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en memoire du recouvrement de leur liberté, & du réAN.1509. tabliffement de leur république.

XLVI.

La ville de Padoüe, prife, tout fon territoire retourna Autres conque bien-tôt à fes premiers maîtres, qui profitans de la fortune qui commençoit à les favoriser, surprirent Affula, Mariana, lib. & pafferent au fil de l'épée cent cinquanteEspagnols qui

tes des Veni

tiens.

49. n- 85.

ce.

XLVIL Louis XII. re

Louis XII.

Guicc. l. 8.

y étoient en garnison. Ils firent le même traitement à deux cens autres qu'ils trouverent dans Caftel-Franco, & firent prifonnier Alvarado qui les commandoit.Le fénat, pour engager davantage les fujets de la république, publia un decret par lequel il promettoit de dédommager les peuples de toutes les pertes qu'ils avoient faites, & de toutes celles qu'ils pourroient faire dans le cours de la guerre presente; il tint sa parole,& n'eut pas sujet de s'en repentir.Ses anciens fujets n'oublierent rien pour fe dévouer à fon fervice; & avec ce fecours les Venitiens trouverent encore moyen de furprendre Legnano place bien fortifiée & importante par fa fituation,qui lui rendoit un paffage fur l'Adige, & qui lui ouvroit la porte à de plus grandes efperances.

Ce changement fi heureux dans les affaires des Venivient en Fran- tiens n'empêcha pas Louis XII. de s'en retourner dans Seyf. hift. de fon royaume où fa préfence étoit neceffaire. En partant d'Italie il laiffa un officier, & fous lui fept-cens lances à la garde de l'état de Milan,avec commiffion d'obéir aux ordres qui lui viendroient de l'empereur, & de veiller aux interêts communs. Cet officier s'acquitta de fa commiffion avec avantage. Verone & Vicenze qui soupiroient aprés leurs anciens maîtres, tramoient fecretement une revolte à l'exemple de Padoüe, & fe difpofoient à chaffer les Imperiaux.La Paliffe informé de leur deffein rompit toutes leurs mefures. Quoique l'armée

Venitienne

Venitienne se fût déja mise en campagne dans l'efperance de fe faifir de ces deux places, l'approche des François l'obligea de fe retirer fous Padouë, & ces villes furent encore quelque tems maintenues dans l'obéiffance de l'empereur, qui étant alors à Maroftica à l'entrée des Alpes, & craignant que les ennemis après ce premier fuccès n'entrepriffent de le couper & de lui fermer le paffage de l'Allemagne, fe retira avec affez de précipitation au château de Scala fur les frontieres du Tirol qui appartenoit à la maison d'Autriche.

AN. 1509.

XLVIII.

29. n. 86.

Raynald. ad hunc an. n. 19.

Pet. Jufinian.

Ce fut alors qu'avec de nouvelles troupes qu'il reçut, L'empereur fait il forma une armée de trente mille hommes, fans comp-c le ficge de Pater treize cens lances que le roi de France lui envoya, Mariana, libe trois cens autres de fa fainteté, & mille foldats Espagnols qui vinrent le joindre. Ayant fait la revue de fes troupes, il s'avança, rentra de nouveau en Italie,parut devant Padoüe le troifiéme de Septembre, & en forma le siege qui devoit encore une fois décider de la destinée de la République. Le comte de Petiliane & les autres generaux de l'armée Venitienne,informez du deflein & de la marche des Imperiaux,vinrent fe jetter dans la vil- lib. 10.11. le avec toutes leurs troupes, qui furent jointes à tout ce qu'on pût raffembler de bonnes milices; enforte que fa garnison fe trouva être de près de vingt-cinq mille hommes, fans compter un grand nombre d'ouvriers propres à travailler aux fortifications,& toutes les provifions de guerre & de bouche qu'on pût ramaffer. La jeune nobleffe piquée d'émulation s'y rendit au nombre de plus de trois cens gentils-hommes, les fils du Doge Loredano à leur tête; & peu de tems après leur entrée dans la ville, l'empereur vint camper à trois milles de la place, il tenta inutilement de détourner le cours Tome XXV.

E

AN. 1509.

XLIX. Défense vigoa

gez.

ne

de la Brente, il s'avança, & fon armée fe trouvant trop peu nombreuse pour investir entierement Padouë, il put occuper que le terrain depuis la porte de fainte Croix jufqu'à la baffe Brente; & après avoir reçû l'artillerie nombreuse qui lui vint d'Allemagne, il dreffa fes premieres batteries du côté de l'endroit qui fe trouvoit le plus fort, c'étoit vis-à-vis de l'ouvrage qui étoit à côté de la porte de fainte Croix, de forte qu'il falloit tranfporter l'attaque du côté du baftion qui étoit à côté de la porte par laquelle on fort pour aller à Venise.

La principale défense de la ville confistoit en deux reufe des affic- mille chevaux Albanois qu'on y avoit fait entrer,& qui accoûtumez au pillage, faifoient tous les jours des forties, fatiguoient & harceloient fans ceffe les imperiaux, furprenoient & attaquoient leurs quartiers, enlevoient leurs convois & leurs bagages, amenoient des prifonniers, revenoient chargez de butin,& ne donnoient pas feulement aux ennemis le loifir de fe reconnoître & de respirer. Le bastion cependant fe trouvant ouvert de tous les côtez, & la breche étant confiderable, l'empereur y fit donner un affaut general, qui fut terrible, les Efpagnols s'en rendirent les maîtres, & y arborerent les drapeaux.Mais dès que les affiegez,qui avoient eu foin de miner ce baftion, virent les ennemis deffus, ils mirent le feu aux mines, & firent fauter en l'air les Efpagnols, qui étoient les meilleures troupes de toute l'Italie, qui avoient appris le métier de la guerre fous le grand GonIl eft contraint falve. Ce mauvais fuccès déconcerta les imperiaux, & les découragea tellement qu'ils ne chercherent plus qu'un prétexe honnêté pour lever le fiege, & fe retirer avec honneur ; ce qu'ils executerent le feizième jour d'après que le fiege eût été formé. L'empereur fe retira à

L.

de le lever.

Vicenze, d'où il prit le chemin de Verone, accufant tantôt le pape, tantôt le roi de France, tantôt le roi AN.1509. d'Arragon de ne l'avoir pas fecouru autant qu'ils le pouvoient, & n'y demeurant qu'autant de tems qu'il en falloit pour s'abboucher avec le maréchal de Chaumont, & donner au duc de Ferrare l'inveftiture de l'état d'Eft dont fa maison portoit le nom.

Il arriva pendant le fiege de Padoüe une avanture qui merite d'être racontée par fa fingularité. Le fameux Baiard avoit pour un de fes hommesd'armes dans fa compagnie un jeune homme de seize ans, nommé Boutieres, qui fut depuis lieutenant general de-là les Monts pour le roi François I. Ce jeune homme qui montroit un courage beaucoup au-deffus de fon âge, ayant eu affaire corps à corps avec un officier Albanois de la cavalerie legere des ennemis, fameux par fa haute taille, le fit prifonnier. Le nouveau David presenta fon Goliath à l'empereur, qui étonné du spectacle, dit à l'Albanois, qu'il étoit furpris qu'un coloffe comme lui fe fût laiffé faifir par un enfant, qui de quatre ans ne porteroit poil au menton.

L'Albanois plus honteux du reproche que de fa défaite; dit qu'il avoit cedé au grand nombre, & qu'il avoit été faifi par quatre cavaliers. Baïard qui étoit prefent fe tournant vers Boutieres, lui dit:" Entendezvous ce qu'il rapporte, il eft contraire à votre recit,“ ceci touche votre honneur.,, Auffi-tôt ce jeune hom-", me fe leve fur fes pieds, & dit avec hardieffe à l'Albanois : “Vous mentez, & pour montrer que je vous ai pris moi feul, remontons à cheval & je vais vous tuer, ou vous faire crier quartier une feconde fois. Mais l'Albanois ne voulut point fe faire battre davantage. A peine l'empereur eût-il levé le fiege de Padoue, que

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L.I.

Les Venitiens

reprennent Vi

cenze.

les Venitiens pleines de l'efperance de pouvoir vaincre AN. 1509. les Allemands, reprirent courage. Les Vicentins furent les premiers qui prirent les armes; & après avoir fait veGuicciard. 1. 8. nir des troupes de Padouë, ils attaquerent Gafpard de fan-Severino qui commandoit dans la ville au nom de l'empereur avec trois mille Allemands qui furent si vivement preffez, qu'ils fe rendirent honteufement. La République auroit de même repris Verone fans les François qui s'y oppoferent. Ce qui détermina les troupes Venitiennes à fe retirer du côté de l'Iftrie & du Frioul où ils reprirent plufieurs places; après quoi ils formerent le deffein d'affieger Ferrare, irritez contre fon duc de ce qu'il étoit entré dans la ligue de Cambray, & de ce qu'il avoit reçû de l'empereur l'inveftiture d'Eft.Maîtres de Monfelicé, de Vicenze, de Montagnana, & d'autres places qui leur facilitoient l'entrée dans le Ferrarois, ils aquer Ferrare, firent remonter une flotte de long du Pô jusqu'à LagoOfcuro où ils débarquerent leurs troupes pour aller à Ferrare, qui en paffant brûlerent la maison de plaisance du duc, Ĉette flotte étoit compofée de dix-fept galeres, & d'un grand nombre d'autres bâtimens; l'armée de terre s'étoit faisie fans résistance de tout le Polefin que le duc avoit conquis fur la République; & Ferrare étoit menacée de fubir le même fort, file maréchal de Chaumont n'y eût envoyé promptement quatre cens lances fous les ordres de Gafpard de Coligny feigneur deChatillon; & le pape deux cens.

LII.

Ils veulent at

& font obligez

d'en lever le

Liege.
Bemb. lib. 9.
Guice. lib. 8.

Mariana, lib.
29.n.87.

Avec ce fecours le duc de Ferrare,& le cardinal d'Eft fon frere raffurerent la capitale de leur état, & ne penferent plus qu'à ruiner la flotte ennemie. Le premier qui ensendoit très bien l'artillerie, & dont l'arfenal étoit un des mieux fourni de l'Europe fit faire des batteries fur la

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