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cette fouveraine puiffance, & qu'ils n'abuferoient jamais du pouvoir dont ils avoient été honorez. Mais que fi les prieres qu'ils faifoient en faveur de leur General étoient rejettées par un de leurs Collegues, ils changeroient d'habit comme l'accufé, & qu'ils vouloient partager avec leur Capitaine fa bonne ou fa mauvaise fortune. Hortenfius touché de leur generofité, s'écria qu'il ne confentiroit point que le Peuple Romain vît fes Tribuns en deuil. Il fe défifta de fon action, & il déclara qu'il ne pourfuivroit pas davantage un General malheureux à la verité contre les ennemis, mais qui avoit fçû fe rendre fi cher & fi agréable à fes foldats.

L'affection que quatre Tribuns du peuple venoient de faire paroître pour un Patricien, & la condefcendance de Hortenfius,fembloient avoir réuni le peuple avec le Senat. L'Etat parut tranquile; mais cette An de Ro- union ne dura pas long-tems. Sous le Confulat de T. Quintius Capitolinus & de Fabius Vibulanus, on vit naître de nouvelles diffenfions au fujet de la Questure. Les Que

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fteurs étoient des Officiers qui avoient foin du Trefor public, & on raporte la premiere origine de cette Charge à P. Valerius Publicola, comme nous l'avons dit. Ce Patricien ayant jugé à propos de faire mettre le Trefor public dans le Temple de Saturne, choifit pour le garder deux Senateurs qu'on appella depuis Quefteurs, & il en laiffa le choix au peuple.

Les deux Confuls dont nous venons de parler, étant entrez en Charge, & voyant que depuis les conquêtes & l'agrandiffement de la République ces deux Officiers ne fuffifoient pas pour remplir toutes leurs obligations, propoferent d'en augmenter le nombre, & d'ajoûter aux deux premiers Quefteurs qui ne fortoient point de Rome, deux autres qui fuiviffent les Confuls & les Generaux à l'Armée, pour tenir compte des dépouilles des ennemis, pour vendre le butin, & furtout pour prendre foin des vivres & de la fubfiftance de l'Armée. Le Senat & le peuple parurent d'abord approuver également cette propofition, & le Senat confentoit affez

volontiers que dans l'élection des Quefteurs, comme dans celle des Tribuns militaires, le Peuple Romain pût choisir s'il vouloit autant de Plebeïens que de Patriciens. Mais les Tribuns toûjours injuftes ayant prétendu que le choix de la moitié de ces Magiftrats ne pouvoit jamais tomber que fur des Plebeïens, le Senat plutôt que de se foûmettre à la neceffité qu'on vouloit lui impofer, fit échouer le projet des Confuls. Les Tribuns pour fe vanger, renouvellerent la propofition du partage des terres, la reffource perpetuelle de ces Magiftrats féditieux. Après s'être déchaînez avec beaucoup de fureur contre le Senat, ils déclarerent qu'ils ne confentiroient point à l'élection de nouveaux Confuls, s'il n'étoit permis au peuple dans l'élection des Questeurs de donner fa voix indifferemment à des Plebeïens comme à des Patriciens. Le Senat rejetta avec fermeté cette condition; & l'opiniâtreté des deux partis à ne fe point relâcher de leurs prétentions, fut caufe que la République tomba dans une efpece d'anarchie. On fut obligé

d'avoir recours plufieurs fois à un entre-Roi: dignité qui ne duroit que cinq jours. Souvent même les Tribuns s'oppofoient à fon élection, de peur qu'il ne nommât lui-même des Confuls. Enfin L. Papirius Mugillanus étant entre-Roi, ménagea les efprits avec tant d'adreffe, qu'il obtint des deux partis qu'on éliroit des Tribuns militaires à la place des Confuls, & que dans l'élection des quatreQuefteurs, comme dans celle des Tribuns militaires, il feroit libre au peuple de donner indifferemment fes fuffrages à des Plebeïens ou à des Patriciens.

1.

On tint d'abord l'affemblée pour l'élection des Tribuns militaires, & malgré les brigues & les cabales des Tribuns du peuple, on n'élut que quatre Patriciens, L. Quintius Cin- An de Røcinnatus, Sp. Furius Medullinus, M. me 333.. Manlius & A. Sempronius Atratinus, Tit Liv. coufin du Conful de ce nom : on chargea ce dernier de préfider à l'é lection des Questeurs. Antiftius Tribun du peuple, & Pompilius un de fes Collegues, mirent fur les rangs l'un fon fils, & l'autre fon frere, & demanderent la Quefture en leur fa

4.

veur. Mais malgré toutes leurs brigues, les Patriciens feuls emporterent cette dignité, & le peuple quoiqu'animé par leurs harangues féditieufes, n'eut pas la force de la refu fer à des perfonnes dont les peres & les ancêtres avoient été honorez du Confulat. Les deux Tribuns du peuple furieux de cette préference & de la honte du refus, s'écrierent qu'il n'étoit pas poffible que le peuple eût eu fi peu d'égard à la priere & à la recommandation de fes propres Magiftrats. Qu'il y avoit eu infailliblement de la fupercherie dans le fcrutin, & qu'il en falloit faire rendre compte à A. Sempronius qui avoit compté les fuffrages. Mais comme c'étoit un homme d'une probité averée, & que fon innocence & la dignité dont il étoit actuellement revêtu, mettoient hors d'atteinte, ils tournerent toute leur indignation contre C. Sempronius fon parent dont nous venons de parler. Ils firent revivre l'affaire de la derniere bataille, dont Hortenfius, An. de Ro- à la priere de Tempanius,s'étoit défifté, & il fut condamné à leur follicitation, & par la pourfuite de Ca

me 333.

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