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remarquerez d'abord un caractere enjoüé, qui fe feroit foûtenu s'il m'avoit été permis de l'achever dans le même efprit : Mais l'on a trouvé que les évenemens étoient trop recents & trop connus. Je vous avoue que cette objection m'a jettée dans un grand embarras. J'ay été obligée de chercher dans les fiecles paffez, une Cour & des noms qui convinssent à ceux dont je parlois. Il a fallu fuivre le Regne d'Edouard d'York Roy d'Angleterre, fans m'éloigner de la verité. Enfin je me promettois que s'il y avoit des fautes je n'en paroîtrois pas l'auteur, & qu'après avoir écrit la Relation de mon voyage d'Efpa&les Memoires de la même Cour, les Nouvelles Efpagnolles, Hipolite Comte de Duglas, Jean de Bourbon Prince de Carency, huit Tomes des Contes des Fées, les Memoires Hiftoriques, ceux de la Cour d'Angleterre, deux Paraphrafes fur les

gne,

que

le

Pfeaumes, fans mettre mon nom à pas un de ces Ouvrages, il me feroit encore permis de le fupprimer : Mais on me donne tant de Livres que je n'ay point faits, & cela eft fi aifé en mettant un D avec des étoiles, que j'aime mieux convenir Comte de Warwick, eft à moy, que de me laißer attribuer des Livres qui ne m'appartiennent point. Je vous envoye celui-ci pour vous divertir dans ce beau Château que nos Poëtes ont chanté plus d'une fois, & qui merite de l'être fur un ton encore plus haut & plus harmonieux, depuis que vous en êtes le Maître, & que vous y avez rassemblé tout ce que le goût le plus exquis, & la magnificence moderne pourroient faire trouver chez les Prin ces; vous y passez d'heureux jours dans vôtre aimable famille; l'on s'empreffe de la chercher, & quetque foin qu'on Se donne là-deffus, l'on en eft payé avec

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ufure dès qu'on vous trouve & qu'on voit Madame de Pirou j'efpere bien que j'irai ani partager vôtre charmant repos, & profiter de ce bon efprit qui vous rend. les délices de la Province : nous méditerons aux bords de la Mer le fujet de quelque Ouvrage qui meritera vôtre approbation. Veuillez cependant agréer celuici, je vous le dedie, mon cher Coufin, comme à mon meilleur Ami, & à mon plus proche Parent.

LE

I

LE

COMTE

DE

WARWICK.

TOME PREMIER.

ENRY de Lenclaftre Roy d'Angleterre, avoit paifiblement regné trente ans, lorfque Richard Duc d'Yorck, dont les Ancêtres possedoient cette Couronne, trouvant une occafron favorable pour rétablir fes droits, il ne manqua pas de la faifir, fecondé par Edouard Comte de la Marche fon fils, & par Richard de Neville Comte de Warwick fon ami. Ils leverent des Troupes, * ils affemblerent leurs

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Creatures, & commencerent la guerre contre Henry.

Il fembloit que la Fortune avoit choifi le Royaume d'Angleterre pour en faire le théâtre de tous fes caprices; après plufieurs batailles dont le fuccès fut different, le Duc d'Yorck étant fur le point d'en donner une André Trolop vieux Capitaine, pour lequel il avoit beaucoup de confiance, paffa tout d'un coup du côté du Roy avec l'armée du Duc. Cette défertion lui ôtant fes forces, il n'eut point d'autre parti à prendre que de s'éloigner promptement.

Les Comtes de la Marche & de Warwick le quitterent pour aller travailler à leurs communes affaires, & chacun revenant fur fes pas avec des Troupes nouvelles, ils marcherent vers Londres, profitans fi bien des intelligences qu'ils y avoient ménagées, qu'ils furent reçûs dans la Ville pendant que le Roy fe retiroit à la Tour. Marguerite d'Anjou fa femme, dont le courage étoit intrepide, ne. laiffa pas de raffembler des Soldats & de fe mettre avec le Roy à la tête d'une groffe Armée comme elle ne cherchoit que l'occafion de combattre, & que les deux Comtes la cherchoient auffi; les unes & les autres l'eurent bien-tôt trouvée; la Bataille fe donna à Nortampton, les Comtes la gagnerent, & l'infortuné Henry tomba entre leurs mains pour fervir à leur triomphe.

:

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Malgré ce bon fuccès, le Duc d'Yorck

* 1457.

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