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10-22-34

24935

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HISTOIRE

DU CIEL,

CONSIDÉRÉ SELON LES IDÉES Des Poëtes, des Philofophes, & de Moïfe.

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***

LIVRE SECOND.

LA COSMOGONIE

OU

LA FORMATION

DU CIEL ET DE LA TERRE
Selon les idées des Philofophes.

N examinant l'origine du ciel
poëtique & de toute la reli-
gion des Payens, nous n'avons
point perdu notre tems à des
recherches fteriles, ni à une étude de
Tome II.

A

=

LA COS-pure curiofité. Nous avons vu les ilMOGONIE. lufions étranges dont l'homme devient le jouet quand l'amour de la juftice & de la vérité ne régle point fon cœur. Nous avons pu voir avec fruit la naissance & l'abfurdité de plufieurs opinions pernicieuses, dont tant de perfonnes demeurent encore aujourd'hui fort entêtées. Enfin nous avons commencé à faire fentir l'excellence & le prix ineftimable de la narration de Moife; puifqu'au travers de cette foule de fables, poftérieurement ajoûtées à l'ancienne tradition,nous avons retrouvé dans le Paganifine le même fond d'hiftoires, le même fond d'ufages; difons plus, le même fond de premières vérités, qui s'eft confervé dans le récit de Moïfe, Nous avons vû en effèt de part & d'autre, long-tems avant la loi donnée au défert, les facrifices, les néoménies, la dédicace des monumens & des autels par des effufions d'huile & autres libations, les honneurs funébres, l'attente d'une meilleure vie, & la perfuafion univerfelle d'une juftice qui traitera chacun felon fes œuvres. Nous avons retrouvé en Egypte les veftiges fenfibles de la demeure de Cham. Dans les opinions des Orientaux, fur l'origine des dieux, nous avons vû des traces de l'hiftoire, tantôt d'Abraham, tantôt

LES

de Noé, le fouvenir du partage de la terre entre les trois enfans de celui-ci; la con- CHAOS. noiffance du rétabliffement du labourage par un homme fauvé du déluge; le fouvenir de l'arche; la connoiffance trèsdiftincte d'une entière différence d'état dans la nature & dans la focieté avant & après cet évènement; enfin ce qui eft bien remarquable, & il fuffit d'ouvrir les métamorphofes d'Ovide pour s'en convaincre, la double origine de l'homme que le Paganifime,comme l'Ecriture, fait venir tout à la fois du limon & du ciel;du limon ou de la terre jointe à l'eau, parce qu'il vit dans un corps dont les élémens terreftres font la première bafe; du ciel, parce qu'il a reçu une vie, une ame & une intelligence toute célefte.

Ici mes Lecteurs fe plaindroient avec raison, fi je ne remontois pas jufqu'au chaos dont les poëtes & Moïfe ont parlé. C'est une vérité connue que les poëtes, les philofophes, les nations policées, & les peuples barbares, ont confervé le fouvenir d'un état de ténébres & de confufion qui avoit précédé l'arrangement du monde que nous voyons : & nous ne pouvons difconvenir que ce précieux refte de l'hiftoire du monde naiffant, malgré les idées acceffoires que chaque na

LA Cos- tion & chaque philofophe y a peu-à-peu MOGONII. ajoûtées, ne foit encore une atteftation univerfellement rendue à la vérité du récit de Moïfe. Mais fi nous comparons le chaos qui fe trouve dans la tradition des Hébreux avec celui que les poëtes & les philofophes ont admis; nous ne verrons que jufteffe & que vérité dans le premier: nous ne trouverons qu'erreurs & qué conféquences abfurdes ou même dangereufes dans l'autre,

I.

Le chaos des Philofophes, ou la matièrė première.

Il n'y a perfonne qui ne paffe ici condamnation fur le chaos poëtique. On est bleffé d'y voir faire un perfonnage du filence; un autre d'Ereb ou de la nuit ; un troifième d'rléou de la matière ; d'entendre rechercher les filiations de pareilles gens, & de bien d'autres qu'on peut voir dans Héfiode & dans ce qu'Eufebe nous *Prap. Ev. a confervé du vieux Sanchoniaton *. Ce lib. 3.

qu'on peut dire de plus vraisemblable sur ces anciennes Cofmogonies, c'eft que de tout tems les hommes ont voulu pénétrer plus loin qu'il ne leur eft permis de faire, & qu'on faifoit autrefois des fyftêmes fur

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