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CLASSE.

A N. 392.

de ces fchifmatiques, demande à Maximin l'éclairciffement de ce fait-là, & L'exhorte ou à fe declarer Catholique, s'il n'eft pas du fentiment des Donatiftes, ou à entrer en conference de vive voix, ou ...par écrit fur leur feparation d'avec l'Eglife Catholique.

AUGUSTIN Prêtre de l'Eglife Catholique, à fon tres-cher Seigneur, & tres venerable Frere MAXIMIN a, falut en nôtre Seigneur.

A

VANT que d'en venir à ce qui m'oblige de vous écrire, je croy vous devoir rendre raifon en peu de mots du titre dé cette lettre, afin qu'il ne faffe de peine, ny à vous, ny à perfonne. Je vous y appelle man Seigneur, parce qu'il eft écrit qu'encore que l'état de nôtre Gal. f. 13. vocation foit un état de liberté, il ne faut pas que cette liberté ferve de pretexte au dereglement de la chair, ny qu'elle empêche que nous ne foyons prêts par une Charité toute fincere & toute fpiri

b. Maximin pour lors Evêque Donatifte à Sinit petite Ville voifine d'Hippone, étant revenu à l'unité demeura Evêque Catholique du même fiege. C'est celay dont il eft parlé dans la Lettre 105. & contre qui les Donatiftes publierent ce Decret. Quiconque fera lié de communion avec Maximin, fe doit attendre à voir braler fa maison. Saint Auguftin parle encore de ce Prelat au 22. Livre de la Cité de Dieu chapitre 8.

tuelle à nous fervir les uns les autres. Ainfi puifque c'eft dans la veüe de vous rendre fervice qu'un mouvement de cette charité me porte à vous écrire : J'ay pû vous appeller mon Seigneur, & en cela je ne fais que fuivre les ordres de nôtre feul & veritable Seigneur.

Si je dis que vous m'étes tres- cher, c'est que Dieu voit bien, non feulement que je vous aime, mais que je vous aime comme moy-même, puifque ma conscience me rend temoignage que je vous fouhaitte les mêmes biens que je me fouhaitte à moy-même.

I. CLASSE.

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Que fi je dis que vous m'étes tres venerable, ce n'eft pas pour rendre honneur à vôtre Epifcopat, puifque vous n'étes point Evêque à mon égard, ce que je ne dis pas pour vous offencer mais avec cette fimplicité d'efprit qui demande qu'il n'y ait dans nôtre bouche que le oüy & le non. Auffi n'eft-ce pas une chofe nouvelle ny pour vous ny pour quiconque nous connoît les uns & les autres, que je ne vous reconnois non Ma:b.5.37. plus pour Evêque que vous me reconnoiffez pour Prêtre.

Vous ne laiffez pas neanmoins de m'étre tres venerable, parce que vous étes

homme, & que l'homme eft fait à l'i- Gen. 1. 27.

I.

CLASSE. mage

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de Dieu, & que par le rang qu'il tient entre les creatures, & par l'excellence de fa nature, il a été établi & conftitué en honneur: Mais il faut pour s'y maintenir qu'il comprenne ce qu'il faut Pfal.8.6. comprendre, car il est écrit que l'homme ayant été établi en honneur n'a point compris fes avantages, & qu'il eft devenu femblable aux bêtes deftituées d'intelli

48. 21.

gence.

Pourquoy ne vous honnorerois - je donc pas en tant qu'homme, & d'autant plus que tant que vous vivrez je ne dois pas defefperer de vôtre falut & de vôtre refipifcence?

Enfin fi je vous appelle mon Frere, c'est parce que Dieu nous ordonne, comme vous fçavez, de traiter de freres ceux même qui ne veulent pas étre nos freres. Et cela fait extremement au fujet fur lequel j'ay à vous entretenir dans cette lettre. Je vous supplie de la lire avec un efprit de paix, aprés ce que je viens de vous dire pour rendre raifon de ce que j'ay mis à la tête.

2. Comme je parlois un jour de la mal-heureuse & deplorable coutume qui fait qu'en Affrique des gens qui fe difent Chrêtiens ont bien la temerité de rebaptifer d'autres Chrêtiens, & que je

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faifois voir combien cela étoit detefta- CLASSE. ble, il fe trouva quelques perfonnes qui AN. 392. dirent du bien de vous, & qui affeurerent que vous n'en ufiez pas ainsi. J'avoüe que je ne les creû pas d'abord; mais depuis ayant fait reflexion qu'il n'étoit pas impoffible qu'un homme qui fongeroit à l'Eternité fut affez vivement frappé de la crainte de Dieu pour s'abstenir d'un crime fi visible, je creû que cela pourroit étre, & je me rejoüiffois pour vous de ce que par cette conduite vous vous rapprochiez un peu de l'Eglife Catholique.

* Mutugenne étoit une Bourgade du Diocese

d'Hippone i

Je cherchois même une occafion de conferer avec vous, afin de convenir s'il étoit poffible fur le peu qu'il pouvoit il en eft encorefter de different entre nous, lorfqu'on re parlé dans me vint dire il y a quelques jours que Donate vous aviez rebaptifé a un Diacre Catho- dans cette lique de Mutugenne *.

2. On a toûjours regardé la rebaptifation, comme ur crime horrible, & faint Leon Lettre 135. à Neonas Evêque de Ravenne en parle comme d'un facrilege irremi fible, parce que, combatre l'unité du baptême, c'eft combatre l'unité de Dieu, à qui le baptême nous conf.cre, l'unité de la foy qui nous unit à luy, l'unité du acrifice de Jefus-Chrift en qui nous fommes baptifez: Il n'y a, dit faint Paul, qu'un Seigneur, qu'une Foy, & qu'un baptême ; Que fi c'eft un Catholique que l'on rebaptife, le crime eft fans comparaifon plus grand, parce que c'eft combatre encore l'unité de l'Eglife, & l'unité de l'efprit qu'elle a reçû, & qu'elle feule peut donner

la lettre 137.à

Prêtre

Bourgade,

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CLASSE.

Je fus touché au dernier point de la A N. 392. cheute de ce miferable, & de vous voir vous même tombé dans un crime où je ne m'attendois plus que vous fuffiez capable de tomber. Car le moyen de n'étre pas percé de douleur dans une telle occafion, quand on fçait ce que c'eft que l'Eglife Catholique, que toutes les naPfal. 2. 8. tions font l'heritage de JESUS-CHRIST & que fon domaine s'étend par toute la terre? vous le fçavez comme moy, & si vous ne le fçaviez pas il vous feroit aisé de l'apprendre pour peu que vous vouluffiez y faire de reflexion.

Si c'est donc un peché que de rebaptifer un heretique même à qui ce fceau de la fainteté a déja été imprimé selon que les regles du Chriftianifme le prefcrivent, quel horrible crime eft-ce que de rebaptifer un Catholique ? Mais comme je n'étois pas encore bien perfuadé de la chofe, & que je confervois toujours la bonne opinion qu'on m'avoit donnée de vous, je fus moy-même à Mutugenne où je ne fceû voir ce miferable; j'appris feulement de fes parens que vous l'aviez fait Diacre parmy vous, & je demeure encore perfuadé par la bonne opinion que j'ay de vous, que vous ne l'avez point rebaptifé.

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