fait les derniers adieux, elle veut en fortir pendant que le Coche faifoit no route, elle tombe dans la Rivière, & paffe par-deffous ledit Coche; les Bateliers ne l'avoient pas vu tomber, mais reils ils en furent avertis par le Sergent de l'lfle-Louvier, ils s'empreffent de la fecourir, & après environ un demi-quartd'heure de fubmerfion, elle reparoît à fleur-d'eau, ils l'atteignent avec leurs crocs par les vêtements; on parvient, avec beaucoup de peine, à la mettre dans un bachot pour la conduire à terre, elle étoit fans connoiffance, & ne donnoit aucun figne de vie; on la porte dans le Corps-de-Garde de l'Isle-Louvier; on y fait entrer des femmes pour la déshabiller; on l'agite, on la frotte avec l'eau - de - vie camphrée ; on lui fouffle dans la bouche, on lui fait avaler deux cuillerées de ladite eau-de-vie animée avec l'efprit de Sel-Ammoniac; on lui introduit dans le nez une meche de papier imbibée d'efprit volatil, elle revient peu-à-peu à elle; elle a des envies de vomir, elle montre qu'elle a mal à l'eftomach, &, après avoir fait entendre des cris femblables à des hurlements, elle dit d'une voix entrecoupée qu'elle étouffoit, & qu'elle avoit foif; on lui donne quelques cuillerées d'eau chaude dans la vue d'exciter le vomiffement; on lui fait boire enfuite du vin chaud avec du fucre pour la ranimer, cette boiffon parut lui faire plaifir. On a continué à la réchauffer, & enfin, après quatre heures de foins, elle a été remise à fon Hôtesse qui avoit été mandée. On avoit fait venir un Chirurgien pour la faigner, mais il ne jugea pas à propos de le faire dans le moment à caufe de la circonftance dans laquelle elle fe trouvoit alors; il remit à la faigner au pied fur le foir. Cette fille a déclaré n'avoir aucune idée de ce qui s'étoit paffé depuis fa chûte jufques au moment où fa connoiffance s'eft ma. nifeftée pendant le traitement. Outre les trente-trois Noyés, dont on vient de lire les traitements qui ont été pratiqués pour les rappeller à la vie, nous pourrions encore en produire un nombre àpeu-près égal dont nous avons les Procès-verbaux ; mais comme ils ne concernent que des Noyés qui ont à peine perdu la connoiffance pendant leur fubmerfion, & qu'il n'a été employé à leur égard que des moyens très-fimples & très-courts pour les remettre tout-à-fait dans leur état naturel; nous n'en ferons mention que pour en établir le nombre, & nous nous contenterons de dire que trente autres perfonnes ont été fubmergées par différents accidents; mais les fecours qu'on leur a administrés, ayant été peu conféquents, nous nous difpenferons même de les nommer afin de ne pas ennuyer plus long-temps nos Lecteurs, nous allons paffer à la feconde Claffe que nous abrégérons, de même que nous avons fait à l'égard de la première. SECONDE SECONDE CLASSE. NOYÉS qui ont éprouvé les fecours fans fuccès. Raifons plaufibles déduites de l'état de plufieurs Noyés, lefquelles font préfumer que les fuccès n'ont pu avoir lieu, au moins à l'égard de quelques-uns. I. Le 20 Juin 1776, à trois heures de relevée. Le nommé BOURGON, âgé de dixneuf ans, foldat du Régiment des Gardes - Françoises, avoit projetté de se baigner avec fes camarades vers le a Pont d'aval de la Garre, il entre dans la Rivière, &, après s'y être baigné pendant quelque temps, il veut faire le plongeon, il fe précipite & ne revient pas, deux Bateliers avertis accourent avec leur bachot, ils le cherchent & ce n'eft qu'au bout d'environ une demiheure de fubmerfion qu'ils le retirent avec un croc, d'un fonds pierreux; il ne donnoit aucun figne de vie, il avoit une marque très - fenfible d'un coup qu'il s'étoit donné à la tête proche de V. Part. ( 1776.) C l'œil, & cette marque occupoit tout le front dont la peau étoit endommagée; il est porté au Corps-de-Garde où il reçoit fucceffivement tous les fecours indiqués, & continués pendant trois heures fans fuccès. Pendant le tranfport au Corps-de-Garde il étoit forti de fa bouche beaucoup d'écume, & lorfqu'on lui adminiftroit les fecours il a rendu beaucoup de fang par le nez, par la bouche & par une oreille; enfin, ayant été jugé mort fans reffource par M. Efmalle, Chirurgien de la Salpétrière, il a été abandonné & remis à un Sergent de fa Compagnie pour être tranfporté à l'Hôpital de Biron, où il a été inhumé. II. Le 20 Juin 1776, à dix heures du foir. Un Particulier, dont on n'a pu fçavoir le nom, ayant beaucoup bû & mangé à fon fouper, veut fe baigner en pleine Rivière vers la tête de l'lfle-Louvier, il monte fur un pieu de l'eftacade de plus de dix pieds d'élévation audeffus de l'eau, il veut faire le plongeon, & fe précipite dans un abîme où l'eau fait tourbillon; il ne reparoît pas, on le cherche long-temps fans le trou ༨༩ ver; enfin, après environ trois-quarts d'heure il eft repêché avec un croc, il n'avoit aucun figne de vie, fon ventre étoit tendu comme un tambour, & lorfqu'on le touchoit pour lui faire des frictions, on entendoit beaucoup de grouillements; il a été porté au Corpsde-Garde pour lui adminiftrer tous les fecours ufités qui ont été continués pendant quatre heures fans fuccès; il n'a point rendu d'eau, il eft toujours refté gonflé, & le fang qu'on lui a tiré de la jugulaire n'avoit pas la couleur ordinaire, il étoit noit & épais & couloit avec peine; enfin, le Chirurgien qui l'a faigné l'ayant jugé mort apoplectique, il a été abandonné & porté à la Baffe-Geole du Châtelet. III. Le 21 Juin 1776, à sept heures un quart du foir. La nommée Marie-Françoife-Victoire LANGLOIS, fille Blanchiffeufe, âgée de feize ans (elle en paroiffoit 19 ) étoit fur le chemin du Puifoir des Porteurs d'eau du Pont de la Tournelle, dans un endroit où l'eau eft très-rapide, & profonde de quatre à cinq pieds; elle jouoit avec une de fes camarades, & |