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donna des louanges, qui leur tenoient lieu d'un nouvel engagement, & qui fervirent à prévenir le peuple contre les deffeins des autres Tribuns. On tint quelques jours après l'affemblée pour l'élection des nouveaux Confuls: Sp. Herminius &T.Virginius furent élevez à cette dignité. Ils entretinrent la paix & P'union dans la République par un fage temperament & une conduite égale entre le Peuple & le Senat. On proceda enfuite à l'élection des Tribuns. Duillius, comme nous l'avons dit, préfidoit à cette assemblée, & agiffoit en cette occafion Ide concert avec le Senat. Ce fut par leur crédit & l'union de leurs partifans, qu'on élut d'abord cinq nouveaux Tribuns malgré la brigue des anciens. Ces derniers firent tous leurs efforts pour remplir au moins les cinq dernieres places vacantes. Duillius s'y oppofa toujours avec beaucoup de fermeté; mais comme de leur côté ils empêchoient par leurs cabales que de nouveaux Candidats n'euffent le nombre des fuffrages neceffaires, Duillius pour terminer ces conteftations, remi

Tit. Liv.

le choix & la nomination des cinq
derniers Tribuns aux cinq qu'on
venoit d'élire, fuivant la dipolition
de la Loi, qui portoit expreffement
que fi dans un jour d'élection on n'a-
voit pasú élire le nombre complet des
Tribu
..s, ceux qui auroient été élus les
premiers, feroient en droit de nommer
leurs Collegues. Il congedia enfuite
l'affemblée, fe dépota lui même,
& les nouveaux Tribuns entrerent
en exercice de leur Dignité.

que

Leur premiere fonction fut de Dec.1.1.3. nommer leurs Collegues, parmi lefquels on fut extrêmement furpris de voir S. Tarpeïus & A. Haterius tous deux Patriciens, anciens Senateurs, & même Confulaires: ce qui étoit formellement contre l'inftitution du Tribunat qui n'admettoit des Plebeïens. On ne peut rendre raifon d'un évenement fi extraordinaire, à moins qu'on ne regarde ces deux Patriciens comme des déferteurs de leur Ordre, qui fe feroient faits adopter dans des familles Plebeiennes pour pouvoir être élevez à une Magiftrature qui avoit la principale part dans le gouvernement. Mais ceci n'eft qu'une

conjecture; l'Histoire n'en parle point. Tite-Live au contraire infinue que les cinq premiers Tribuns fuivirent les intentions du Senat dans l'élection de leurs Collegues : & peut-être que des hommes li habiles qui prévoyoient des fuites funefles pour la liberté fi les mêmes Tribuns étoient perpetuez dans leurs Charges, s'unirent fecretement avec Duillius pour faire entrer des Patriciens dans le Tribunat, afin de balancer par leur autorité celle des Tribuns Flebeiens, & empêcher que dans l'élection pour l'année fuivante on ne renouvellât la propofition de continuer les Tribuns dans leurs Charges: ce qu'on regardoit commeun acheminement à la tyrannie, & comme l'écueil de la liberté publique.

L. Trebonius un des Tribuns Plebeïens, qui fentit bien que Duil lius fon prédeceffeur n'avoit congedié l'affemblée, & renvoyé aux cinq premiers Tribuns la nomination de leurs Collegues, que pour donner lieu d'introduire des Patriciens dans ce College, en fit de grandes plaintes au peuple. Il s'at

tacha pendant toute l'année à traverfer ces Tribuns Patriciens dans leurs fonctions, d'où il acquit le *Acariâtre. furnom d'Afper*. Et pour empêcher que dans la fuite des Tribuns gagnez par le Senat, ne fe donnaffent des Collegues qui favorifaffent les mêmes, il propofa une Loi qu'il fit recevoir, & qui fut appellée de Tit. Liv. fon nom la Loi Trebonia, par la1.3.c.65. quelle il étoit ordonné que le Magiftrat qui propoferoit au peuple la création des Tribuns, feroit obligé d'en pourfuivre l'élection dans toutes les affemblées fuivantes, jufqu'à ce que le nombre des dix Tribuns fût rempli par les fuffrages du peuple. Cette Ordonnance fit perdre aux Tribuns qui étoient élus les premiers, le droit de nommer euxmêmes leurs Collegues : ce que les Romains appelloient Cooptation.

An de Rome 306.

M. Geganius & C. Julius fuccederent dans le Confulat à L. Herminius & à T. Virginius. Tite-Live nous apprend qu'après l'extinction du Decemvirat, & la mort ou l'expulfion des Decemvirs, la République jouit d'une apparence de tranquilité, & que l'union qui paroiffoit

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entre les differens Ordres de l'Etat, tint en refpect les voifins de Rome, & les empêcha de renouveller leurs courfes ordinaires. Mais ce calme ne dura pas long-tems. Le peuple 'fe plaignit de nouveau que la Nobleffe, & fur-tout les jeunes Patriciens, le traitoient avec mépris. Ses Tribuns en citerent quelques-uns devant l'affemblée du peuple, où ils tâchoient de porter la connoissance de toutes les affaires. Le Senat pour conferver fon autorité, s'y oppofa auffi-tôt: & quoique les plus fages de ce Corps n'approuvaffent pas les manieres hautaines de la jeune Nobleffe, cependant ils ne voulurent pas l'abandonner à la pourfuite des Tribuns. Cette concurrence au fujet de la Jurifdiction & des Privileges de chaque Ordre, fit renaître les anciennes conteftations qui furent pouffées fort loin An de Rofous le Confulat de T. Quintius & me 307. d'Agrippa Furius. C'étoit toujours le même fond d'animofité que differens prétextes faifoient revivre, Chacun de ces deux Ordres ne pouvoit fouffrir ni Magiftrats ni autorité dans le parti contraire. Si les

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