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cette valeur, afin d'en faire une of frande digne de la pieté & de la majefté du Peuple Romain.

Cette contribution faite à contre-tems, irrita les efprits contre Camille. Les Tribuns du peuple faifirent avec avidité cette occafion de fe déchaîner contre lui. Ils rappellerent le fouvenir du jour de fon triomphe, où contre l'ufage il avoit paru dans un char tiré par quatre chevaux blancs. Ils ajoûtoient que ce fier Patricien, dont la politique étoit de tenir toûjours le peuple dans l'indigence, ne feignoit d'avoir voué aux Dieux la dixme du pillage de Veïes, que pour avoir un prétexte de décimer le bien du foldat, & de ruiner le peuple. Là-deffus un de ces Tribuns appellé Lucius Apuleius, lui fit donner affignation devant l'Assemblée du peuple, An de Ro& l'accufa d'avoir détourné du pil- me 362. lage de Veïes certaines portes de bronze qu'on voyoit chez lui.

Plut. in

Camille étonné de ce nouveau genre d'accufation, affembla chez Cam. lui fes amis & les principaux de fa Tribu, & les conjura de ne pas fouffrir que fur un fi foible prétexte

on condamnât leur General. Ces Plebeïens prévenus par les Tribuns, après avoir tenu confeil entr'eux, lui répondirent qu'ils payeroient volontiers l'amende à laquelle il feroit condamné, mais qu'il n'étoit pas en leur pouvoir de le faire abfoudre. Camille déteflant leur foibleffe, réfolut de fe bannir plutôt lui-même de Rome, que de voir la honte d'une condamnation attachée à fon nom. Il embraffa avant que de partir fa femme & fes enfans: & fans être fuivi de perfonne de confideration, il arriva jusqu'à lá porte de la ville. On rapporté qu'alors il s'arrêta, & que fe tournant vers le Capitolé, il pria les Dieux que fes ingrats concitoyens fe repentiffent bien-tôt d'avoir payé fes fervices par un fi cruel outrage, & léur que calamité les oblipropre An de Ro- geât de le rappeller. Il fe réfugia me 362. enfuite à Ardee ville peu éloignée Tit Livls de Rome, où il apprit qu'il avoit Plut, dans été condamné à une amende de la vie de quinze mille affes, qui peuvent reVal. Max. venir environ à cent cinquante écus 1. s. c. 3. de notre monnoyé.

Cam.

Polyb.

On crut que les imprécations de

ee grand homme avoient excité la colere des Dieux, & attiré la guerre fanglante que les Gaulois firent aux Romains. Du moins ces deux évenemens fe fuivirent de fi près, que le peuple toujours fuperftitieux, attribua la perte de Rome à l'exil de Camille qui l'avoit précedée.

Diod. de

La premiere irruption des Gau- Tit. Liv. lois en Italie, arriva fous le regne Sicile. de Tarquin l'ancien, environ l'an plut. Apdu monde trois mil quatre cens pien in feize, & de la fondation de Rome Celt, le cent foixante & cinquiéme : Ambigat regnoit alors fur toute laGaule Celtique. Ce Prince trouvant ces grandes Provinces remplies d'un trop grand nombre d'habitans, mit Sigovefe & Bellovefe deux de fes neveux, à la tête d'une floriffante jeuneffe qu'il obligea d'aller chercher des établiffemens dans des contrées éloignées: foit que ce fut un ufage commun, & qui fe pratiquoit encore dans le Nort jufques dans le dixiéme fiecle, foit qu'Ambigat eût eu recours à ces Colonies. militaires, pour se défaire d'une jeuneffe vive, inquiete & remuante. Quoiqu'il en foit, le fort des augu

res envoya au-delà du Rhin Sigovefe, qui prenant fon chemin par la forêt Hercinie, s'ouvrit un paffage par la force des armes, & s'empara de la Boheme & des Provinces voifines. Bellovefe tourna du côté de l'Italie; & après avoir paffé les Alpes,les Senonois & les Manceaux

étoient en plus grand nombre dans fon armée, s'emparerent de ces belles Provinces qui font entre les montagnes des Alpes, celles de l'Apennin, la riviere du Thefin, & celle de Jefi qui fe jette dans la mer en deça d'Ancone. Ils s'y établirent, & quelques Auteurs leur attribuent l'origine & la fondation des villes de Milan, Verone, Padouë, Bresse, Côme, & de plufieurs autres villes de ces contrées qui fubfiftent encore aujourd'hui.La premiere guerre qu'ils eurent contre les Romains fut vers l'an du monde trois mil fix cens feize, deux cent ans après leur paffage en Italie. Ils affiegeoient alorsClufium ville de laTofcane.Les habitans craignant de tomber fous la puiffance de ces barbares, implo rerent le fecours des Romains,quoiqu'ils n'euffent d'autre motif pour

l'efperer, finon qu'ils n'avoient point armé dans la derniere guerre en faveur des Veïens comme avoient fait la plupart des autres peuple de l'Etrurie. Le Senat qui n'avoit aucune alliance particulière avec cette ville, fe contenta d'envoyer en ambaffade trois jeunes Patriciens, tous trois freres, & de la famille Fabia, pour menager un accommodement entre ces deux nations. Ces Ambaffadeurs étant An de Ro arrivez au camp des Gaulois, fu- me 362. rent introduits dans le conseil. Ils offrirent la médiation de Rome, & demanderent à Brennus Roy ou Chef de ces Gaulois Tranfalpins, quelle prétention une nation étrangere avoit fur la Tofcane, ou s'ils avoient reçu en particulier quelque injure de ceux de Clufium. Brennus lui répondit fierement que fon droit étoit dans fes armes, & que toutes chofes appartenoient aux hommes vaillans & courageux; mais que fans avoir recours à ce premier droit de nature, il fe plaignoit justement des Clufiens, qui ayant beaucoup plus de terres qu'ils n'en pouvoient cultiver, avoient refufé de lui aban

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