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rive point. Audaces fortuna juvat. Interpres divům Jove miffus ab ipfo. 3. Nous apprenons de Probe & de Térencien, que l'i voyelle fe changeoit fouvent en confonne; & c'est par - là qu'ils déterminent la mefure de ces vers: Arietat in portas, parietibufque premunt artis, où il faut prononcer arjetat & parjetibus. Cela eit beaucoup plus recevable que l'opinion de Macrobe, felon lequel ces vers commenceroient par un pied de quatre breves. Il faudroit que ce fentiment fût appuyé fur d'autres exemples, où l'on ne pût ramener la loi générale, ni par la contraction, ni par la fyncrefe, ni par la transformation d'un i ou d'un u en confonne.

Mais, quelle étoit la prononciation Latine de l'i confonne? Si les Romains avoient prononcé, comme nous, par l'articulation je, ou par une autre différente du foni, n'en doutons pas,ils en feroientvenus, ou ils auroient cherché à en venir à l'inftitution d'un caractère propre. L'Empereur Claude voulut introduire le digamma F ou à la place de l'u confonne parce que cet u avoit fenfiblement une autre valeur dans uinum, par exemple, que dans unum ; & la forme même du digamma indique affez clairement, que l'articulation défignée par l'u confonne, approchoit beaucoup de celle que représente la confonne F, & qu'apparemment les

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Latins prononçoient vinum, comme nous le prononçons nous mêmes, qui ne fentons entre les articulations f&v d'autre différence que celle qu'il y a du fort au foible. Si le digamma de Claude ne fit point fortune, c'eft que cet Empereur n'avoit pas en main un moyen de communication auffi prompt, auffi fûr, & auffi efficace que notre impreffion; c'est par là que

nous avons connu dans les derniers tems, & que nous avons en quelque manière été contraints d'adopter les caractères diftincts, que les imprimeurs ont affectés aux voyelles i & u, & aux confonnes j & v.

Il femble donc néceffaire de conclure de tout ceci, que les Romains prononçoient toujours i de la même manière, aux différences profodiques près. Mais, fi cela étoit, comment ont-ils cru, & dit eux-mêmes qu'ils avoient un i confonne ? C'eft qu'ils avoient fur cela les mêmes principes, ou, pour mieux dire, les mêmes préjugés que quelques Modernes, qui prétendent difcerner un I confonne, différent de notre j; par exemple, dans les mots ayeux, foyer, moyen, payeur, voyelle, que nous prononçons a ieux, fo-ier, moi-ien, pai ieur, voiielle. Ils appellent cette prétendue confonne un I mouillé foible:

Ce feroit un argument bien foible que de prétendre que cet i, par exemple dans payé, eft confonne, parce que le fon ne peut en être continué que

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par une cadence muficale, com-
me celui de toute autre voyelle.
Ce qui empêche cet i d'être ca-
dencé, c'est qu'il eft la voyelle
prépofitive d'une diphthongue;
qu'il dépend par conféquent
d'une fituation momentanée des
organes, fubitement remplacée
par une autre fituation qui pro-
duit la voyelle poft - pofitive;
&
fituations doivent
que ces
en effet fe fuccéder rapidement,
parce qu'elles ne doivent pro-
duire qu'un fon, quoique com-
pofé. Dans lui, dira-t-on que u
foit une confonne, parce qu'on
eft forcé de Raffer rapidement
fur la prononciation de cet u
pour prononcer i dans le même
inftant? Non; ui dans lui est une
diphthongue composée des deux
voyelles u & i; ïé dans pai-ïe
en eft une autre compofée de i
& de é.

I

l'i Latin; & pour le fon i & pour l'articulation je. Ils eurent donc raifon de diftinguer l'i voyelle de l'i confonne. Mais, comment gardons-nous encore le même langage? Notre orthographe a changé ; le bureau typographique nous indique les vrais noms de nos lettres, & nous n'avons pas le courage d'être conféquens & de les adopter.

I, la troisième voyelle, & comme nous l'avons dit ci-deffus, la neuvième lettre de l'alphabet François. La valeur primitive & propre de ce caractere eft de représenter le fon foible, délié, & peu propre au port de voix que prefque tous les peuples de l'Europe font entendre dans les fyllabes du mot Latin inimici. Nous repréfentons ce fon par un simple trait perpendiculaire, & dans l'écriture courante dé

Pour revenir aux Latins, un préjugé pareil fuffifoit pour cider chez eux toutes les difficultés de profodie qui naîtroient d'une affertion contraire; & les preuves que nous avons données plus haut de l'existence d'un i confonne parmi eux, démontrent plutôt la réalité de leur opinion que celle de la chofe; mais, il fuffit ici d'avoir établi ce qu'ils ont cru.

Quoi qu'il en foit, nos peres en adoptant l'alphabet Latin, n'y trouverent point de caractère pour notre articulation je; les Latins leur annonçoient un i confonne, & ils ne pouvoient le prononcer que par je. Ils en conclurent la néceflité d'employer

nous met

tons un point au-deffus, afin d'empêcher qu'on ne le prenne pour le jambage de quelque lettre voifine.

Les Imprimeurs appellent trema, celui fur lequel on met deux points difpofés horifontalement. Quelques Grammairiens donnent à ces deux points le nom de diérèfe; & cette dénomination fert affez bien à caractériser un figne orthographique, lequel fuppofe effectivement une féparation, une divifion, entre deux voyelles; διαίρεσις divifio, de diαipew divido. Il y a deux cas où il faut mettre la diérèse sur une voyel

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I

le. Le premier eft, quand il faut la détacher d'une voyelle précédente, avec laquelle elle feroit une diphthongue fans cette marque de féparation; ainfi, il faut écrire Laïs, Moife, avec la diérèse, afin que l'on ne prononce pas comme dans les mots laid, moine.

Le fecond cas eft, quand on veut indiquer que la voyelle précédente n'eft point muette comme elle a coûtume de l'être

en pareille pofition, & qu'elle doit fe faire entendre avant celle où l'on met les deux points; ainfi, il faut écrire aiguille, contiguïté, guife, [ville] avec diérèse, afin qu'on les prononce autrement que les mots anguille, guidé, guife, fantaisie,

&c.

Il y a quelques Auteurs qui fe fervent de l'i trema dans les mots où l'ufage le plus univerfel a destiné l'y à tenir la place de deux ii. C'eft un abus qui peut occafionner une mauvaife prononciation; car fi au lieu d'écrire payer, envoyer, moyen, on écrit païer, envoier, moien, un lecteur conféquent peut prononcer pa-ier, envoier, moien, de même que l'on prononce pa-ien, a-ïeux.

C'est encore un abus de la diérèse que de la mettre fur un i à la fuite d'un e accentué, parce que l'accent fuffit alors pour faire détacher les deux voyelles; ainfì, il faut écrire, athéifme, réintégration, déifié, & non pas atheifme, réintégration, déifié.

I

Notre orthographe affujettit encore la lettre i à bien d'autres ufages, que la raifon même veut que l'on fuive, quoiqu'elle les défapprouve comme inconféquens.

1. Dans la diphthongue oculaire ai, on n'entend le fon d'aucune des deux voyelles que l'on y voit.

Quelquefois ai se prononce de même que l'e muet; comme dans faifant, nous faifons, que l'on prononce fefant, nous fefons ; il y a même quelques Auteurs qui écrivent ces

mots

avec l'e muet, de même que je ferai, nous ferions. S'ils s'écartent en cela de l'étymologie Latine facere, & de l'analogie des tems qui confervent ai, comme faire, fait, vous faites, &c., ils fe rapprochent de l'analogie de ceux où l'on a adopté univerfellement l'e muet, & de la vraie prononcia

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Ailleurs ai représente un ê fort ouvert; comme dans les mots dais, faix, mais, paix palais, portraits, fouhaits. Au

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2. La diphthongue oculaire ei eft à peu près affujettie aux mêmes ufages que ai, fi ce n'est qu'elle ne repréfente jamais l'e muet. Mais, elle se prononce quelquefois de même que l'é fermé, comme dans veiné, peiner, feigneur, & tout autre mot où la fyllabe qui fuit ei n'a pas pour voyelle un e muet. D'autrefois ei fe rend par un ¿ peu ouvert, comme dans veine, peine, enfeigne, & tout autre mot où la voyelle de la fyllabe fuivante eft un e muet; il en faut néanmoins excepter Reine, feize, &c., où ei vaut un é fort ouvert. Enfin, l'ei nasal fe prononce comme ai en pareil cas; plein, fein, éteint, &c.

3. La voyelle i perd encore fa valeur naturelle dans la diphthongue oi, qui eft quelquefois impropre & oculaire, & quelquefois propre & auri

culaire.

Si la diphthongue oi n'eft qu'oculaire, elle repréfente quelquefois l'è moins ouvert, comme dans foible, il avoit ; & quelquefois l'é fort ouvert, comme dans Anglois, j'avois, ils avoient.

ce

Si la diphthongue oi eft auriculaire, c'est-à-dire, qu'elle indique deux fons effectifs que l'oreille peut difcerner; n'eft aucun des deux qui font repréfentés naturellement par les deux voyelles o & i. Au lieu de o, qu'on y prenne bien garde, on prononce toujours ou; & au lieu de i, on prononce un é ouvert qui femble approcher-fouvent de l'a; devoir fournois, loix, moine, poil,poivre, &c.

Enfin, fi la diphthongue auriculaire oi, au moyen d'une n, doit devenir nafale, l'i y défigne encore un è ouvert; loin, foin, témoin, jointure &c.

C'est donc également un ufage contraire à la deftination primitive des lettres & à l'analogie de l'orthographe avec la prononciation, que de repréfenter le fon de l'e ouvert par ai, par ei, & par oi; & les Ecrivains modernes qui ont substitué ai ou oi par-tout où cette diphthongue oculaire repréfente l'e ouvert, comme dans Anglais, Français, je lifais, il pourraît, connaître, au lieu d'écrire Anglois, François, je lifois, il pourroit, connoître ; ces Écrivains, dis-je, ont remplacé un inconvénient par un autre auf

réel. Il faut avouer que l'on évite par-là l'équivoque de l'oi purement oculaire, & de l'oi auriculaire ; mais, on fe charge du rifque de choquer les yeux de toute la nation, que l'habitude a affez prémunie contre les embarras de cette équivoque; & l'on s'expofe à une jufte cenfure, en prenant en quelque forte le ton législatif, dans une matière où aucun particulier ne peut jamais être légiflateur, parce que l'autorité fouveraine de l'ufage eft incommunicable.

Non-feulement la lettre i eft fouvent employée à fignifier autre chofe que le fon qu'elle doit primitivement repréfenter; il arrive encore qu'on joint cette lettre à quelque autre pour exprimer fimplement ce fon primitif. Ainfi, les lettres u i ne repréfentent que le fon fimple de l'i dans les mots vuide, vuider, & autres dérivés, que l'on prononce vide, vider, &c., & dans les mots guide, guider, &c. quitte, quitter, acquitter, &c., & par-tout où l'une des deux articulations gue ou que, précede le fon i. De même les lettres ie représentent fimplement le fon i dans maniement, je prierois, nous remercierons, il liera, qui viennent de manier, prier, remercier, lier, & dans tous les mots pareillement dérivés des verbes en ier. L'u qui précede l'i dans le premier cas, & l'e qui le fuit dans le fecond, font des lettres abfolu

ment muettes,

La lettre I, chez quelques Auteurs, étoit un figne numéral, & fignifioit cent fuivant ce

vers:

IC compar erit, & centum fignificabit

Mais, dans le nombre ordi naire, il marque feulement un. Étant multiplié,il fignifie autant d'unités qu'il eft marqué de fois. II. Deux. III. Trois. IIII. Quatre. On ne le multiplie pas davantage; car, cinq s'exprime par V. On trouve néanmoins IIIIII. Six. Ce dernier nombre énoncé par autant d'unités, eft quelquefois accompagné, ou d'une ligne horisontale tirée au-deffous des quatre unités qui font entre la première & la dernière, ou d'une ligne auffi horisontale tirée au travers des fix unités, & qui les partage en deux parties égales. I, placé avant une autre note numérale plus forte, en soustrait une unité; par exemple, X fignifie dix, s'il y a IX, ce ne fera plus que neuf, & IIX, ne fera plus que huit. Par la même raifon IIXX ou XIIX, ne marque que dix-huit. On trouve encore ce nombre marqué par IXIX. I, avant C, n'ôte pas une fimple unité, mais une dixaine; ainfi C marque cent; IC fèulement quatre-vingt-dix. Cette lettre chez les Grecs avec un accent aigu au-dessus, marque dix; mais, fi l'accent eft au bas & au côté gauche, elle fignifie dix mille.

Les Anciens mettoient vo

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