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naux, plus mon travail feroit capable de réfi fter au temps.

Ces fentimens ont été bien fecondez par ceux d'un Prince qui n'en a jamais de contraires aux vôtres. Monfeigneur le Duc du Maine', en qui les plus folides vertus font unies à la plus grande élevation de l'efprit, ne pouvoit manquer d'être touché comme Vous, de ces pures idées de Morale de Religion. Il partage avec Vous, MADAME, la Protection que vous donnez à Jofeph. Il veut que je m'honore des larmes qu'il a verfées aux Lectures & aux RepreJentations de cette Tragédie.

Pour moi, MADAME, je devrois être en repos, après l'avoir mise entre vos mains. En vous l'offrant, j'ai la fatisfaction de vous obéir. Et fi j'y prends encore quelque intérêt, ce n'est que par raport à ma Reconnoiffance. Mon plus grand defir feroit de pouvoir graver ici traits immortels, le zéle inviolable, & le refpect très-profond avec lesquels je fuis,

MADAME,

de VÔTRE ALTESSE SERENISSIME,

par

des

Le très-humble & très-obéïffant

ferviteur, Abbé GENEST.

* à Clagny.

ને

AVERTISSEMENT.

J'AVOI

'Avois fait une Préface, où, felon la coûtume, je rendois raison de mon Ouvrage, & répondois à des Objections bien ou mal fondées. Mais elle me devient absolument inutile, & j'ai crû devoir la retrancher, pour faire place au Difcours que Monfieur de Malezieu adreffe à Madame la Ducheffe Du MAINE. Ce n'eft pas tou tefois que j'accepte les Louanges qu'il me donne, comme fi elles m'étoient dûës; je les regarde plûtôt comme de précieux témoignages de fon amitié.

Quoiqu'il s'étende un peu fur des circonftances qui me font avantageufes, on petit reconnoître qu'elles ne diminuent point la á iiij

force de fes raifonnemens ; & je fuis perfuadé qu'indépendamment de fofeph, on trouvera beaucoup de plaifir & d'utilité à lire de fi belles & de fi fçavantes Remarques fur la Tragedie ancienne & moderne.

܀܀܀܀܀܀

DISCOURS

De Mr de Malezieu à Son Alreffe Sereniffime Madame la Ducheffe DU MAINE, fur la Tragedie de tofeph.

J

E fuis ravi, MADAME, que Vôtre Alteffe Sereniffime ait enfin déterminé Monfieur l'Abbé Geneft à donner fon Jofeph au Public, & que Vous ayez agréé que vôtre Nom paroisse à la tête de cet Ouvrage. Je ne doute pas, 'MADAME, que cette excellente Tragedie n'ait auprés de tous les Connoiffeurs le même fuccés qu'elle eut à Clagny, quand Vôtre Alteffe Sereniffime daignant l'animer par fa voix, fit verfer tant de larmes à la Cour la plus delicate & la plus éclairée qui foit dans l'Univers. Ce n'eft pas à dire qu'il n'y ait peut-être bien des gens qui trouveront le Sujet trop peu chargé d'incidents, & qui voyant que l'amour n'y a point de part, feront peu difpofez à lui donner leur approbation..

Tout le monde n'eft pas obligé de fçavoir à fonds ce que c'eft qu'une Tragedie; & vous fçavez par experience combien de fois il nous eft arrivé d'avoir défabufé des Perfonnes affez habiles d'ailleurs, fur des Ouvrages qu'ils n'avoient pas affez examinez. Vous en avez vû, MADAME, avoir

honte de leur jugement précipité, & de l'approba tion qu'ils avoient donnée fur la foi d'autrui. Vous ne fçauriez avoir oublié ce qui arriva il y a deux ans à Seaux pendant nos Traductions de Sophocle. M... que perfonne n'accufe de manquer d'efprit, nous parla avec éloge d'une Tragedie qu'il avoit lue. Les fcituations, c'eft le mot à la mode les évenements extraordinaires & imprévus, des paffions outrées, quelques Vers qui fembloient vouloir dire quelque chofe, dispersez au milieu de plufieurs autres qui ne difoient rien, & qui par leur contrafte, avoient fait fur fon efprit, à peu prés le même effet, que produit pour un moment une foible lumiere fur les yeux d'un homme qui vient tout-à-coup à fortir des tenebres Enfin la déférence qu'il avoit pour le fentiment de quelques Amis dont cette Piece avoit les fuffrages; tout cela dis-je, avoit enlevé le fien. Cependant, M ADAM E, quand Vôtre Alteffe Sereniffime entra dans le détail, & que parcourant la Piece de Scéne en Scéne, vous le priâtes de vous expliquer comment il étoit poffible que ces Perfonnages le trouvassent ensemble; s'il étoit bien vrai- femblable qu'ils cuffent pû être tous à la fois en ce lieu; s'ils pouvoient avoir la liberté de s'y parler; quelle raifon un tel Acteur avoit de confier fes avantures à fon Ami, précisément dans ce temps plûtôt que dans un autre ; qu'eft-ce qui l'avoit amené dans ce moment fur la Scéne; ce qu'il étoit devenu & quelle avoit été fa vie pendant quinze ou vingt années d'une abfcence auffi peu fondée que fon retour; quand vous

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