Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]

éclairer l'efprit par les lumie » nos, quand les hommes comres de fa grace, il avoit » mencerent à étudier le mouconverfé avec eux & les >>vement des étoiles & des avoit inftruits par lui-même, » fpheres Céleftes, & reconou du moins par le ministère » nurent que Dieu les avoit de fes Anges; ainfi ils eurent » créées pour gouverner le du Souverain Être l'idée la plus » monde. Ils imaginerent que nette & la plus faine, que » Dieu les avoit placées dans l'homme puifle avoir, & dès- » le ciel pour les faire entrer là le culte qu'ils lui rendoient, » en partage de fa gloire, & & que Dieu leur avoit prefcrit » pour lui fervir comme de lui-même, fut pur & fans rache. >> miniftres ; & ils conclurent On ne doit pas penfer de mêla il étoit de » que dès me de la famille de Caïn; fes >> leur devoir de les honorer. defcendans tomberent non-feu- >> Sur ce fondement, ils comlement dans l'Idolâtrie, mais >> mencerent à bâtir des temdans tous les autres crimes qui »ples aux étoiles, à leur of attirerent le Déluge, dont fans » frir des facrifices & à fe doute l'Idolâtrie, que l'Ecritu- » profterner devant elles, pour re nomme fouvent ou un adul- » obtenir les faveurs de celui tere, ou une fornication, fut » qui les avoit créées ; & ce une des principales caufes. Les » fut là la première origine enfans des hommes, c'est-à-dire, » de l'Idolâtrie. Ce n'eft pas felon les Interpretes, les def- » qu'ils cruffent qu'il n'y avoit cendans de Caïn, furent adon- » point d'autre dieu que les nés aux paffions les plus infâ- » aftres; mais, ils étoient mes. L'idée pure d'un Etre très-parfait, commença infenfiblement à s'obscurcir, & parmi des hommes charnels elle prit commerce avec les fens ; ainfi, on l'attacha bientôt à des chofes fenfibles; & ce qui parut le plus utile & le plus parfait à leurs yeux, fut adoré comme leur plus grand Dieu.

Le fçavant Maimonides, dans, fon traité fur l'origine de l'Idolâtrie, qu'on trouve traduit en Latin dans l'ouvrage que Voffius a fait fur le même fujet, s'xeplique ainsi.» La premiè"re origine de l'Idolâtrie doit » être rapportée au tems d'É

כן

ככ

perfuadés qu'en les adorant, »ils accompliffoient la volon»té du Créateur. Avec le »tems, certains faux Prophetes » s'éleverent, prétendant être » envoyés de Dieu, & difant » qu'ils avoient des révéla» tions pour faire adorer tel » ou tel aftre, même pour faire >> offrir des Sacrifices à toute » l'armée des cieux; & ils en » firent des figures, qu'ils ex» poferent au culte public. Là>> deffus on commença à pla» cer leurs représentations dans » les temples, fous les arbres, » & fur le fommet des monta» gnes. On s'affembla en foule

כג

» pour venir les adorer, & >> on rapportoit la profpérité » dont on jouiffoit, au culte qu'on leur rendoit . . . Delà vint, conclut Maïmonides, que le nom de Dieu » fut entièrement banni de la bouche & du cœur des hom

≫mes.«

Tertullien, fans parler des autres, qui a cru auffi que I'Idolâtrie avoit commencé avant le Déluge, appuyoit fon opinion fur le livre d'Hénoch; mais on fçait que cet ouvrage, quoique très - ancien porte toutes les marques d'un livre très-apocryphe.

C'eft auffi le fentiment de la plupart des plus fçavans Rabbins; ils fe fondent fur un paffage de la Génèfe, où il eft dit d'Enos: Ifte cœpit invo. care nomen Domini; ce qu'une autre verfion exprime ainfi : Tunc profanatum eft in invocando nomine Domini; & cette différence vient du mot chalal, qui veut dire également commencer & profaner. L'idée que les Livres faints , ainfi que les Auteurs profanes, nous donnent des anciens géans, qu'ils repréfentent comme des hommes d'une infolence outrée & d'une corruption infinie, confirme affez le fentiment de ces Rabbins. L'entreprise de ces hommes téméraires contre le ciel, ne défigne - t - elle pas qu'ils vouloient lui difputer la fouveraineté ? Mais, il ne faut pas appuyer davantage fur le temps qui précéda le Déluge,

tems fur lequel Moife s'eft pe étendu, & de ce qu'il en dit on ne peut rien conclure to chant l'Idolâtrie. Car, enfir le paffage fur lequel feul or fe fonde, est très - difficile à entendre,& demanderoit des dif cuffions qui nous éloigneroien trop de notre fujet. On peu confulter la fçavante differta tion du P. Souciet, & les réflexions de M. Fourmont, lequel, quoiqu'il convienne qu'on ne peut rien conclure pour dolâtrie avant le Déluge, ne laiffe pas pour cela de croire qu'elle commença dans ce tems là, & en affigne cinq caufes qui ont fubfifté également après Noé. L'admiration; de-là le culte des Aftres, fur-tout du foleil & de la lune, objets f frappans, fi utiles, & dès-là f propres à attirer le culte des hommes. La tendreffe; une me re n'a qu'un fils qu'elle chérit elle le perd, en fait faire une ftatue, & cette image devient la divinité turélaire de la famille, ainfi qu'on le voit dans le livre de la Sageffe; ce exemple, rapporté dans l'E criture, n'eft pas le feul qu'or puiffe citer. La crainte; tout le monde fçait cet ancien vers : Primus in orbe Deos fecit timor Et perfonne n'a jamais mieux connu cette foibleffe des hom mes, que nos Miffionnaires de l'Amérique, qui entendoien dire à tout propos: Si Die eft bon, il n'a pas befoin de notre culte ; les Démons feuls

[ocr errors]

ou les Génies malfaifans, le méritent pour les empêcher de nous nuire. De la même fource font fans doute fortis parmi les Romains les dieux Averrunci c'eft-à-dire, qui éloignent le mal; de là encore la déeffe Angérone, la Fievre, les Maladies déifiées, & la Crainte ellemême, qui devint chez ce peuple une Divinité. L'Espérance; c'est à elle que l'on doit l'origine des dieux falutaires, tels qu'Apollon, Efculape, & tant d'autres, fur le fecours defquels on fondoit l'efpérance de la guérifon. Enfin la flatterie, & il n'eft pas néceffaire de citer des exemples des dieux qui lui doivent leur origine.

A ces cinq caufes on doit en ajoûter une fixième, la corruption du cœur ; un cœur corrompu adore fes défauts & fes excès; fes crimes font fes premières divinités.

Un Auteur moderne, perfuadé que l'Idolâtrie ne commença qu'après le Déluge, rapporte une caufe bien fingulière de fon origine. Selon lui, l'Atheïsme s'étoit répandu dans le monde, » Cette difpofition d'ef"prit à l'égard de Dieu, dit-il, » eft le fouverain crime; car, » les Athées font beaucoup

[ocr errors]

plus odieux à la Divinité » que les Idolâtres. De plus, » ce fentiment eft plus propre

[ocr errors]
[ocr errors]

à

porter les hommes à cette » exceffive corruption, dans laquelle le monde tomba » avant le Déluge. La connoif» fance d'un Dieu, continue

[blocks in formation]

כל

כל

כל

lythéïfme,après le Déluge,ti»rerent leur origine de l'impié»té & de l'Atheisme qui avoient » regné auparavant. C'eft-là l'ef»prit des hommes,quand ils ont » été féverement punis pour » quelque crime, ils fe jet» tent dans une autre extrê» mité. C'est en effet, dit-il, » ce qui arriva aux Juifs; com» me ils furent châtiés très> rigoureufement pour s'être » abandonnés à l'Idolâtrie, & » avoir négligé la célébration. » du Sabbat, de retour de la

כג

captivité de Babylone, ils » concurent tant d'horreur pour » les idoles, qu'ils fe porte>> rent plus d'une fois à la ré» volte, plutôt que de fouffrir » que leurs gouverneurs portaf» fent les enfeignes où étoient » peintes les aigles Romaines; » & qu'ils fe laifferent battre » dans différentes occafions » pour ne pas violer la célébra» tion du Sabbat. Je conjecture, » conclut le même Auteur » qu'il est arrivé quelque cho

[ocr errors]

» fe de femblable aux hommes » après le Déluge. Comme ils >> jugerent que cet horrible châ»timent, qui portoit des mar»ques fi évidentes de la colere » de Dieu, étoit arrivé pour » punir l'Atheisme, ils fe jet» terent dans l'extrêmité oppofée; ils adorerent tout ce » qui parut mériter leur cul

כל .te כ

[ocr errors]

On convient aifément avec cet Auteur, que l'Atheisme eft le plus grand de tous les crimes, & que l'Idolâtrie, malgré tout ce que M. Bayle a dit pour détruire cette prétention, , peut fournir contre le déréglement des mœurs un frein que l'Athéifme ne donne pas; mais,où a-t-il pris que tous les hommes d'avant le Déluge fe fuffent portés à cet excès d'impiété ? Il devoit du moins en excepter la race choifie les defcendans de Seth. Moïfe dit bien à la vérité que du commerce des Anges, c'eft-à-dire, des fucceffeurs de Seth, avec les filles des hommes, par où l'on doit entendre celles qui defcendoient de Caïn, naquirent les Nephelim, qui tomberent dans les plus grands défordres, comme leur nom même le fignifie; mais, il ne dit nulle part qu'ils devinrent des Athées. Or, que peut-on fçavoir de ces premiers hommes, que ce que ce faint Ecrivain

en a raconté ?

Quoi qu'il en foit des commencemens de l'Idolâtrie, il est fûr que la connoiffance & le

[ocr errors]
[ocr errors]

culte du vrai Dieu furent réunis dans la famille de Noé qui refta feule fur la terre après le Déluge. Ce faint Patriarche, pour rendre graces à Dieu de l'avoir confervé, lui offrit des facrifices folemnels de tous les animaux purs qui étoient fortis de l'Arche ; & fans doute qu'il ne manqua pas de recommander à fes enfans & à fes petitsfils, de conferver avec refpect le culte que Dieu lui avoit preferir lui-même. Ainsi avant la divifion des langues & pendant que les fils & petits fils de ce Patriarche ne compofoient qu'une famille & qu'un peuple, il y a toute apparence que la pureté de ce culte ne fut point altérée. Noé vivoit encore il étoit le chef de ce peuple. Sem, Cham & Japhet, témoins eux-mêmes de la vengeance de Dieu fur leurs contemporains, vivant au milieu de leurs familles, auroient-ils fouffert que leurs enfans euffent abandonné ce même culte ? On ne lit rien dans l'Antiquité qui puiffe nous porter à le croire. Il y a donc toute forte d'apparence que ce ne fut qu'après la difperfion de ce peuple, que commença l'Idolâtrie; & pendant que dans quelques familles, fur-tout dans celle d'où fortit Abraham, on conferva plus long-tems la véritable religion, les autres l'abandonnerent pour adorer de vaines idoles, que leur ignorance, ou plutôt la corruption de leur cœur, avoit formées.

Cependant, Noé furvécut à l'introduction de ce défordre, & ne put étouffer entièrement le fatal penchant qu'avoit l'homme, à chercher des objets fenfibles pour leur rendre fes hommages; & de fon vivant même [ car il ne mourut qu'environ le tems de la naiffance d'Abraham l'Idolâtrie étoit fort répandue fur la terre.

Il n'eft pas aifé de dire précifément ni par qui, ni en quel tems, ni par quel objet elle commença; l'Ecriture fainte n'en parle qu'en paffant, & par occafion. La première fois qu'elle en fait mention, c'eft au fujet du fils de Zelpha, fervante de Lia. Dès que cet enfant fut né, Lia prononça ces deux mots Ea-Gad, &

[ocr errors]

elle lui donna le nom de Gad.
Selden dit que les Hébreux in-
terprétoient ce mot par celui
d'aftre favorable, & que Gad
en Arabe fignifie la bonne for-
tune. Saint Auguftin prétend

que
Lia parla en cette occa-
fion à la manière des Idolâtres,
& qu'elle invoqua l'aftre favo-
rable à la naiffance de fon fils.
Le même terme de Gad fe trou-
ve dans Ifaïe; la Vulgate le
traduit par celui de fortune,
qui ponitis fortunæ menfam, &
les Septante par celui de dé-
mon, da uviov, qui peut figni
fier tous les dieux en général.

La feconde fois qu'il eft parlé d'Idolâtrie dans la Génefe, c'eft lorfque Jacob fortit de la maifon de Laban, & que Rachel enleva fecrétement les Théra

phim de fon pere. La Vulgate
traduit ce mot par celui d'Ido-
les. Rachel furata eft Idola pa-
tris fui; & cette verfion fe
juftifie par les paroles mêmes
de Laban, qui fe plaignant à
Jacob, lui dit : Pourquoi avez-
vous dérobé mes dieux ? Cur fu-
ratus es deos meos ? Ces palfa-
fans contredit,

ges marquent,
que l'idolâtrie regnoit du tems
de Jacob, elle étoit même
beaucoup plus ancienne que
lui, puifque la ville d'Ur en
Chaldée où demeuroient fes
ancêtres, étoit une ville Ido-
lâtre, qu'Abraham fon pere
abandonna; mais, ils ne nous
apprennent pas l'époque de fon
établiffement dans le monde.

L'Auteur du livre de la Sa-
geffe nous propofe deux ou
trois fources de l'Idolâtrie. La
première
eft le regret &
l'amour d'un pere qui a perdu
fon fils dans un âge peu avan-
cé. Pour fe confoler de fa mort,
il fait faire la figure de cet en-
fant, & lui rend dans fa famil-
le les honneurs divins. De fa
famille ce culte fe répand dans
la ville, & d'un dieu parti-
culier on en fait bientôt une
divinité publique. La feconde
fut la beauté de l'ouvrage d'un
fculpteur; on crut que la di-
vinité habitoit dans des ftatues
fi bien faites. La troisième, qui
revient au même, eft lorsqu'un
ouvrier en argille a fait une fta-
tue bien proportionnée, & l'a
confacrée comme une divinité.
Calvin, pour s'autorifer à ré-
jetter le livre de la Sageffe

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »