feignes. On lui envoye auffi-tôt des députez qui le conjurent de prendre fous fa protection des Romains fugitifs, & les débris de la défaite d'Allia. دو Camille fe défendit d'abord d'accepter aucun commandement, fur ce qu'il étoit banni. Rome n'eft plus, lui répondirent ces députez, "&nous ne pouvons plus nous comp"ter pour citoyens d'une ville qui » a été abfolument détruite. Vous "voyez devant vous les triftes reftes "d'un Etat qui a fleuri pendant plus " de trois fiécles. Une feule bataille a » décidé de fon fort & du nôtre : & * il ne nous reste d'afile que dans vô21 tre camp. Camille toûjours foumis auxLoix, ne fe rendit point encore, & il les fit convenir d'envoyer auparavant à Rome pour reconnoître fi le Capitole tenoit encore, & en ce cas, prendre les ordres du Senat qui s'y étoit enfermé. La commiffion étoit difficile: cette place étoit environnée de tous côtez de troupes ennemies. Cependant un jeune Romain appellé Pontius Cominius s'en chargea, & au travers de mille périls ar riva au Capitole. On affembla auffi- An de Ro tôt le Senat: ce député leur annon- me 363. ça la victoire de Camille, & il leur demanda de la part de tous les Romains qui étoient difperfez,ce grand Capitaine pour leur General. On n'employa pas beaucoup de tems à déliberer; le Senat & les foldats qui représentoient le peuple, le déclarerent tous d'une voix Dictateur : on renvoya auffi - tôt Pontius avec le Decret de fa nomination ; & ce jeune homme revint au camp avec le même bonheur qu'il avoit eu en montant au Capitole. Camille, de l'éxil paffa à la premiere dignité de fon pays. Il fut reconnu pour Dictateur & pour fouverain Magiftrat des Romains. Dans tout autre Capitaine ce n'auroit été qu'un vain titre ; on ne lui donnoit avec cette qualité ni troupes ni argent pour en lever. Il trouva tout cela dans fon courage & dans cette haute réputation qu'il avoit fi juftement acquife. On n'eut pas plûtôt appris fa nouvelle dignité, qu'il accourut de tous côtez des foldats dans fon camp: & il fe trouva bientôt à la tête de plus de quarante mil le hommes Romains ou alliez, qui tous fe croyoient invincibles fous un fi grand General. Pendant qu'il armoit, & qu'il fon geoit à faire lever le blocus du Capitole, quelques foldats Gaulois ayant apperçu dans la montagne fur laquelle ce Fort eft fitué, des traces du paffage de Pontius, en firent leur rapport à Brennus, qui forma auffitôt le deffein de furprendre cette Place par la même route. Il choisit dans fon armée ceux de fes foldats qui habitoient des montagnes, & qui étoient accoutumez dès leur jeuneffe à y gravir. Ces foldats ayant reçu leurs ordres, partent la nuit à la faveur des tenebres, grimpent de rocher en rocher; & avec beaucoup de peine & un peril enco re plus grand, ils s'avancent peu à peu en fe donnant la main les uns aux autres, & arrivent au pied de la muraille, qui de ce côté-là fe trouva peu élevée, à caufe qu'un endroit fi efcarpé paroiffoit hors d'infulte. La fentinelle étoit endormie, & les Gaulois commençoient à escalader la muraille, lorfque des oyes confacrées à Junon, & qu'on nour riffoit comme des oiseaux facrez,par principe de Religion, s'éveillerent au bruit que firent les Gaulois, & fe mirent à crier. M. Manlius, personnage Consulaire, s'éveille au bruit, accourt, & fe présente le premier pour défendre la muraille. Lui feul fait face aux ennemis;il abat d'abord la main d'un Gaulois qui l'avoit levée pour lui décharger un coup de hache, & en même tems il frappe fi rudement de fon bouclier un autre foldat, qu'il le fait rouler de haut en bas du rocher. Toute la garnison se porta bien-tôt au même endroit. On pouffe, on preffe les Gaulois : Manlius à la tête des Romains les renverfe les uns fur les autres; le ter rain leur manque pour pouvoir s'enfuir ; & la plupart en voulant éviter le fer ennemi,fe jettent dans des précipices, en forte qu'il y en eut peu qui puffent regagner leur camp. La premiere chose que firent les affiegez après avoir évité un fi grand péril,fut de précipiter du haut du rocher la fentinelle qu'on avoit trouvée endormie. Il fut queftion enfuite de récompenfer M. Manlius, qui par fa vigilance & par sa valeur ve que noit de fauver la République. Chafoldat lui donna une demie livre de farine, & une petite mefure de vin qu'il fe déroba fur fon neceffaire. Récompenfe qui n'eft remarquable que par rapport à la difette des vivres, qui commençoient à manquer dans la place. Brennus defefperant de s'en rendre maître autrement que par la famine, la tenoit fi étroitement investie que depuis fept mois que duroit le fiége on n'avoit pû y jetter le moindre fecours. La même difette fe faifoit fentir dans fon camp. Depuis qu'on avoit déféré la Dictature à Camille, cet habile General maître de la campagne, occupoit tous les paffages. Les Gaulois n'ofoient s'écarter pour aller au fourage fans s'expofer à être taillez en pieces; en forte que Brennus qui affiegeoit le Capitole, étoit affiegé lui-même, & il fouffroit les mêmes incommoditez qu'il faifoit fouffrir aux affiegez. Dans cette mifere commune les fentinelles du Capitole, & celles de l'armée ennemie, commencerent à parler d'accommodement. Ces dif |