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moléon marche contre la ville des Léontins où il prit Icete,fon fils Eupolémus, & Euthyme, Général de fa cavalerie, qui lui furent amenés pieds & mains liés par leurs foldats. Icete & fon fils furent punis de mort comme tyrans & comme traîtres; & Euthyme, quoique fort diftingué à la guerre par fon courage & par fa valeur, ne put pourtant obtenir miféricorde. La femme d'Icete & fes filles ayant été conduites à Syracufe, & présentées à l'affemblée du peuple, on les condamna auffi a mort, & elles furent exécutées. Le peuple fans_doute voulur par-là venger Dion fon premier libérateur. Car, c'étoit Icete même qui avoit jetté dans la mer Arete, femme de Dion, fa foeur Ariftomaque, & fon fils encore enfant.

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Il y en a qui, au lieu d'Icete, lifent Hicétas avec l'afpiration. Nous avons même parlé de ce Prince fous ce dernier nóm. Mais, comme nous n'avions fait qu'ébaucher ce qui le regardoit, nous avons cru devoir entrer ici dans un plus grand détail, afin de le mieux faire connoître. On remarquera des circonftan

ces différentes dans ces deux articles; ce qui vient de la variété qui fe rencontre dans les Auteurs que nous avons fuivis.

ICETE, Icetes, I'xéτn;, (a)

(a) Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom. IX, p. 3, 5. (b) Reg. L. 1. c. 4. v. 19. Seq.

Philofophe Platonicien, natif de Syracufe, expliquoit par le mouvement de rotation de la terre, le mouvement apparent des aftres. Cette opinion ne lui étoit pas particulière non plus que celle de la pluralité des mondes, qu'il foutenoit auffi.

ICHABOD, Ichabod, (b) fils de Phinées & petit - fils du grand-Prêtre Héli. Sa mere s'en délivra dans le moment qu'elle apprit la funefte nouvelle de la prife de l'Arche du Seigneur. Ichabod peut fignifier, où eft la gloire? parce qu'à ce moment on apprit que la gloire d'Ifraël, l'Arche du Seigneur, étoit tombée entre les mains des ennemis.

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ICHNES, Ichnæ, I'xval, (d) ville de Macédoine, dans la Bottiée, felon Hérodote. Elle étoit fur la côte de la mer, felon le même & felon Pline. Cè dernier la met vers le fleuve Axius.

(c) Plut. Tom. I. p. 559. Dio. Cass pag. 136. (d) Herod. L. VII. c. 123. Plin. T. I. pag. 201

Il y avoit une bourgade du même nom dans la Phthiotide, en Theffalie, au nord-est de Lamia. Etienne de Byzance en fait mention, & M. de l'Ile la met très-bien dans fa carte de l'ancienne Grece.

ICHNEUMON, Ichneumon, Preμor, (a) petit animal, qui recevoit en Égypte les honneurs divins. On le croyoit confacré à Latone & à Lucine.

Entre tous les animaux enne

mis décidés du crocodile, il n'en eft point de plus dangereux ni de plus pernicieux que l'Ichneumon. C'eft une espece de petit chien formé comme un furet, qui parcourt tous les bords du Nil où le crocodile a mis bas fes œufs, qui font, en fortant de l'ovaire, attachés les uns aux autres comme nos grains de chapelets font enfilés. Ce petit animal caffe les ceufs fans en pro. fiter en rien, fans les manger. N'ayant point d'intérêt en cela, Il agit par un instinct, pour dé. livrer, autant qu'il eft en fa nature, l'homme des dangers auxquels l'expoferoit la multiplication de ces animaux, fi tous ces œufs réuffiffoient.

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Dans la ville d'Hercule, capitale de la Préfecture Héracléotique on refpectoit les Ichneumons, comme les plus puiffans ennemis des crocodiles & des afpics. Ce petit animal

(a) Diod. Sicul. pag. 22, 55. Myth, par M. l'Abb. Ban. Tom. II. pag. 377, 395, 396. Antiq. expl. par D. Bern. de Montf. Tom. II. pag. 318. Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. T.

fe couvre de boue pour fe garantia de la piqueure ou morfure des afpics & des ferpens ; & les prenant par la tête ou par la queue, il les traîne au fleuoù il les étouffe en les

ve, noyant.

On fçait que le crocodile s'endort au chatouillement du roitelet qui le délivre des fangfues. L'Ichneumon profite de la fituation & de l'affoupiffement du crocodile, il fe lance dans fa gueule ouverte, fe gliffe & penetre dans fes entrailles, qu'il déchire pour en fortir, après avoir rongé la peau du crocodile, qui eft fort déliée fous le

ventre.

ICHNIE, Ichnia, I'xría. Voyez Ichnes.

ICHNOBATE, Ichnobates, (b) l'un des chiens d'Actéon. I! pourfuivit fon maître, auffi-bien que les autres chiens, après qu'il eut été métamorphofé en cerf.

ICHNUSA, Ichnufa, (c) I'vora, un des noms qu'a portés l'ifle de Sardaigne.

ICHTHYOMANTIE, (d) Ichthyomantia, efpèce de divi nation, qui se tiroit en confidérant les entrailles des poiffons. On faifoit fur ces animaux à peu près les mêmes obfervations, que l'on avoit coûtume de faire fur les autres victimes. Tiréfias & Polydamas y recou

IX. pag. 28. T. XII. p. 31, 47.
(b) Ovid. Metam. L. III. c. 5.
(c) Pauf. pag. 638.

(d) Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett, T. XII, pag. 41.

rurent dans le tems de la guerre, de Troye. Pline rapporte qu'à Myre en Lycie, on jouoit de la flûte à trois reprifes, pour faire approcher les poiffons de la fontaine d'Apollon, appellée Curius; que ces poiffons ne manquoient pas de venir; que tantôt ils dévoroient la viande qu'on leur jettoit, ce que les confultans prenoient en bonne part; & que tantôt ils la méprifoient & la repouffoient avec leur queue, ce qu'on regardoit comme un préfage funefte.

Le mot Ichthyomantie eft formé de l'xs, poiffon, & de μarrela, divination.

ICHTHYOPHAGE [le Golfe], Sinus Ichthyophagus, κόλπος Ιχθυοφάγος; (a) c'eft ainfi que Paufanias nomme le golfe, aux environs duquel s'étendoient les Ichthyophages. Ce golfe étoit dans la mer Rouge. ICHTHYOPHAGES, (b) Ichthyophagi, I'xvopάyos, c'està-dire, mangeurs de poiffons. Les Anciens ont ainfi nommé des nations, qui habitant au bord de la mer, vivoient prin cipalement de la pêche, lorfqu'ils n'en fçavoient point les vrais noms. Ptolémée trouve

des Ichthyophages dans la Chine; Agatarchide en met vers la Carmanie, & la Gédrofie; Paufanias en décrit fur la mer Rouge, & Pline en

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peuple plufieurs ifles, à l'orient de l'Arabie heureufe. Diodore

de Sicile eft celui de tous les Auteurs Anciens, qui s'eft le plus étendu au fujet des Ichthyophages.

Ces peuples, felon lui, habitoient le long des côtes, depuis la Carmanie & la Gédrofie jufqu'à l'entrée du golfe, par où l'Océan méridional s'avançoit prodigieufement dans les terres, & s'enfermoit entre l'Arabie heureuse d'un côté, & les Troglodytes de l'au

tre.

Quelques-uns de ces Barbares paffoient leur vie tous nus. Leurs femmes, leurs enfans, & leurs troupeaux étoient communs entr'eux; & la nature ne leur ayant fait connoître que le plaifir & la peine, ils n'avoient aucune idee de ce qui eft honnête, & de ce qui ne l'eft pas. Leurs habitations étoient fituées près de la mer fur des côtes entrecoupées, non-feulement par des vallées profondes, mais encore par des précipices efcarpés, & par des ravines étroites, & naturellement obliques.

Les habitans fe fervoient utilement de cette difpofition de leur terrein. Bouchant avec de grandes pierres toutes les iffues de leurs vallées & de leurs précipices, ils fermoient le paffage aux poiffons qui s'é

pag. 325, 326, 337, 313, 737.` Diod. Sicul. pag. 106. & feq. Herod. L. II. c. 19, 20.

toient jettés dans ces détours. Car, la mer fe débordant pendant le flux avec violence, ce qui arrivoit deux fois par jour, comme vers les fix heures du matin & du foir, couvroit tout le rivage, & amenoit avec elle une quantité incroyable de poiffons de toute espèce. Quand le tems du reflux étoit venu, toute l'eau fe retiroit par les ouvertures des pierres, & le poiffon reftoit à fec fur le fable. Les habitans s'affembloient auffi-tôt fur le rivage avec leurs femmes & leurs enfans, comme s'ils en avoient tous reçu l'ordre. Enfuite, s'étant divifés par bandes, ils alloient chacun en différens endroits avec des cris affreux, qui marquoient la joie qu'ils avoient de leur capture. Les femmes & les enfans prenoient les poiffons les plus petits & les plus proches du bord, & les jettoient fur le gravier. Les hommes, qui étoient dans la force de l'âge, ne s'attachoient qu'à ceux que leur grandeur rendoit difficiles à prendre. Car, on trouvoit dans cette mer, non-feulement des lamproies, des chiens & des écreviffes de mer, mais même des veaux marins, & quantité d'autres poiffons dont le nom & la figure nous font inconnus, dit Diodore de Sicile.

N'ayant point d'armes faites de main d'hommes, ils les per çoient avec des cornes de boues, ou les coupoient avec des cailloux tranchans. Car, la néceffité enfeigne toutes chofes

à l'homme, & lui apprend à fe fervir de tout ce qu'il rencontre de propre à l'effet qu'il en efpere. Quand ils avoient amaffé une affez grande quantité de ces poiffons, ils les emportoient & les faifoient cuire fur des pierres expofées à l'ardeur brûlante du foleil de leur climat. Dès qu'ils étoient cuits d'un côté, ils les retournoient de l'autre. Enfuite, les prenant par la queue, ils les fecouoient. Ces poiffons étant ainfi defféchés, leur chair tomboit par morceaux. A l'égard des arêtes, ils les jettoient toutes dans un même endroit, & en faifoient de grands monceaux pour s'en fervir, à l'ufage que nous dirons plus bas. Mais, ramaffant la chair qui étoit tombée, ils la mettoient fur des pierres polies, & la broyoient pendant un certain tems. Ils y mêloient pour affaifonnement, de la graine d'aube-épine, & en faifoient ainfi une espèce de pâte d'une feule couleur, Enfin, ils donnoient à cette pâte la figure d'une brique un peu longue, & ils la faifoient fécher au foleil. Quand elle étoit médiocrement feche, ils en mangeoient tous enfemble, fans mefure & fans autre regle que leur appétit; car, ils avoient plus de cette provifion qu'il ne leur en falloit, & la mer leur fourniffoit auffi abondamment de quoi fe nourrir, que la. terre en fournit aux autres hommes.

Cependant, il arrivoit quel

quefois que la mer pendant plufieurs jours, rouloit fes flots fur le rivage, & tenoit la greve inondée de telle forte que perfonne ne pouvoit en approcher. Comme alors ils manquoient de vivres, ils ramaffoient d'abord les coquillages, dont quelques-uns étoient fi grands, qu'ils pefoient plus de quatre livres. Ayant caflé les coquilles à grands coups de pierre, ils en mangeoient la chair crue dont le goût approchoit fort de celui de nos huitres. Si la continuité des vents faifoit enfler la mer pendant un long-tems, & les empêchoit d'avoir même des coquillages, ils avoient recours aux monceaux d'arêtes dont nous avons parlé. Ils choififfoient celles qui étoient les plus fraîches & les plus fucculentes ; & les rompant aux jointures, ils les mettoient dans la bouche fans aucune préparation; mais, ils broyoient entre deux pierres les plus feches. En un mot, ils menoient une vie à peu près semblable à celle des bêtes féroces. Voilà tout ce qui concerne le manger des Ichthyophages.

La manière dont ils alloient chercher à boire, a quelque chofe de plus fingulier. Ils travailloient à la pêche, l'efpace de quatre jours entiers, pendant lefquels, comme étant dans l'abondance de toutes chofes ils fe divertiffoient à manger en commun, à chanter des chansons qui n'avoient ni mode,

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ni mefure, & à fe joindre aux premières femmes qu'ils trouvoient près d'eux pour en avoir des enfans. Mais, au cinquième jour, ils alloient tous enfemble boire aux pieds des montagnes. On y trouvoit des fources d'eau, où les Nomades venoient abreuver leurs troupeaux. Ils faifoient ce chemin comme le feroient des troupeaux de bœufs, élevant tous enfemble leur voix qui n'articuloit rien, & dont on n'entendoit que le fon. Les femmes y portoient entre leurs bras les enfans qui étoient à la mammelle, & les hommes ceux qui étoient fevrés; mais, ceux qui avoient paffé cinq ans, accompagnoient leurs parens, & s'en alloient en fautant & en riant à leur abreuvoir, comme à un lieu de délices. Quand ils étoient arrivés aux abreuvoirs des Nomades, ils fe rempliffoient tellement d'eau, qu'ils avoient beaucoup de peine à s'en retourner. Pendant cette journée, ils ne mangeoient point, mais ils fe couchoient par terre malades de plénitude, refpirant avec difficulté & femblables en tout à des gens ivres. Le lendemain, ils recommençoient à manger du poiffon, gardant toute leur vie la même méthode.

Les Ichthyophages, qui habitoient en deçà du détroit étoient rarement malades, mais ils vivoient beaucoup moins que nous. Pour ceux qui demeuroient plus près, & néanmoins

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