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parler, on n'en fait point aux Pieces dont le calibre eft au-deffous de celles de 16: on en dira la raifon dans la fuite.

La feconde figure (Planche IV.) repréfente la coupe d'une Piece de 24; elle fait voir celle de la petite chambre ab, dont la troisieme figure de la premiere Planche représente le plan. La figure 3 est le profil d'une Piece de 12. On peut y remarquer que la petite chambre y eft fupprimée.

L'Auteur de la Théorie houvelle fur le méchanifme de l'Artillerie, ouvrage qui a merité les éloges de l'Académie Royale des Sciences, en louant l'invention de ces petites chambres pour la conservation de la lumiere, craint cependant qu'elles n'ayent de grands inconvéniens par la difficulté de les écouvillonner. Mais il paroît que rien n'eft plus aifé que de remédier à ces inconvéniens, puifqu'il ne s'agit que d'ajouter à l'écouvillon ordinaire une espece de petit boudin, à-peu-près de même longueur & de même diametre que la petite chambre. On peut même écouvillonner ces fortes de Pieces avec l'écouvillon ordinaire, qui eft fuffifant pour nettoyer l'entrée & une partie de l'intérieur de la petite chambre, parce que la difpofition de cette chambre ne permet guere qu'il

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s'y arrête de petites parties de feu, comme il pouvoit s'en arrêter dans les chambres fphériques. Celles-ci étoient plus étroites à leur ouverture que dans leur intérieur, & par-là la partie du métal, proche de l'ouverture de la chambre, pouvoir fouvent arrêter & retenir quelque peu de feu dans l'intérieur de la chambre; mais les nouvelles petites chambres, qui forment un petit canal entiérement égal & uniforme, ne font pas propres à produire le même accident. L'adoption que l'Artillerie de France en a faite, eft d'ailleurs une preuve de leur bonté, parce qu'il eft à préfumer qu'elle ne l'a fait qu'après en avoir reconnu l'avantage par l'expérience, qui, dans ces fortes de matieres, doit l'emporter fur le raisonnement.

Le fond de l'ame de toutes les Pieces eft arrondi dans toute fa circonférence par de petits arcs, dont le dont le rayon eft d'environ le quart du calibre de la Piece. Cet arrondiffement donne lieu d'écouvillonner la Piece plus exactement, & il augmente encore la force du métal vers la culaffe & vers la lumiere. Dans les Pieces de 12, de 8 & de 4, le canal de la lumiere aboutit à 8 lignes du fond de la premiere, à. 7 de celui de la feconde, & à 6 de celui de la troifieme. Il fait un angle d'environ

100 degrés avec la longueur de l'ame de chaque Piece.

ARTICLE XII.

De la quantité de poudre dont les Pieces doivent être chargées, & de la maniere de déterminer la longueur du Canon lorfque la charge eft donnée, ou de trouver la charge lorfque cette longueur eft fixée.

LEs anciens Artilleurs penfoient autrefois qu'en chargeant beaucoup les Pieces le boulet alloit plus loin, & leur ufage étoit de les charger des deux tiers, & même du poids du boulet, pour lui donner le mouvement le plus violent; mais il a été reconnu depuis, que la moitié ou le tiers de la pefanteur du boulet étoit la quantité de poudre néceffaire pour le chaffer à la plus grande diftance poffible.

Tout le monde convient que fi toute la poudre dont le Canon eft chargé pouvoit prendre feu dans le même inftant, plus la charge feroit forte, & plus elle imprimeroit de force au boulet; mais quelque

court que foit le tems de fon inflammation, on peut le concevoir partagé en plufieurs inftans. Dès le premier, l'explosion ! de la poudre commence à pouffer le boulet; & fi elle le fait fortir de l'ame de la Pieceavant l'inflammation totale de la charge, ce qui s'enflammera après ne produira aucun effet fur le boulet. « Il y a, dit Errard ya, » de Bar-le-Duc, qui étoit Ingénieur du » Roi Henri IV. une certaine proportion » entre la longueur du Canon & fon ca» libre, entre tous les deux & la poudre, » & ce qui eft par-deffus eft inutile, & ce » qui eft au-deffus fait faillir & man» quer. (a)

Il fuit de-là que c'eft feulement la poudre qui s'enflamme pendant que le boulet parcourt l'ame de la Piece, qui lui imprime la force ou la vîteffe avec laquelle il en fort.

Qu'ainfi une charge d'une force extraordinaire n'augmente point le mouvement du boulet, qu'au contraire elle peut le diminuer lorfque la chambre eft cylindrique, parce que la poudre occupant alors une plus grande partie de l'ame de la Picce, celle qui refte à parcourir au boulet pendant le tems de l'inflammation eft plus pe

(a) Traité de Fortification par Errard de Bar-le-Duc; revû & corrigé par Errard fon neveu.

tite, c'est pourquoi il doit la parcourir en moins de tems, & recevoir par conféquent une moindre impreffion de la charge.

Un Canon trop court ou trop long, feroit également préjudiciable à la force du boulet. Un Canon dont le peu de longueur ne permettroit pas à la poudre de s'enflammer entiérement pendant le tems que le boulet employeroit à la parcourir, ne chafferoit point ce boulet avec toute la force que fa charge feroit capable de produire ; & un Canon dont l'ame feroit trop longue pour que le boulet pût la parcourir entiérement dans le tems de l'inflammation de la charge, lui feroit perdre, par , par le frottement dans l'ame de la Piece & par la réfiftance de l'air, une partie de la force que la charge lui auroit donnée. C'est ce qu'on prouve par plufieurs expériences rapportées dans les anciens Auteurs qui ont écrit fur l'Artillerie & entr'autres dans le Manuel d'Artillerie de Louis Collado, & le Livre de Diego Ufano. (a)

(a) C'eft auffi ce qu'obferve Montecuculi. Lorfque les Pieces font trop courtes, dit ce grand Capitaine, le boulet fort avant que toute la poudre ait pris feu, & qu'elle lui ait donné un mouvement fuffifant ; & lorfqu'elles font trop longues, le boulet perd une partie de fa force avant que d'être forti du Canon. Mém. de Montecuculi, liv. I. ch. II. Cafimir Siemienowicz tient auffi à-peu-près le même lan

Le

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