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AN. 1510.

TO.

Louis XII. to 40

CI.
Le pape exige

& leur confcience. Il fe repentit d'avoir employé à cette forte d'affaires le tems qu'il devoit donner à l'instruction de fes brebis. Son cœur fut déposé dans l'églife des Céleftins de Lyon où l'on voit fon portrait au côté droit du grand autel, & fon corps fut porté à Rouen, où eft fon tombeau derriere le cœur de l'églife cathedrale où l'on lit encore aujourd'hui fon épitaphe en quatre vers latins. Le roi honora fes funerailles de fa presence, Mezerai,abregé & témoigna beaucoup de chagrin de cette perte; on chron. vie de crut durant un tems que la mort de ce cardinal fervi- p. 171. roit à raccommoder le pape & le roi. Jules en temoigna en effet une grande joye, & il ne pût fe retenir de l'épancher dans le fein de l'ambaffadeur de Venife. Mais cette mort ne fervit qu'à multiplier les fujets de brouilleries qui étoient entre eux. Le pape demanda l'épargne du cardinal défunt, qu'on difoit monter à trois cens mille écus d'or, comme une dépouille qu'il prétendoit lui appartenir. Le roi la lui refufa, & lui fournit ainfi un nouveau fujet de fe fâcher, ou du moins de fe plaindre. Les deux armées compofées d'Allemands & de François harceloient toûjours les Venitiens dans le Padoüan & dans le Vicentin, & s'emparoient de quelques places en attendant l'armée de l'empereur, qui ne paroif- Ferron. in Lud foit pas se presser beaucoup. Ce prince avoit fait depuis peu un nouveau traité avec Louis XII. Il contenoit que la France ne feroit obligée qu'aux frais ordinaires de la guerre, & que l'empereur furviendroit aux extraordinaires; que Chaumont demeureroit dans l'état de terre ferme jufqu'au quinziéme d'Aouft, & retiendroit jufqu'à ce tems-là les troupes Françoises; que Louis prêteroit à Maximilien cent mille écus d'or, à condition qu'il auroit Verone en engagement, jufqu'à ce qu'il

l'argent que le faiffé en mou

cardinal avoit

rant.

Belcar. rer,

Gallic. lib. 12.

n. 3.

CII. Nouveau traité entre l'empereur & le roi de France.

XII.

fut entierement remboursé. Chaumont, qui fe difpoAN. 1510. foit à s'en retourner dans fon gouvernement, reçût de Paris avec la copie de ce traité l'ordre de l'accomplir, & témoigna au comte de Hanaw, qu'il étoit prêt de s'unir à lui pour attaquer la place qu'il jugeroit à propos. Dans ce même tems arriva le duc de Termini avec quatre cens lances Espagnoles, que le roi Catholique fourniffoit à l'empereur en vertu du traité de Cambray. Avec ce renfort on délibera fi l'on affiégeroit Padoüe, comme le fouhaitoit Maximilien. Mais on aima mieux s'attacher à Monfelicé, petite ville entre Eft & Padoüe, à l'attaque de laquelle l'armée des confederez perdit tant de foldats; qu'on fut sur le point de l'abandonner.Soncino Benzone tombé entre les mains des coureurs, fut condamné à être pendu par Gritti qui le regarda comme un traître,qui avoit livré Créme fa patrie pour une com-. font le fiége de pagnie d'armes. Comme cet officier fervoit dans l'armée Françoife en qualité de colonel d'infanterie; Chaumont ne penfa plus qu'à preffer le fiége de Monselicé, & à se Guicciard. 1.9. venger fur la garnifon. Ses troupes donnerent l'affaut le vingt-uniéme de Juin. Les Venitiens qui étoient au premier rempart, furent emportez avec tant de fureur,que la confternation fe mit entre eux: ils voulurent fe réfugier dans le fecond, mais ils y furent poursuivis de fi près, que les affiégeans y entrerent avec eux: il en arriva de même au troifiéme rempart, & à la tour; & les foldats de la garnifon s'étant fauvez dans le donjon,on y mit le feu, & tout ce qui s'y trouva périt par les flammes. Ce fut là le dernier exploit de cette armée, après lequel les Allemands demanderent qu'on marchât vers Trévise. Mais les fix femaines portées par l'accommodement de sa majesté imperiale, s'étant écoulées, sans

CIII.

Les confederez

Monfelice, &

prennent cette ville.

Bembo. lib. 10.

que l'on apprît de fes nouvelles, Chaumont fe retira dans le duché de Milan, après avoir laiffé au comte de Hanaw les trois cens lances & l'infanterie qu'il demanda; parce que la présence de ce genéral étoit nécessaire ailleurs.

Jules II. prévoyant qu'il en viendroit aux mains avec la France, demanda aux Venitiens la liberté du duc de Mantoüe, afin de fe l'attacher. Le duc fortit de fa prifon, & recouvra fa liberté le quatorziéme de Juillet. En attendant la guerre avec la France, le pape la faisoit faire aux états du duc de Ferrare par le duc d'Urbin fon neveu; mais il n'eut d'abord qu'un mediocre fuccès. Le duc d'Urbin s'empara de quelques petites places qui fe trouverent fur la route, & enfuite affiégea Lugo: mais Chatillon officier François qui commandoit un corps de troupes en Lombartdie, étant accouru promptement avec trois cens lances au fecours des affiegez, & étant entré dans la place le vingt-neuviéme de Juillet, fon arrivée allarma tellement les ennemis, que le duc d'Urbin ne fe voyant pas en état de s'oppofer aux François, leva le fiége avec précipitation, & fe retira promptement à Imola pour fe metre à couvert.

Le duc de Ferrare recouvra bien-tôt ce qu'il avoit perdu; & les villes que le duc d'Urbin avoit prifes, n'ayant plus rien à craindre des garnisons qu'il avoit emmenées en fe retirant, retournerent fous leur ancien maître. Mais l'armée du pape fe voyant maîtreffe de la campagne par la retraite de Chatilon, reprit une partie de ce qu'elle avoit conquis ; & le cardinal de Pavie trouva moyen de fe faifir de Modene au nom du pape, avec le fecours de quelques intelligencesqu'il entretenoit dans La ville. Les Rangoni en ouvrirent les portes, & le duc

AN.IS 10.

CIV. L'armée du

pape attaque Ferrare.

les états du due

de

Mariana, lib. 29. n. 98.

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?

de Ferrare couroit rifque de perdre encore Reggio, s'il AN.1510. n'y eût fait entrer des troupes, & s'il n'eût reçu du ma

réchal de Chaumont un fecours de deux cens lances, Chaumont fût venu lui-même à fon fecours, s'il n'eût point été occupé contre les Suiffes, qui piquez contre la France de ce qu'elle avoit levé des Grifons & des Allemands en leur place, s'affemblerent fur la frontiere au Irruption des nombre de quatorze mille hommes, & voulurent se Suifles dans le venger fur le Milanez: Le pape & les Venitiens qui fe Mariana lib. flattoient par le moyen de cette nation de chaffer les

CVI.

Milanez.

29. n. 99.

François de toute la Lombardie, & même de l'Italie entiere, & de rétablir dans le duché de Milan Maximilien Sforce qui en avoit été dépouillé, l'entretenoient à leurs dépens, le pape en payoit lui seul huit mille hommes.

Le maréchal de Chaumont mit des troupes dans Yvrée pour fermer aux Suiffes le paffage du val d'Aofte. Mais ceux-ci s'affemblant à Bellinzone, donnerent clairement à connoître qu'ils en vouloient au duché de Milan. Cette ville étoit autrefois de ce duché, elle eft aux pieds des Alpes fur le Tefin, & appartient aux trois Cantons d'Ury, Schwitz & Underwald, à qui elle fut cedée en 1500. lorfque le Milanez changea de maître. Les Suiffes dès le fixiéme de Septembre defcendirent dans le duché de Milan, & vinrent camper à Caftiglione. Chaumont qui ne s'appliquoit qu'à mettre en usage tout ce qu'il pouvoit inventer pour embarraffer ou retarder leur marche, brûlant les vivres & fourrages qu'il n'avoit pas le loifir de mettre en lieu sûr, ne pût neanmoins empêcher qu'ils n'arrivaffent dans le duché de Milan au pont de Védano que le baron de Molard s'étoit chargé de garder avec deux mille fantaffins Gafcons, qui en furent chaffez, ce qui facilita la marche

des

CVII. Les Suiffes fe retirent fans avoir rien fait.

des Suiffes jufqu'à Centurio, d'où ils s'avancerent jusqu'à Côme, où la bourgeoifie les reçut pour éviter le AN.IS 10. pillage. Mais ces troupes manquant de vivres & d'argent, fe mutinerent & fe révolterent si ouvertement qu'ils prirent réfolution de fe retirer, & de reprendre le Petr. de Au chemin de Bellinzone, ce qu'ils executerent, fans qu'on pût les arrêter.

Le fénat de Venife s'étoit flatté que les Suiffes occuperoient les François affez long tems pour faire quelque entreprise confiderable. Il dépofa Baglioné à la place duquel il mit Luc Malvezzi, & lui ordonna de reprendre les places que les confederez avoient emportées au commencement de la campagne, & d'affieger enfuite Ve rone. Son armée étoit compofée de huit cens hommes d'armes, trois mille chevaux legers, & dix mille hommes d'infanterie, fans compter les milices Venitiennes, compofées de paifans qui continuoient de fervir la république avec autant de zéle que s'ils avoient eu part au gouvernement. Le mois de Septembre n'étoit pas encore paffé, que l'armée de Venise forma un fiége regulier devant Verone, après avoir repris Monfelicé, tout ce que les imperiaux avoient pris dans le Padoüan & dans le Vicentin, & Vicence même : mais Chaumont eut encore la gloire de leur faire lever ce fiége par le feul bruit de fon approche. Les Venitiens le pouffoient avec vigueur, ils s'étoient déja rendus maîtres de tous les dehors ; la fortereffe de Saint Felix & le boulevard voisin étoient tellement endommagez, que les affiégez perdirent lefperance de le garder plus long tems; mais l'arrivée de Chaumont leur rendit le courage; ils firent une fortie si vigoureuse, que la plûpart des Venitiens prirent la fuite, & le refte fut tué fur la place; leurs travaux furent comTome XXV.

L

gleria. ep.

4540

CVIII.

Les Venitiens afliégent VeroGuise. l. 8.

ne.

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