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bain de cendres, dans les lieux habités; le bain de fable au dégré de chaleur animale, fi l'on fe trouve dans des lieux deferts; les peaux de moutons chaudes dans des voyages longs & en pleine mer, où la cendre, le fel & le fable manqueroient; la fumée de tabac inférée dans les inteftins; les potions expectorantes, après la faignée de la jugulaire, font des moyens excellents.

Signé SAULQUIN.

Le fait fuivant nous a également été communiqué par M. Stanislas Decroix, Négociant à Nantes. Ce brave Citoyen s'occupe à faire des recherches fur les Noyés, & il ne laiffe échapper aucune obfervation fans nous en faire part. Celle-ci, toute ancienne qu'elle eft, mérite bien d'être rajeunie & publiée de nouveau, elle peut être regardée comme une leçon raifonnée de bravoure & d'intrépidité, que peu d'hommes feroient capables de donner à leurs femblables.

De Nantes le 5 Juin 1761.

Un Payfan monté fur fon cheval, paffant fur l'Isle Feydeau, defcendit la calle qui eft vis-à-vis le Port aux vins,

pour faire boire cet animal; la Rivière étoit très-forte, le cheval s'étant trop avancé, perdit terre; on crie au Payfan de ne pas abandonner fon cheval; la frayeur lui fit prendre le parti contraire, il tâche de fe fauver, mais la force du courant & le poids de fes habits mouillés l'en empêcherent; il fe débattoit & il alloit fe noyer, lorfqu'un gros chien, qui fe trouva fur le Quai, fe jetta à l'eau de fon propre mouvement, & faififfant l'homme par fon habit, le traîna au bord du Quai où il le dépofa; & ce qui eft encore très-fingulier & admira ble, c'est que ce chien, non content d'avoir fauvé le Maître, fe remit auffi tôt à l'eau, il nâgea du côté du cheval que le courant entraînoit, & vint à bout en fe préfentant toujours devant lui, & en aboyant, de le ramener à la calle; le Payfan remis de fa peur, remonta fur fon cheval & s'éloigna fans faire la moindre careffe à fon Libérateur, ce qui fait dire avec raifon que Ruftica progenies nefcit habere modum. De Negrepeliffe en Querci, le 22 Juin 1776.

L'an 1776, & le 22 Juin à huit heures du foir, le nommé Jacob CAVAL, Tif

ferand, habitant de Negrepeliffe, âgé de 21 ans, étant allé fe baigner dans la Rivière de l'Aveyron, fut entraîné par in courant rapide, &, malgré qu'il fçut très-bien nâger, il ne put résister à a force du courant qui l'emmenoit, il perdit connoiffance & fe noya : fes camarades crierent au fecours, en accourant au plus vîte, &, malgré tous leurs mouvements & leurs efforts, ils ne purent le retirer qu'au bout d'une groffe demi-heure de fubmerfion totale. Je fus averti bientôt après; je me tranfportai de fuite fur les lieux avec MM. Bergalaffe, Maire de Ville, & Blaquiere, ancien Officier de Cavalerie, dépofitaire de la Boîte fumigatoire que M. de Bergeret envoya l'année derniere pour l'ufage des Habitants de fa Terre de Negrepeliffe. Je fis tranfporter le Noyé fur la chauffée, où, l'ayant fait placer dans une fituation commode, j'aurois vifité tout fon corps pour m'affurer s'il n'avoit aucune bleffure ou meurtrissure.

L'ayant enfuite examiné avec attention, j'aurois vu la bouche couverte d'une écume épaiffe & vifqueufe, le nez rempli & bouché d'une morve trèsépaiffie & glutineufe, les dents en

clavées, le corps glacé & fans pouls, portant fur fa figure l'empreinte de la mort. Je commençai d'abord par lui faire faire des frictions fur toute la furface du corps avec des morceaux de flanelle feche, en comprimant légérement le ventre & l'orifice de l'eftomach; après les premieres frictions à fec, j'arrofai le Noyé d'efprit-de-yin camphré, & je fis continuer les frictions pendant longtemps, l'ayant fait tourner fur le côté droit, je fis defferrer les dents avec le manche d'une cuiller, & lui fis avaler une cuillerée de l'efprit-de-vin camphré: on continua toujours les frictions avec le même efprit-de-vin camphré, & un quart d'heure après, m'étant ap perçu de quelques légers mouvements très-foibles, je fiş donner une feconde cuillerée du même efprit-de-vin, qu'il vomit fans aucun effort; on le fecoua doucement & le vomiffement devint plus fenfible, on lui introduifit des plumes dans le gofier, qui augmenterent les efforts du vomiffement, & le firent en effet vomir avec fuccès, alors l'efpérance de le fauver ranimant tout mon zèle, je redoublai mes foins qui furent également fecondés par ceux def

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dits MM. Bergalaffe, Maire, & Blaquiere, dont on ne fçauroit affez louer l'humanité & les mouvements d'intelligence & de charité qu'ils ont fait paroître dans cette occafion; j'allumai la pipe de ladite Boîte, je lui foufflai dans la bouche & dans les narines la fumée, de tabac; fa mâchoire devint fouple, il ouvrit parfaitement la bouche, & bientôt après les yeux, qui parurent avoir quelque mouvement: enfin fa connoiffance fe manifefta, & au bout d'un autre quart-d'heure, il dit, j'ai froid. Je le fis auffi-tôt tranfporter chez lui, & le fis mettre dans fon lit bien chaud; mais comme les envies de vomir fe foutenoient toujours, je me déterminai à lui faire prendre trois grains de tartre tibié, qui produifirent un très-bon effet : le malade vomit beaucoup d'aliments, & quantité de bile, fans cependant de grands efforts, ce qui acheva de le dégager entiérement, & je le crus guéri; cependant le lendemain 23, la fievre furvint, & le Malade fe plaignit d'un point au côté gauche qui le preffoit vivement; le pouls étoit grand, vif, & fréquent; je lui fis tirer environ douze à quatorze onces de fang du bras, qui cal

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