Imágenes de páginas
PDF
EPUB

& les Confuls euffent ajoûté à une conduite fi fage, le partage du territoire de Voles, en faveur des foldats & des citoyens qui étoient demeurez dans leur devoir.

C'étoit le moyen le plus fûr pour faire tomber toutes les plaintes féditieufes des Tribuns du peuple, & pour éloigner infenfiblement leurs prétentions au fujet des terres publiques & des Communes, dont après tout, il étoit prefque impoffible aux proprietaires de juftifier l'acquifition originale. Mais le peuple s'apperçut avec indignation que le deffein fecret du Senat & de la Nobleffe, étoit de le tenir toujours dans la pauvreté, tant pour fon propre interêt, que pour le rendre plus fouple & plus dépendant. Et les Tribuns pour entretenir fon reffentiment, crioient dans toutes les

affemblées, , que Rome ne feroit jamais libre tant que les Patriciens. retiendroient les terres publiques & qu'ils s'approprieroient toutes les Dignitez de l'Etat.

Des guerres prefque continuelles contre les Eques & les Volfques, la peste qui fucceda à ce premier fleau,

An.de Ro

me 344.
Sp. Ici-

lius.

& qui produifit la famine, occuperent le peuple les années fuivantes, & l'empêcherent de faire attention à ces difcours féditieux. Mais la paix & l'abondance ne furent pas plutôt rétablies dans la République, que d'autres Tribuns firent renaître de nouvelles divifions.

Trois de cesMagiftrats Plebeïens, du nom d'Icilius, tous trois parens, & d'une famille où la haine contre C Icilius. les Patriciens étoit hereditaire, enL. Icilius. treprirent de leur enlever la Quefture qui n'étoit point encore fortie du premier Ordre. Ils obtinrent d'abord que l'élection s'en fit par les Comices des Tribus. Après avoir laiffé efperer au peuple des Colonies, & le partage des terres, ils déclarerent publiquement qu'il ne devoit rien efperer de ces avantages pendant leur Tribunat, fi de toutes les Dignitez qui auroient dû être communes entre tous les citoyens d'une même République, il n'ofoit du moins afpirer à la Questure. Le peuple animé par fes Tribuns, donna fes fuffrages à Q. Silius, P. Ælius & T. Liv. 1. P. Pupius, tous trois Plebeïens, qui furent les premiers Quefteurs de cet

4.54

1d. 1.6.

Ordre. Et de tous les Patriciens qui demandoient cette Dignité, il n'y cut que Cæfo Fabius Ambuftus qui pût l'obtenir.

Les Tribuns du peuple regarderent cet avantage comme une victoire qu'ils venoient de remporter fur la Nobleffe. Ils fe flatterent que la Questure alloit leur ouvrir le che- min du Tribunat militaire, du Confulat & des Triomphes. Les Iciliens publioient hautement que le temps enfin étoit venu de partager les honneurs de la République entre le peuple & les Patriciens. On ne voulut plus même dans l'élection fuivante, entendre parler du Confulat par la feule raifon que cette Dignité étoit encore refervée aux Nobles & aux Patriciens. Il fallut que le Senat fouffrit qu'on élût des Tribuns militaires, qui avoient à la verité la même puiffance que les Confuls, mais dont la dignité étoit plus agréable au peuple, parce qu'il y pouvoit parvenir : les Iciliens furtout y afpiroient ouvertement. Le Senat allarmé de leurs projets ambitieux, attacha deux conditions à l'élection des Tribuns militaires, qui

donnoient une exclufion tacite aux Iciliens: la premiere portoit qu'aucun Plebeien ne pourroit concourir An de Ro- pour le Tribunat militaire, lorsque dans la même année il auroit exercé laCharge de Tribun du peuple:l'autre, qu'aucun Tribun du peuple ne pourroit être continué deux ans de fuite dans le même emploi.

me 344.

Les Iciliens fentirent bien que c'étoit à eux-feuls que le Senat en vouloit. Ils perdirent l'efperance de parvenir à cette premiere Dignité de la République, & en la perdant pour eux, il parut qu'ils ne s'embarafferent gueres que d'autres Plebeïens en fuffent revêtus. Peut-être même qu'ils auroient été mortifiez de voir cette fouveraine dignité entrer dans toute autre famille Plebeïenne, avant que la leur en eût été honorée. Quoi qu'il en foit, il n'y eut aucun Plebeïen confiderable qui fe mît fur les rangs; & le Senat eut l'adreffe d'y pouffer quelques miferables de la plus vile populace, en même tems qu'il fit demander cette Charge par des Senateurs & des Patriciens illuftres par leur valeur.

An de Ro

Le peuple dégouté par la baffeffe des prétendans de fon Ordre, tourna tous fes fuffrages du côté de la Nobleffe, & C. Julius Julus, Corn. Coffus, & C. Servilius Ahala, fu- me 347rent déclarez Tribuns militaires; mais ils ne jouirent pas long-tems de cette Dignité fouveraine. Les Volfques ayant mis fur pied une puiffante armée, le Senat à fon ordinaire réfolut de leur oppofer un Dictateur. Comme l'autorité abfolue de ce Magiftrat abforboit pour ainfi dire la puissance des Magiftrats fubalternes, Julius & Cornelius Tribuns militaires, s'oppoferent à fon élection, & reprefenterent qu'ils fe fentoient affez de courage & d'experience pour conduire les armées, & qu'il étoit injufte de les priver d'une Dignité qu'ils venoient d'obtenir par tous les fuffrages de leurs concitoyens.

Le Senat irrité de leur oppofition, & du refus qu'ils faifoient de nommer un Dictateur, eut recours aux Tribuns du peuple, comme on en avoit déja ufé en pareille occafion. Mais les Tribuns de cette année tinrent une conduite differente; &

« AnteriorContinuar »