armée de Gaulois commandez par Brennus, pénétrent dans la Tofcane, &affiegent Clufium. Les Toscans demandent du fecours aux Romains. Ceux-ci envoyent à Brennns des Ambaffadeurs qui par leur imprudence obligent ce General à déclarer la Guerre à leur Patrie. Bataille du d'Allia. Rome prife & brûlée. Siege Capitole. Camille Dictateur. Les Gaulois taillez en pieces. Rome rebâtie. Manlius Capitolinus accufé de vouloir fe faire déclarer Roy de Rome, eft précipité du haut du Capitole, Aprés bien des brigues & des cabales, que les Plebeiens avoient inutilement employées pour pouvoir remplir une des deux places du Con fulat, ils obtiennent ce qu'ils fouhaitent avec tant d'ardeur, & en font redevables aux larmes d'une femme. Sextius eft le premier Conful Plebeien. Préture. Edilité curule. Ces deux nouvelles Dignitez font affectées aux Patriciens à l'exclufion des Plebeiens, C. Licinius Stolon Auteur de la Loy Licinia, eft le premier condamné à l'amende pour l'a voir violée. Utre le foulagement du Tit.Liv in peuple, le Senat en éta- fine liv. 4. bliffant des fonds pour le Diod. 1. payement des troupes, 14. avoit en vue de porter la guerre plus loin, & de la pouvoir foutenir plus long-temps. Avant cet établiffement on faifoit moins la guerre que des courfes, qui fe terminoient Ordinairement par un combat. Ces petites guerres ne duroient pas plus de vingt ou trente jours &fouvent. bien moins, le foldat faute de paye ne pouvant pas tenir la campagne plus long-tems. Mais quand le Senat fe vit en état de pouvoir entretenir en tout tems un corps de troupes reglées, il forma de p'us grands projets, & il fit deffein d'affieger Ande RoVeies, place des plus fortes de l'I- me 347. talie, qui fervoit de boulevard à la Tofcane, & qui ne le cedoit pas même à Rome ni pour la valeur ni pour la richeffe de les habitans. Les fofcans vivoient en forme de République comme les Sabins, les Voliques, les Romains & la plûpart des autres peuples d'Italie. La feule ville de Veies la plus puiffante de Dec. 1.1.3. C. I. cette Communauté, avoit élu un Roy depuis peu; & ce changement dans le gouvernement avoit rendu les autres petits Etats de cette Province, moins affectionnez à fes interêts. Les Romains inftruits de ce refroidiffement refolurent de tirer raison du pillage que les Veïens avoient fait fur le territoire de Rome. Après avoir terminé avec avantage la guerre contre les Volfques, ils donnerent tous leurs foins pour faire un puiffant armement, qui pût répondre à la grandeur de cette entreprise. Tite - Live prétend qu'on élut exprès huit Tribuns militaires, ce qu'on n'avoit jamais vû dans la République, quoique d'autres Hiftoriens n'en marquent que fix. On trouve encore au fujet de ce Siége une autre difference dans les Auteurs, les uns placent le Tribunat de M. Furius Camillus, & d'Appius Claudius Craffus, fous l'an 348 de Rome, & d'autres prétendent qu'ils ne parvinrent à cette Dignité que l'an 350: encore n'eft-il pas bien certain fi Camille cette année n'é toit pas plûtôt Cenfeur que Tribun militaire. Quoiqu'il en foit de ces Val. Max. differentes opinions, on va voir par 1. 2. c. 9a la fuite de l'hiftoire, que ces deux Magiftrats eurent la principale gloire de cette guerre. Appius étoit petit-fils du Decemvir, & fils d'un autre Appius Claudius Tribun militaire l'an trois cent vingt-neuf de la fondation de Rome. Cette conformité de nom propre, & de prénom que nous avons rencontré tant de fois dans les Senateurs de la famille Claudia, fait voir qu'ils étoient tous les aînez de leur maison fuivant ce qui fe pratiquoit à Rome, où le fils aîné portoit toujours le même nom que fon pere; au lieu que les cadets étoient diftinguez ou par des noms tirez de l'ordre de leur naissance, ou du tems. & de l'heure dans laquelle ils étoient nommez. Appius refta à Rome pour faire tête aux Tribuns, & pour réprimer les mutineries ordinaires du peuple; Camille en qualité de Tribun militaire continua çe Siege important qu'il termina depuis heureufement pendant fa Dictature. On peut juger de la force de la An de Ro me 348. Place par la longueur du Siége qui dura dix ans entiers avec differens fuccès. Les Generaux Romains plû-tôt que de le difcontinuer, firent faire des logemens pour mettre le foldat à couvert des rigueurs de: l'hiver. Les Tribuns n'en eurent pas plûtôt appris la nouvelle, qu'ils s'en firent un prétexte pour fe déchaîner à leur ordinaire contre le Senat. Ils difoient dans toutes les affemblées, qu'ils s'étoient toujours bien doutez que les prefens du Senat ca-choient un poifon fecret ; que cette folde nouvelle qu'on vantoit avec tant d'oftentation, n'étoit qu'un appas dont les Patriciens s'étoient fervis pour éblouir le peuple; que fa liberté avoit été achetée à ce prix,que les Tribuns militaires en retenant les foldats dans le camp pendant l'hiver, n'avoient eu pour objet que de priver le parti du peuple du fecours de leurs fuffrages; que le Senat & les Patriciens alioient regner imperieufement dans toutes les affemblées. Mais qu'il falloit leur faire connoître qu'ils commandoient à des hommes libres, & que le peuple devoit ordonner aux Generaux de |