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jours les foins que fon état exigeoit. Jacques Finau n'a eu befoin que de deux cuillerées d'eau-de vie camphrée pour le ranimer.

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Lyon, le 29 Juillet 1776, à onze heures au matin.

Le nommé Gabriel RAEU, Crocheteur à Lyon, âgé de quarante-cinq ans, s'étant appuyé fort avant fur le parapet qui borde le Quai Monfieur, eut toutà-coup une défaillance qui le fit tomber dans le Rhône; il fut auffi-tôt entraîné par le courant & difparut; il s'écoula près de trois quarts d'heure avant qu'on put le retrouvrer; enfin on l'accrocha & on le retira dans un bateau, ayant tous les fignes de la mort. Il fut porté à l'Entrepôt de l'Hôpital-Général de la Charité, cù la promptitude & l'efficacité des fecours en pareil cas, ont déja été connus par plufieurs fuccès, & M. Grandchamp, Chirurgien-Major, conjointement avec fes Eleves, lui administrerent les fecours ufités. La faignée au cou & au bras furent pratiquées; les frictions avec l'eau-de-vie camphrée, furent mifes en ufage; on lui donna un lavement de tabac, & enfuite, avec le vin éméti

que, on lui fit refpirer l'esprit volatil de Sel Ammoniac; on lui fouffla dans la poitrine, par la bouche; les fumigations ne furent pas oubliées, & au bout de deux heures, on commença feulement à s'appercevoir d'un léger battement de cœur; la refpiration alors fe manifefta, & fucceffivement la connoiffance; enfin le fuccès fut complet, & graces à M. Grandchamp, & à MM. les Adminiftrateurs, cet homme a été reffufcité, quoique, dans fa chûte, il fe fut fait deux contufions confidérables, dont l'une à la tête & l'autre à la cuiffe gauche.

Lyon, le 12 Septembre 1776,
à quatre heures de relevée.

Claude DUMAS,& Pierre GUILLOUX, âgés de 13 à 14 ans, fe baignoient dans la Saone, vis-à-vis le Quai S. Antoine: ils perdent pied & difparoiffent tous les

deux dans le même inftant. Des Pêcheurs qui en font avertis, vont à leur fecours, &, après environ un demiquart d'heure de recherche, ils font affez heureux pour retirer l'un d'eux; c'étoit Claude DU MAS; il étoit fans connoiffance & fans mouvement; il ne donnoit aucun figne de vie; ils cher

chent en vain le fecond; M. Faiffole fe trouvoit alors fur le Quai de la Baleine, du côté oppofé; à la nouvelle de cet accident, ille fait traverser la Rivière en diligence; il fait porter Claude DUMAS à l'Entrepôt du Caffé de la veuve Genella, où, après l'avoir fait effuyer & frotter, il lui fait avaler une cuillerée d'eau-de-vie camphrée animée, il lui fit auffi fouffler dans la bouche; ces fecours ne firent d'abord aucun effet fenfible, mais peu après,s'étant apperçu d'un léger frémiffement à la région du cœur, M. Faiffole le fit agiter doucement; les frictions furent continuées, & il lui donna une feconde cuillerée de la même eau-de vie qui produifit un vomiffement affez confidérable d'aliments dont la digestion commençoit à peine à fe faire; alors le Malade ouvrit les yeux; il fut agité de mouvements convulfifs; il ne fçait pour qu'elles raifons it fe voit environné de beaucoup de monde; on l'inftruit du danger qu'il a couru, il pleure, on continue les mêmes foins, on s'occupe de le réchauffer & de le ranimer, & au bout d'environ une heure, il eft en état de s'en aller à pied chez fes Parents.

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Pierre GUILLOUX n'a pu être retrouvé,telles recherches qu'on en ait faites; il est vraisemblable qu'il aura coulé fous plufieurs bateaux garrés à l'endroit où il s'étoit baigné.

LETTRE de M. d'Antic, Docteur en Médecine, & Membre de plufieurs Académies, à l'Auteur des Mémoires Littéraires & Critiques, fur la cause des Afphixies.

Dans l'intention de rappeller à la vie ceux chez lefquels le principe en eft fufpendu, foit que ce foit l'effet de la fubmerfion ou des vapeurs méphitiques, on emploie, ce me femble, plufieurs moyens inutiles, & on fait précéder ceux qui devroient fuivre. Tels font les cendres, le fel-marin, le vinaigre, la faignée, les frictions, le fumigateur, les vomitifs, les afperfions d'eau froide, &c. Mais pour fentir la jufteffe de cette remarque, il eft indifpenfable de connoître la vraie caufe de la mort apparente des Noyés, & de tous les Afphixiques, caufe que perfonne n'a pas encore démonstrativement expliqué.

On eft affez généralement d'accord que tous les Noyés meurent pendant l'infpiration: il en eft de même de tous les

Afphixiques. La force des mufcles ou de contraction des poumons, bien qu'aidée par le poids de l'eau ou de la colonne de l'air commun, ne peut vaincre la réfiftance de l'air naturellement ftagnant & très-élastique, qui tient les poumons fort dilatés. Ceux qui ont quelque idée de la méchanique du corps humain, conviendront que tout mouvement doit être fufpendu jufqu'à ce que la réfiftance de l'air intérieur foit vaincue.

Tous les airs fixes, les gas, les vapeurs méphitiques, la vapeur du charbon, font très-élaftiques & ftagnantes. Nous devons, au Savant M. Priestley la découverte importante que l'air qui fort du poumon eft très-altéré, qu'il approche de la nature des vapeurs méphitiques. Il eft naturel de penfer que l'air perd d'autant plus de fes bonnes. qualités, & en contracte d'autant plus de mauvaises, qu'il féjourne plus longtemps dans les poumons.

Ce que M. Priestley avoit plus qu'entrevu,vient d'être démontré, que ces airs fixes étoient compofés d'acide, de phlogiftique & d'eau. Le gas du vin & de la bierre, la vapeur du charbon, l'air de

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