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propos d'admettre des Plebeïens » dans le gouvernement, tâchions de donner fatisfaction à ce peuple tou jours inquiet, fans cependant avilir » la dignité du Confulat. Et pour >> concilier deux chofes qui paroiffent fi oppofées, je ferois d'avis qu'au DHL lieu de Confuls, on élût des Tribuns militaires & dans le nombre >> dont on conviendra, tous tirez également du corps du Senat & du Peuple, aufquels on attribueroit » l'autorité Confulaire. Le peuple par »ce moyen fera fatisfait, & le Con» fulat dans des tems plus favorables, » pourra reprendre un jour fon an»cienne fplendeur & fa majefté. On donna de grandes louanges à Claudius, & tous les avis fe réunirent à ce dernier fentiment. Pour lors cet ancien Senateur adreffant la parole à M. Genutius premier Conful: » Pour réuffir dans ce projet, lui ditil, convoquez le Senat, faites inter» yenir les Tribuns du peuple ; & quand l'affemblée fera formée, dé» clarez que vous invitez tous ceux qui ont de l'affection pour la patrie, de dire librement leur avis fur les >> nouvelles Loix que le peuple exige.

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Enfuite vous prendrez les voix; &« au lieu de commencer par T. Quin- ce tius, par moi-même, & par les plus anciens Senateurs, fuivant la cou- " tume, déferez cet honneur à Vale- " rius & à Horatius, comme vous en “ avez le pouvoir en qualité de Con- « ful, & par-là nous connoîtrons les « fentimens de ces partifans du peu- « ple, qui ont vendu leur foi aux «e Tribuns. Je me leverai alors pour « combatre leurs raifons: ce que je « ferai fans aucun ménagement; & je m'oppoferai de toutes mes forces « & à l'abolition de la Loi des ma- « riages, & à toute élection d'un Ple- " beïen pour le Confulat. Pour lors « demandez l'avis de T. Genutius votre frere,& que ce fage Senateur, « fous prétexte de vouloir concilier « les differens interêts du Peuple & " du Senat, propofe comme de lui- « même, qu'on fufpende l'élection des Confuls, & qu'on crée en leur “ place des Tribuns militaires,& qu'il « comprenne dans fon avis l'aboli-a tion de la Loi des mariages. Je m'y oppoferai tout de nouveau; mais « vous & votre Collegue, & tout ce « que vous êtes ici des principaux du

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» Senat, fous prétexte de vouloir fa»vorifer le peuple, vous vous déclarerez pour l'avis de votre frere. Le peuple en fçaura gré à votre famille, » & les Tribuns fe joindront infailli,,blement à vous, ne fut-ce que pour triompher de mon oppofition.

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D. H. 1. 11.

Tout le monde approuva cet expedient chacun convint du rôle qu'il devoit jouer ; les Confuls convoquerent le Senat, & inviterent Canuleius & les autres Tribuns de s'y rendre. Le jour de l'assemblée, Canuleïus au lieu de s'étendre fur la juftice & l'utilité des Loix qu'il vouloit faire recevoir, se renferma dans des plaintes qu'il fit avec beaucoup d'aigreur contre les deux Confuls qui avoient tenu des confeils fecrets au préjudice des interêts du peuple, fans y appeller les plus gens de bien du Senat, & fur-tout Valerius & Horatius qui avoient rendu un fi grand fervice à la République par Fabolition du Decemvirat qu'on dévoit regarder comme leur ou

vrage.

Le Conful Genutius lui répondit, qu'ils n'avoient affemblé quelques anciens Senateurs que pour

fçavoir fi on devoit convoquer à Finstant le Senat fur la propofition des Loix nouvelles, ou en remettre la déliberation à la fin de la campagne. Que s'ils n'avoient pas appellé dans ce confeil Valerius & Horatius avec les plus anciens Senateurs, ç'avoit été uniquement pour ne les pas rendre fufpects au peuple d'avoir changé de parti. Et pour preu- « ve, ajoûta Genutius, que mon Col- «< legue & moi nous nous portons << dans cette affaire fans aucune par- << tialité, c'est que les premiers avis « étant ordinairement d'un grand « poids, & l'ufage étant que les Con- « fuls demandent d'abord celui des «< plus anciens Senateurs comme " vous ne les croyez pas favorables «< au peuple, nous changerons au- « jourd'hui cet ordre, & nous com- « mencerons par Valerius & Horatius « â recueillir les voix. Puis s'adreffant << à Valerius,il l'invita de déclarer fon «< fentiment.

Valerius commença par s'étendre beaucoup fur les fervices qu'il avoit rendus au peuple & fur ceux de fa famille. Il ajoûta qu'il ne croyoit point qu'on pût regarder

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comme libre un Etat dont tous les citoyens ne vivoient pas dans une parfaite égalité. Il conclut à ce que les Plebeïens ne fuffent plus exclus du Confulat; mais il exhorta en même-tems les Tribuns du peuple de lever l'oppofition qu'ils avoient formée contre l'armement que vouloient faire les Confuls, pourvû que ces Magiftrats s'engageaffent à la fin de la campagne de faire proceder à la publication des Loix. Horatius auquel on demanda enfuite fon fentiment, opina à peu près de la même maniere: & il fut d'avis qu'on marchât premierement aux ennemis; mais qu'après que la guerre auroit été heureufement terminée, les Confuls, avant toute chofe, portaffent dans l'affemblée du peuple le Senatus-Confulte neceffaire pour pouvoir déliberer fur une affaire auffi importante.

Cet avis excita de grands murmures dans l'affemblée. Les Senateurs qui ne pouvoient confentir de voir des Plebeïens dans le Confulat, croyoient gagner beaucoup en éloignant la déliberation. Ceux au contraire qui étoient dans le parti

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