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de la Grece, qu'un certain Hermo- Plin. 1. 34. dore d'Ephefe qui fe trouva alors à c. 5. Rome leur intérpreta. Quand leur ouvrage fut achevé, ils en propoferent dix Tables, dont il ne nous refte que quelques fragmens. Les unes concernent le Droit facré, les Cicer de autres le Droit public, & le plus leg. I. 2. grand nombre le Droit particulier, 3. On afficha ces Tables en public, afin que chacun les pût lire, y faire fes réflexions, & les communiquer aux Decemvirs avant que de leur donner autorité de Loix. On les porta enfuite au Senat où elles furent examinées & reçûës à la pluralité des voix : & on arrêta par un Senatus - Confulte qu'on convoqueroit inceffamment les Comices desCenturies pour les faire approu ver par tout le peuple Romain.

Le jour de l'Affemblée étant arrivé, on prit folemnellement les Aufpices, & en préfence des Miniftres de la Religion, les Loix furent lûës de nouveau. Les Decemvirs representerent au peuple avec beaucoup de douceur, qu'ils croyoient n'avoir rien oublié de ce qui leur avoit paru neceffaire neceffaire pour la con

fervation de la liberté, & pour établir cette égalité fi neceffaire dans une République. Cependant qu'ils exhortoient leurs concitoyens d'examiner avec foin leur ouvrage, & de dire avec liberté ce qu'ils croyoient qu'on en devoit retrancher, ou ce qu'on y pouvoit ajoûter; en forte qu'à l'avenir le peuple eût des Loix qu'il eût faites luimême plutôt qu'il ne les eût approuvées. On ne répondit à un difcours fi rempli de definteressement & de modeffie que par de grandes louanges. Les Loix contenues dans les dix Tables furent reçûës du confentement de toutes les Centuries. Il y eut feulement quelques particuliers qui dirent qu'il y manquoit plufieurs Reglemens dont on pourroit encore faire deux Tables, & que fi on les ajoûtoit aux dix autres, on en formeroit comme un corps parfait de tout le Droit Romain. Cette vûë fit naître le defir d'élire tout de nouveau des Decemvirs encore pour une année. Le Senat & le Peuple approuverent également ce deflein, quoique par des vûës differentes. Le peuple ne fon

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geoit qu'à reculer le rétablissement de l'autoritéConsulaire qui lui étoit formidable; & le Senat de fon côté étoit bien - aife de fe délivrer des Tribuns qui lui étoient fi odieux. L'Affemblée ayant approuvé ce projet, on indiqua le jour qu'on devoit proceder à une nouvelle élection des Decemvirs. Dans l'intervale qui préceda ces Comices, la divifion fe mit dans le Senat au fujet de cette dignité. Les uns y afpiroient par ambition, d'autres qui s'étoient d'abord oppofez le plus ouvertement à fon établiffement, la recherchoient alors ; mais feulement pour en exclure ceux dont les deffeins & la conduite leur étoient fufpects. Appius feignoit de n'y point prétendre; & pour infpirer à fes Collegues le deffein d'y renoncer, il déclaroit publiquement qu'ayant rempli tous les devoirs de bons citoyens par le travail affidu d'une année entiere, il étoit jufte de leur accorder du repos & des fucceffeurs.

Mais fes liaisons publiques & dont il ne fe cachoit point, avec les Duillius & les Icilius, c'est-à

dire, avec les Chefs du peuple, & pour ainfi dire les arcs-boutans du Tribunat; le foin qu'il prenoit de fe rendre agreable aux Plebeïens; fon affabilité & fa moderation fi oppofées à cette fierté qu'on reprochoit à la famille Claudia, tout cela donnoit beaucoup d'inquietude à fes rivaux, & le rendoit fufpect à fes Collegues. Ces derniers pour s'affurer de fon exclufion, le nommerent pour présider à l'élection nouvelle. Et comme c'étoit un ufage que celui qui préfidoit à l'Affemblée, nommoit ceux qui afpiroient à la Charge qu'il falloit remplir, ils fe flaterent qu'après la déclaration qu'il avoit faite de renoncer à cette Dignité, il n'oferoit pas fe mettre au nombre des Candidats; outre qu'il étoit fans exemple que celui qui présidoit dans une élection, fe fût propofé lui-même, fi on en excepte quelques Tribuns du peuple, qui en pareille occafion n'avoient pas eu de honte d'abufer dela confiance de leurs concitoïens. An de Ro- Appius n'eut pas plus de pudeur que ces ambitieux Plebeïens. Le jour de l'élection étant arrivé, on

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le vit contre toutes les regles de la bienféance & de la modeftie, se propofer lui-même pour le premier Decemvir; & le peuple toujours la duppe de ceux qui le fçavent tromper fous l'apparence de prendre part à fes intérêts, lui défera par fes fuffrages cette grande Dignité. Ce Decemvir eut l'habileté de faire tomber enfuite les fuffrages fur Quintus Fabius Vibulanus perfonnage Confulaire à la verité, & même de moeurs jufqu'alors irreprochables, mais d'un efprit lent & pareffeux, naturellement ennemi des affaires, fans fermeté, & incapable de le troubler dans la difpofition des deffeins qu'il méditoit. Ce fut dans les mêmes vûës qu'il fit élire enfuite M. Cornelius, M. Servilius, L. Minucius, T. Antonius & M. Rabuleïus Senateurs peu eftimez dans leur Compagnie, mais qui lui étoient dévouez, & qui par fes intrigues fecretes emporterent cette Dignité fur les Quintiens, & même fur Claudius fon oncle, zelé Patricien, & auquel il fit donner l'exclusion, auffi-bien qu'à tous fes Collegues du premier Decemvirat.

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