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ramener les troupes à Rome à la fin de chaque campagne, en forte que le pauvre citoyen qui expofoit tous les jours fa vie pour la défense de fa patrie, pût jouir d'un peu de repos, revoir fa maison, fa femme & fes enfans, & donner fes fuffrages dans l'élection des Magittrats.

Plut. in Cam

Appius, que les Tribuns militaires Tit Liv. avoient laiffé à Rome pour s'oppo-les c. 3. fer aux entreprises des Tribuns du peuple, ayant appris ces bruits fe- Orof. 1. 2. ditieux, convoqua une affemblée, c. 19& fe plaignit dabord avec beaucoup de douceur & de moderation, que la Place fut devenue le rendez-vous de tous les mutins, & le theatre de toutes les feditions. Qu'on méprifoit publiquement le Senat, les Magiftrats & les Loix, & qu'il ne manquoit plus aux Tribuns du peuple que d'aller jufques dans le camp corrompre l'armée, & la fouftraire à l'obéiffance de fes Generaux. Il leur reprocha qu'ils ne cherchoient qu'à rompre l'union qui étoit entre les differens Ordres de l'Etat; qu'ils étoient les feuls Auteurs de toutes les divifions; qu'ils les fomentoient tous les jours par leurs ha

rangues féditieuses, & que plus en nemis de Rome que les Veïens mêmes, il leur importoit peu du fuccès du Siege, pourvû que leurs Generaux n'en euffent pas la gloire.,, Il »ne falloit point entreprendre ce Siege, ajoûta-t-il, ou il faut le conti» nuer. Abandonnerons-nous nôtre » camp, nos Legions, les Forts que » nous avons élevez de distance en

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distance, nos Tours, nos Mantelets » & nos Gabions, pour recommen» cer l'Eté prochain les mêmes tra→ » vaux ? Mais qui répondra à vos Tri» buns qui vous donnent un confeil » fi falutaire, que toute la Tofcane faifant ceder l'averfion que ces peuples ont pour le Roy des Veïens, » au veritable interêt de leur païs, ne "prendra pas les armes pour venir à »fon fecours ? Pouvez-vous même douter que les Veïens pendant l'in » termiffion du Siege, ne faffent en"trer des troupes & des munitions » dans la Place? Qui vous a dit qu'» ils ne vous préviendront pas l'an» née prochaine, & que plus forts & plus irritez par le dégât qu'on a fait "fur leur terres, ils ne ravageront pas les nôtres ? Mais dans quel mépris

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ne tombera pas la République, fi les « nations voisines de Rome, jalouses de fa grandeur, s'apperçoivent que « vos Generaux enchaînez par les « Loix nouvelles de vos Tribuns n'ofent tenir la campagne, niache-e ver un Siége fi-tôt que les beaux «e jours font finis ? Au lieu que rien ne « rendra le Peuple Romain plus re- « doutable que quand on fera perfuadé que la rigueur des faifons ce n'eft point capable de fufpendre fes entreprises, & qu'il veut vain- « cre ou mourir au pied des remparts «

ennemis.

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Le peuple prévenu par fes Tribuns, ne fit pas beaucoup d'attention aux remontrances d'Appius. Mais une perte que les Romains fouffrirent au Siége, fit ce que n'avoit pû faire un difcours li fenfé. Les Veïens dans une fortie furprirent les affiegeans, en tuerent un grand nombre, mirent le feu à leurs machines, & ruinerent la plûpart de leurs ouvrages. Cette nouvelle au lieu d'abattre les efprits, infpira aux Romains une nouvelle ardeur pour la continuation du Siége. Les An. deRoChevaliers aufquels l'Etat devoit me 35o.

V. Orof.

1. 2. C. 19.

Plutar, in fournir des chevaux, offrirent de® Camillo femonter à leurs dépens. Le peuple à leur exemple s'écria qu'il étoit prêt de marcher pour remplacer les foldats qu'on avoit perdu, & jura de ne point partir du camp que la ville n'eût été prife. Le Senat donna de grandes louanges aux uns & aux autres. Il fut réfolu de donner la paye à tous les Volontaires qui fe rendroient au Siége. On affigna en même tems une folde particuliere pour les gens de cheval, & ce fut la premiere fois que la Cavalerie commença à être payée des deniers publics.

+ Tit. Liv.

1. S. c. 7.

Les Tribuns du peuple ne virent pas fans beaucoup d'inquietude & de jaloufie, que la perte qu'on venoit de faire au camp, au lieu d'exciter les plaintes & les murmures de la multitude, n'avoit fervi qu'à aug menter l'ardeur & le courage de tous les Ordres pour la continuation de ce Siege. Mais une nouvelle défaite leur fournit l'occafion & le prétexte de fe pouvoir déchaîner impunement contre le Senat.

Les Capenates & les Falifques

peuples de la Tofcane, les plus-voifins des Veiens, & par confequent les plus interreffez à leur confervation, armerent fecretement. Ils joi gnirent leurs troupes, furprirent & An de Roattaquerent le camp des ennemis. L. me 351. Virginius, & M. Sergius tous deux Tribuns militaires commandoient à ce Siége. La jaloufie fi ordinairedans une autorité égale, les avoit brouillez ils avoient chacun un corps de troupes à leurs ordres, & comme féparez en deux camps differens. Les ennemis tombent d'un côté fur celui de Sergius en même tems que les affiegez de concert avec eux, font une fortie & l'attaquent de l'autre. Le foldat qui croit avoir fur les bras toutes les forces de la Tofcane, s'étonne, combat foiblement, & plûtôt pour défendre fa vie que pour attaquer celle

de l'ennemi. Bientôt il cherche à fe mettre en fureté par une fuite précipitée; tout s'ébranle, & la déroute devient generale. Il n'y avoit que Virginius qui pût fauver l'armée de fon Collegue, fes troupes étoient rangées en bataille; mais l'animofité de ces deux Generaux étoit fi

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