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fyllabes dans maoû; carreau. En fecond lieu, que le même accent placé fur la derniere voyelle d'un mot y produit le même effet que l'accent grave italien, dans caftità, dormi, darò, virtù, &c. & que le même accent dans les mots latins, omninò tertiò, ufquequò, & femblables; c'est-à-dire, qu'il indique d'appuyer & d'élever en même temps la voix fur ces voyelles; comme dans dissô; ceci. Margo; Marguerite. Meri; créneau, &c.

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Indépendamment de l'accent circonflexe, ou profo. dique que nous avons mis fur la premiere voyelle des diphthongues ái, éi, ôi, oúi, nous en avons marqué encore la pénultieme des mots qui en font fufceptibles; parce que c'eft cette pénultieme qui influe comme dans I'Italien fur la prononciation des fyllabes longues, ou breves. C'est du latin probablement que nous tenons cette maniere de prononcer : elle eft marquée par un accent aigu dans les livres de l'office public de l'Eglife; tels que les Miffels & les Bréviaires : ce qui est trèscommode pour ceux qui ne feroient pas familiarités avec cette partie de la profodje latine, qui fe borne à prononcer. Un Lecteur ou un Orateur choqueroient étrangement l'oreille de ceux qui y font un peu exercés, & donneroient une mauvaife idée de leur favoir ou de leur éducation, s'ils faifoient longues les fyllabes que doivent être breves & réciproquement.

Les Lecteurs des livres précédens ne fauroient fe tromper, s'ils font attentifs aux accens qui ne font placés dans ces livres, comme fur notre languedocien, que fur la pénultieme ou fur l'ante-pénultieme de certains mots; comme dans ceux-ci, fenióres audíte, príncipes pópuli, &c. L'accent indique, comme nous l'avons déjà dit, qu'il faut appuyer & élever en même temps la voix fur les voyelles qui en font marquées, paffer rapidement, ou faire breves celles qui fuivent, & faire d'une même mefure les fyllabes d'un mot qui n'ont aucun accent. C'est le point principal pour ceux qui en public lifent chantent, ou récitent du latin.

L'ufage de notre accent, ou fes effets fur la pénultieme d'un mot languedocien, font exa&tement les mêmes que celui de l'accent aigu pour le latin. Cette pénultieme eft clairement marquée dans les mots précédens, pálo, coûblë, &c. On ne la distingue pas de même au premier

coup-d'œil, dans les mots pareils à cagardoulo féouxe figâou, &c.

La difficulté de l'appercevoir vient de nos diphthongues dont l'un des membres marqué de l'accent indique le fon principal & tient lui feul lieu de pénultieme; tandis que le membre fuivant fe prononce fi rapidement & fi peu, qu'il n'eft prefque compté pour rien : ainfi dans le mot cagarâoulo, par ex. la diphthongue dou entiere eft la pénultieme mais comme la tenue, ou le repos ne fe fait que fur l'â; cette voyelle est proprement la pénultieme, parce qu'elle a le fon principal, l'autre membre ou n'eft qu'un acceffoire fur lequel on insiste si peu dans la prononciation, qu'il n'empêche pas que la fyllabe lo ne foit confidérée comme venant immédiatement après l'â.

La pénultieme d'un mot languedocien n'eft pas toujours une fyllabe diftinguée de la derniere, comme dans les mots précédens; elle fe trouve quelquefois dans l'unique fyllabe qui forme le mot; tels que dans nôou, fidou, &c. Le premier o du mot nôou marqué du circonflexe, tient lieu de pénultieme, de même que l'a de la triphthongue iáou dans fiáou; & la voyelle ou de Fun & de l'autre mot a le fon & tient la place de la derniere fyllabe. Cette fyllabe ou la voyelle qui la forme eft non feulement breve ; forfque celle qui la précéde eft longue; mais elle a de plus un fon foible & fourd qui caractérise les voyelles féminines.

L'o final des mots languedociens eft dans le cas des voyelles dont nous venons de parler qu'on prononce foiblement & à demi.

Tous les fubftantifs féminins fe terminoient autrefois dans nos Provinces en o cet ufage a changé depuis environ un fiecle dans une partie du bas Languedoc où l'on a fait ces mêmes fubftantifs en a. On s'eft rapproché en cela de la terminaifon que ces noms ont en latin & dans la langue Romance; terminaifon qui s'est perpétuée dans l'idiôme Auvergnac.

La voyelle o n'a pas dans ces mots le fon plein & entier qu'elle a dans les noms françois, vertigo, indigo, domino, &c. ou dans les noms languedociens dont la pénultieme eft breve, telle que dans velaro: il en eft de cette voyelle comme de la diphthongue io dans bério, dont la pénultieme longue fait paffer rapidement

fourdement fur l'o final, qui prend un fon moyen entre l'o ouvert & l'e féminin françois. C'eft proprement Po bref italien dans, fatto, petto, que nous prononçons dans, fenno, fofio, câbro, farlôco, kouzino, ënco, ënterigo & femblables fubitantifs féminins dont la pénultieme eft longue.

Les termes de l'efpece précédente étant très-fréquens dans le difcours; il n'eft pas étonnant que nos Languedociens portent par habitude cette prononciation dans certains mots françois, dont la pénultieme eft breve; & qu'ils allongent cependant mal à propos, en paffant rapidement & fourdement fur la derniere, quoiqu'elle foit longue en forte qu'ils renverfent la mefure ou la quantité de ces mots; tels font entre autres les mots, cancer, crédit, créfus, David, brocoli, abdomen, examen, factoton, fœtus, galbanum, roffolis, l'Angelus Cadix, Croix de Jéfus, phénix, un Pater, &c. qu'ils prononcent comme fi leur pénultieme fut longue; & que ces termes fuffent écrits ou accentués ainfi, câncer, crêdi, Dâvi, brocôli, exâmen, factôton, l'Angêlus, Croix de Jefus, &c. au lieu qu'il faut au contraire appuyer fur leur derniere fyllabe & rendre breve la pénultieme, ou la paffer rapidement.

La prononciation du latin fe reffent chez tous les peuples de celle de leur idiôme; nous en avons déjà cité des exemples, par rapport au languedocien la voyelle finale dont nous avons parlé ci-devant, nous en fournit un nouveau. Nous la prononçons à la languedocienne & fort mal dans les mots latins tels que, credo > diftingò, primò, fecundò, in octavò, in foliò & femblables, en donnant à cet o final un fon foible qui approche de l'e muet françois : au lieu du fon plein & élevé qu'il doit avoir en y appuyant; felon la maniere de prononcer en ufage dans l'Univerfité de Paris. (a).

(a) Un françois qui veut parler & lire correctement le latin ne fauroit fuivre fans doute de meilleur modele que celui de cette célebre école ; & l'on ne peut regarder que comme une fingularité qui ne doit pas tirer à conféquence l'affectation de ceux qui empruntent des étrangers la maniere de prononcer le latin.

Telle eft celle de quelques gens de lettres qui prononcent à la maniere des Allemands, ou des Italiens les mots fuivans, caufa, auctor, autem, aufin, & femblables; comme s'ils étoient bcrits, doufa, âou&tor, doutem, doufim, &c. au lieu de prononcers

Ce qu'il y a de plus dans notre profodie, dont nous n'avons donné qu'une ébauche informe, n'est ni affez connu, ni affez débrouillé pour que nous nous y arrêtions plus long-temps: outre que la féchereffe du sujet ne feroit pas fuffisamment rachetée par l'utilité qui en pourroit revenir.

Nous ne poufferons pas plus loin ces remarques. Nous craindrions de fatiguer en pure perte le Lecteur finous infiftions plus long-temps fur des chofes dont l'Abbé de St. Réal dit, qu'il y a autant de honte de les ignorer, que peu de gloire à les favoir: mais, ajoute-tit, parce qu'il y a peu de gloire à les favoir, ceux qui font des livres où ils en devroient parler, tiennent audeffous d'eux d'en écrire : & parce qu'il y a de la honte à les ignorer, bien des gens les ignorent toute leur vie, de peur de faire connoître en s'en inftruifant, qu'ils ne les favent pas & faute de livres qui en parlent.

orem, cofa, otor, &c. On peut en dire autant des mots fuivans, quidem, quibus, &c. que quelques-uns prononcent, couidem, couibus; au lieu de cuidem, cuibus, &c.

Il n'importe guere que leur maniere de prononcer foit plus conforme à celle des anciens Romains; parce qu'en fait de langage c'eft à l'ufage de donner le ton; s'il eft d'ailleurs autorisé par le plus grand nombre de ceux qui font en réputation de bien parler. Cet ufage ne paroît pas encore bien décidé fur la maniere de faire fonner l'i fuivi d'une n au commencement & au milieu d'un mot latin; tel que dans infra, princeps: la plus faine partie des gens de lettres donnent après le célebre Rollin à l'i de ces fyllabes le fon qui lui eft propre. Le plus grand nombre prononce ces mots comme, enfra, engens, prenceps, &c.

C'est par une mauvaife imitation de cette derniere façon de prononcer, que certains Languedociens font fonner les fyllabes in & im, comme ain, ou ein, ou en, 10. dans la prépofition in ; 2o. dans les mots latins qui commencent par im, fuivi d'un autre m, tels que immitis, immotus, &c. 3°. dans les mots hébreux, Cherubim, Seraphim. Ces Languedociens prononcent ainfi ces mots en nomine, emmitis, emmotus, Cherubem, Seraphem; qui font autant de fautes groffieres.

en

Il y a cependant quelque exception à faire fur la prépofition in ; l'Académie dit qu'il faut prononcer, en folio, en quarto, douze, en vingt-quatre, &c. mais in-8°. qui eft la feule de ces expreffions où cette prépofition conserve sa prononciation latine.

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TABLEAU

De nos Diphthongues & Triphthongues appliquées à des mots Languedociens; fur lesquels on pourra s'exercer pour fe familiarifer avec notre orthographe, réglée sur notre maniere de prononcer. Quelques-unes de ces Diphthongues paroiffent les mêmes au premier coup-d'ail que les Diphthongues françoifes; mais la prononciation y met une grande différence : c'est pour la faire mieux fentir, qu'à côté des mots Languedociens nous avons joint les mêmes mots rendus felon la prononciation françoife.

DIPHTHONGues LanguEDOCIENNES.

PRONONCIATION
FRANÇOISE.

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TETRAPHTHONGUES.

iuêi dans iuêi; aujourd'hui, & dans cadiueiffo ; coffe de légume. miêi dans cuitio; cuiffe, & dans quieiffur, cuiciffãou.

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