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du peuple, ne pouvoient fouffrir ce retardement, & ils foûtenoient qu'au moins le Senatus-Confulte devoit être figné avant de se separer.

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Les Confuls demanderent enfuite l'avis à C. Claudius, qui, felon qu'ils avoient concerté entre eux, parla avec beaucoup de courage & de force contre ces nouvelles prétentions du peuple. Il pella le fouvenir de toutes les entreprifes differentes qu'il avoit faites contre l'autorité du Senat depuis fa retraite fur le Mont Sacré. "Ce peuple inquiet & inconftant, dit-il, " a voulu avoir fes Magiftrats particuliers, & pour le bien de la paix «e nous lui avons accordé des Tribuns. « Il a demandé depuis des Decem- « virs, & nous avons encore confenti « à leur création. Il s'eft bien-tôt dé- « goûté de ces Magiftrats,& par com- « plaifance nous avons foufcrit à leur ce dépofition. Nous avons fait plus, & nous avons diffimulé encore pour « le bien de la paix, la mort violente e des uns, & l'exil des autres. Enfin «< dans ces derniers tems, nous avons " vû deux de nos Confuls plus popu- "

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»laires que des Tribuns, facrifier les » interêts de leur Ordre à l'ambition » du peuple. De Chefs de la République, & de dépofitaires de l'au» torité fouveraine, ne voyant que » les Dieux & les Confuls au-deffus » de nous, on nous a réduits sous la tyrannie des Tribuns. Nos confeils, » nos déliberations, nos vies même " & nos fortunes particulieres en dépendent,& ces Magiftrats Plebeïens » en décident fouverainement dans "ces affemblées tumultueufes où la paffion & la fureur ont plus de part que la raison & la justice. On ne » s'en eft pas tenu là: C. Canuleïus » veut unir aujourd'hui par un mélange honteux, le fang illuftre de la » Nobleffe avec celui des Plebeïens. » S'il vient à bout de fon entreprise, » ceux qui naîtront de ces mariages » fi contraires à nos Loix, toujours "en difpute avec eux-mêmes, igno"reront de quelles maifons ils font » fortis; à quels facrifices ils doivent ɔɔ avoir part, & s'ils font Peuple ou "Patriciens. Et comme fi ce n'étoit "pas affez de confondre l'ordre de la naiffance,& de ruiner tous les droits " divins & humains, les Collegues de

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Canuleïus, les Tribuns ces pertur- « bateurs du repos public, ofent lever les yeux jufqu'au Confulat. Nous « fommes à la veille de voir cette grande Dignité en proye à des Ca- c nuleius & à des Icilius. Mais qu'ils fçachent ces hommes nouveaux, « ajoûta Claudius, que les Dieux pro- «e tecteurs de cet Empire, ne le per- « mettront point,& que nous-mêmes mourrons plutôt mille fois que de « fouffrir une pareille infamie.

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Canuleius naturellement impatient, l'interrompit, & lui demanda brufquement en quoi les Dieux feroient offenfez, fi on élifoit pour Confuls des Plebeïens qui euffent toutes les qualitez dignes du commandement. "Pouvez-vous ignorer, lui répondit Claudius, que les « Plebeïens n'ont point d'aufpices, & qu'ils ne les peuvent obferver? « Ne fçavez-vous pas que c'eft une « des raifons qui a engagé les Decem- «e virs à profcrire par les Loix des «< douze Tables toute alliance inégale, afin que les aufpices ne puffent être pris que par des Patriciens dont la « naiffance fût pure & fans mélange ; « en forte que la Prêtrife & le Con- "

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. DES REVOLUTIONS fulat font également renfermez dans cet Ordre.

Cette réponse étoit folide, & fondée fur l'établissement de la Religion & des Loix. Mais elle ne fervit qu'à irriter le peuple contre Claudius: comme fi ce Senateur par de femblables raifons, eût voulu lui reprocher qu'il étoit peu agreable aux Dieux, & indigne par la baffeffe de fa naiffance, d'être initié dans leurs mysteres.

Les Confuls pour arrêter l'aigreur qui commençoit à s'emparer des efprits, demanderent l'avis de T. Genutius frere d'un de ces Magiftrats. Ce Senateur représenta qu'il voyoit avec douleur la République affligée en même tems de deux fleaux capables de la détruire, la guerre étrangere au dehors, & des diffenfions domeftiques au dedans de l'Etat : que l'un & l'autre de ces maux exigeoit un prompt remede, mais d'autant plus difficile, que le mécontentement du peuple entretenoit l'audace des ennemis. Cependant qu'il falloit prendre fon parti, & fe réfoudre ou à fouffrir l'infulte des Eques & des Volfques,

ou, fi on vouloit fortir en campagne, donner quelque fatisfaction au peuple. Que fon avis étoit de relâcher plutôt en fa faveur quelque chofe des privileges de la Nobleffe, que d'abandonner le territoire de Rome au pillage de l'étranger. Et il conclut, fuivant qu'il en étoit convenu fecretement avec les Confuls & avec Claudius, à ce que la Loi qui interdifoit toute alliance entre les familles Patriciennes & les Plebeïennes, fût abolie, comme contraire à l'union qui devoit être entre les citoyens d'une même République. Il ajoûta que fi les anciens Senateurs avoient tant de répugnance à voir la Dignité Confulaire entre les mains des Plebeïens, on pouvoit trouver un temperament qui contenteroit peut-être les deux partis. Qu'il n'y avoit qu'à fufpendre pour un tems l'élection & le titre de cette Dignité, & créer en la place des Confuls, fix Tribuns militaires qui auroient les mêmes fon-, &tions & la même autorité, dont les trois premiers feroient toujours Patriciens, & les trois autres pourroient être Plebeïens. Que l'année

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