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Confuls étoient redoutables au peuple, les Tribuns n'étoient pas imoins odieux aux Patriciens, & aucun de ces deux Corps ne penfoit être libre s'il n'avoit abaiffé l'autre.

Les Eques & les Volfques inftruits de ces diffentions domeftiques, & voulant en profiter, prirent les armes. Les deux Confuls de leur côté fe difpoferent à faire des levées. Mais le peuple féduit par des Tribuns féditieux, refusa de fe faire enrôler. Les ennemis ne trouvant point d'obstacle à leurs irruptions, ravagerent la campagne, & ils porterent leur audace jufqu'à venir enlever des troupeaux qui paifoient auprès de la porte Efquiline.

Les deux Confuls encore plus irritez de la defobéiffance du peuple, que de la hardieffe des ennemis, convoquerent une affemblée generale. Quintius personnage illustre ́ par plusieurs victoires, reveré la pureté de fes moeurs & la fageffe de fes confeils, & qui avoit été honoré de quatre Confulats, prit la parole, & reprocha courageufement au Senat & au Peuple que

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leurs diffentions éternelles cauferoient enfin la ruine entiere de la République. Que le Senat préfumant trop de fa dignité & de fes richeffes, ne vouloit point mettre de bornes à fon autorité, ni le peuple à une licence effrenée qu'il couvroit du nom de liberté; & que l'un & l'autre ne fe défendoit des injures qu'il prétendoit avoir reçues, que par de plus grands outrages:,, II femble, continua ce grand homme, que Rome renferme dans fes mu- « railles deux nations differentes qui fe difputent la domination. Quand « verra-t-on la fin de notre difcorde? « Quand nous fera-t-il permis d'avoir « un même interêt & une patrie com- « mune? Les ennemis font à nos ce portes; les Efquillies ont été à la « veille d'être furprises, & perfonne « ne s'eft présenté pour s'y oppofer. On voit du haut de nos murailles « ravager la campagne, & les maisons embrafées fumer de tous côtez: &« on voit tout cela avec une honteufe « indifference, & peut-être avec une « fecrete joye, quand le dommage « tombe fur le parti contraire. Qu'a- ce vez-vous dans la Ville qui foit ca- «

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pable de réparer de pareilles pertes?

Le Senat voit à la verité à sa tête des Confuls, & les premiers Magiftrats de la République; mais ces Confuls fans forces & fans autoritez, gémiffent de l'infenfibilité du peuple pour la gloire de fa patrie. » Ce peuple de fon côté a des Tri» buns; mais ces Tribuns avec toutes leurs harangues lui rendront-ils jamais ce qu'il a perdu Eteignez, » Romains ces fatales divifions. » Rompez genereusement ce charme funefte qui vous tient enfevelis dans » une indigne oifiveté. Ouvrez les » yeux fur la conduite de gens ambi» tieux, qui pour se rendre confiderables dans leur parti, n'ont pour objet que d'entretenir la divifion » dans la République. Et fi vous pou» vez vous fouvenir encore de votre "ancienne valeur, fortez de Rome à la fuite de vos Confuls, & je dé» voie ma tête aux plus cruels fupplices, fi avant qu'il foit peu de " jours je ne mets en fuite ceux qui pillent vos terres, & fi je ne tranf"porte la guerre jufques dans le fein » de leur patrie.

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Jamais, dit Tite - Live, les dif

cours flateurs d'unTribun ne furent Dec 1.1.3, plus agreables au peuple que les re- c. 69. proches feveres de ce genereux Conful.LeSenat n'en fut pas moins touché : les plus fages de ce Corps avoüoient que ceux qui l'avoient précedé dans cette dignité, ou avoient maltraité le peuple pour fe rendre agreables au Senat,

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avoient trahi les interêts de leur Compagnie pour flater le peuple; mais que T. Quintius paroiffoit n'avoir d'autre objet que l'union de tous les Ordres, & la majesté du nom Romain.

Les Confuls & les Tribuns, le Senat & le Peuple concoururent unanimement à prendre les armes. Ce fut à qui feroit paroître plus d'ardeur. Toute la jeuneffe fe préfenta en foule pour fe faire enrôler. Les levées furent bien-tôt faites: chaque cohorte choifit fes Officiers, & on mit à leur tête deux Senateurs; & tout cela fe fit avec tant d'empreffement & de diligence, que le même jour on tira les Enfeignes du Tréfor, & l'Armée fit encore dix milles de chemin. Les Confuls rencontrerent & furprirent le lende

main les ennemis. Le combat ne laiffa pas d'être fanglant; les Eques & les Volfques fe batirent avec beaucoup de valeur; l'aile gauche des Romains plia. Furius Agrippa qui étoit à la tête de ce Corps, s'appercevant que l'ardeur de fes foldats fe ralentiffoit, arracha une Enfeigne des mains de l'Officier qui la portoit, & la jetta au milieu d'une cohorte des ennemis. Les Romains fe précipiterent pour la retirer, & l'effort qu'ils firent mit en defordre les ennemis, & donna le commencement à la victoire. Quintius n'avoit pas eu moins d'avantage que fon Collegue. Les Eques & les Volfques batus des deux côtez, fe retirerent dans leur camp. Les Confuls l'inveftirent & l'emporterent l'épée à la main. Il y eut un grand nombre d'Eques & de Volfques taillez en pieces: le refte prit la fuite. Les Romains maîtres de leur camp, y trouverent un grand butin, & revinrent enfuite à Rome chargez des dépouilles de l'ennemi, & de celles qu'il avoit enlevées du territoire de Rome.

Une victoire fi prompte fit fentir

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