
PDF
EPUB

I..

CLASSE

AN. 391.

Il y a icy

deux points fuppléer dans

interrogans a

le Latin, & le fens le demande vifiblement.

vous voulez donc que je periffe, Valere mon cher Pere Où eft donc vôtre charité ? M'aimez vous aimez vous l'Eglife que vous voulez que je serve dans l'état où je fuis? vous l'aimez fans doute & vous m'aimez auffi, j'en fuis affuré. Comment cela fe fait il donc ? C'eft que vous me croyez capable; mais je me connois mieux que vous ne me connoiffez, & cependant je ne me connoîtrois pas encore, fi l'experience ne m'avoit appris ce que je fuis.

4. Vôtre fainteté me demandera peut étre ce que c'eft qui me manque pour étre auffi inftruit que j'aurois befoin de l'étre il me manque tant de chofes que j'aurois plûtoft fait de vous dire ce que j'ay dés-ja, que ce que je n'ay pas encore. J'ofe dire que je fçay & que j'embrasse avec une foy pleine & entiere ce qu'il 1. Cor. 10. faut faire & croire pour étre fauvé. Mais la maniere de le difpenfer, fans chercher ce qui m'eft propre, plûtoft que ce qui eft propre aux autres pour les fauver, c'eft ce que je ne fçay point. Et je trou-. veray peut-être, ou plutoft je trouveray fans doute dans les Livres faints des inftructions falutaires qui peuvent rendre le miniftre de JESUS-CHRIST capable d'exercer utilement les fonctions Eccle

33.

Difpofitions neceffaires aux miniftres de l'Eglife.

1.

CLASSE.

fiaftiques, & de fe comporter de telle forte au milieu des mechans qu'il y vive AN. 391. avec la paix de fa confcience; ou qu'il y meure pour ne pas perdre cette vie qui eft l'unique objet des foûpirs d'un cœur plein de la douceur & de l'humilité de JESUS-CHRIST.

Moyens les ac

pour

querir.

Et comment eft-ce qu'on en vient à ce point la, finon en demandant, en cherchant, en frappant à la porte, comme dit Math.7.7. le même JESUS-CHRIST, c'est à dire, à force de lecture, de pricres, & de larmes? C'eft pour cela que j'ay fait demander à vôtre charité par quelques uns de mes Freres, & que je vous demande encore prefentement, le peu de temps qu'il y a d'icy à Pâques.

5. Car qu'auray-je à répondre au Seigneur, quand il me jugera? luy diray-je, qu'étant une fois embarqué dans les emplois Ecclefiaftiques, il ne m'a plus été poffible de m'inftruire de ce qui m'étoit neceffaire pour m'en bien acquitter?

Mais ne me repondra t-il pas, mauvais ferviteur que vous étes, fi quelqu'un avoit voulu envahir ces fonds de l'Eglife, dont on recueille les revenus avec tant de foin, n'auriez vous pas de l'avis de tout le monde, & par l'ordre même de quelques-uns, quitté l'heritage fpiri

I. CLASSE.

AN. 391.

tuel, que j'ay arrofé de mon fang, pour aller defendre devant le juge l'heritage temporel ? Et fi le premier Juge avoit prononcé contre vous, n'auriez-vous pas même paffé la mer pour faire caffer fon jugement perfonne fe plaindroit-il, quand vous feriez absent de vôtre Eglife, un an ou davantage, pour conferver dequoy fournir, non aux befoins fpirituels des pauvres, mais feulement à leurs befoins corporels, à quoy les fruits des arbres vivans de mon Eglife auroient même pourveu bien aifément, & d'une maniere qui m'auroit été bien plus agreable, s'ils avoient été bien cultivez? Comment pouvez vous donc vous excufer, fur ce que le loifir vous a manqué pour vous rendre fçavant dans l'agriculture fpirituelle ?

Dites moy donc, je vous prie, mon cher Pere, ce que j'auray à repondre ? diray-je que le faint vieillard Valere, pour me trop aimer, & pour avoir trop bonne opinion de ma capacité, ne m'a pas voulu donner le temps d'aprendre ce qui m'étoit necefsaire ?

6. Songez bien à tout ce que je viens de vous dire; je vous en conjure par la bonté, mais auffi par la feverité de JesusChrift, & par la justice, la justice, auffi-bien que

[ocr errors]

par

I.

la mifericorde de celuy qui vous a CLASSE infpiré pour moy une charité que je ref- AN. 391. pecte fi fort, que je ne veux avoir rien à dire contre vous, non pas même pour ma défenfe, & pour le falut de mon ame. Vous prenez Dieu & Jefus-Chrift à témoin de la pureté de vos intentions, & de la charité fincere que vous avez pour moy mais je ne doute-pas que vous n'en ayez, & j'en jurerois moy-même,s'il étoit befoin. J'implore donc cette même affection & cette même charité, & vous prie d'avoir pitié de moy, & de m'accorder le temps que je vous ay demandé, pour l'employer à ce que je vous ay dit quand je vous l'ay demandé. Je vous conjure auffi de m'aider, par le fecours de vos prieres, afin que Dieu beniffe mes defirs, & que mon abfence ne foit pas fans fruit, pour l'Eglife de JefusChrift, pour mes freres, & pour tous ceux qui fervent nôtre commun maître.

Je fçay que Dieu aura égard, & furtout dans une occafion comme celle-cy, aux prieres que vous luy offrirez avee toute la charité que vous avez pour moy. Elle luy fera comme un facrifice de bonne odeur, par le merite duquel il me fera la grace de tirer des faintes Ecritures, & peut étre en moins de temps que je ne

CLASSE.

LÁSSE.

AN. 392.

* Ecrite

l'an 392.

vous en ay demandé, les inftructions qui me font neceffaires.

LETTRE XXII. *

C'étoit au S. Auguftin deplore l'abus de certains feftins

paravant la

44. & celle qui étoit la

22. eft pre fentement

la 235.

a

qui fe faifoient en Affrique dans les ci-
metieres,& fur les tombeaux des Mar-
tyrs, fous pretexte de religion; & conjure
Aurele Evêque de Carthage d'y mettre
ordre. Il fe plaint außi de ce qu'on voyoit
parmy les Ecclefiaftiques mêmes, un efprit
de contention & de vanité.

AUGUSTIN PRESTRE, A
L'EVESQUE AURELE 2.

a. Aurele n'étoit point Affriquain, comme il paroît par cette lettre même, nombre 4. mais des Gaules ou d'Italie. Comme c'étoit la coutume de ce temps là, que ceux qui vouloient fe donner tout à fait à Dieu, s'éloignoient le plus qu'ils pouvoient de leur païs, & de leurs connoiffances, Aurele fe retira en Affrique, où aprés avoir été quelque temps Diacre de l'Eglife de Carthage, il en fut fait Evêque aprés la mort de Genethlius en 391. au moins ne fut-ce point avant l'année 390, puifque Genethlius prefida cette année-là, au 2. Concile de Carthage. L'Evêque de Carthage étoit Primat de toute l'Affrique & c'étoit à luy qu'appartenoit la convocation des Conciles. Auffi trouve t'on que pendant 40. ans qu'Aurele poffeda cette dignité, il en affembla plus de vingt où furent traitées les plus importantes affaires de l'Eglife. Il prefida à tout ce qui fe fit en Affrique contre les Pelagiens, & fut reconnu pour faint aprés la mort, que l'Eglife de Carthage celebre le 20. Juillet, comme l'on voit dans un Calendrier fort ancien de cette Eglife, que le fçavant P.Mabillon vient

« AnteriorContinuar »