Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Plut. in fe fur le champ en prison comme un Camillo.,, feditieux & un calomniateur.

Sic.

Diod.

[ocr errors]

n

כג

Manlius furpris de la maniere imperieuse & fevere dont le Dictateur l'interrogeoit, & fans vouloir s'engager dans les preuves d'un fait de cette importance, lui répondit qu'il lui demandoit une chofe qu'il fçavoit auffi-bien que lui; & il ajouta : Mais ce qui vous fâche, vous A. » Cornelius, & ce qu'il y a dans cette >> affemblée de Senateurs ou de Patriciens, n'eft-ce pas cette foule de peuple dont je fuis environné? Que » ne m'enlevez-vous cette affection >> dont vous êtes fi jaloux ? ou du moins que ne tâchez-vous de la par» tager avec moi ? foulagez les pau»vres citoyens qui gemiffent fous le poid des ufures dont ils font accablez; empêchez qu'on ne les jette dans les fers; prenez la protection » de ces genereux Plebeïens qui à » mon exemple ont confervé le Capitole; défendez ceux qui au prix » de leur fang ont recouvré l'endroit » même où eft placé votre Tribunal » & le Siege de votre empire; payez "les uns, répondez, pour les autres, » & vous verrez la multitude vous

כג

כג

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

fuivre, & vous marquer fa recon- « noiffance & fon attachement.

[ocr errors]

Le Dictateur lui repartit qu'il ne prendroit pas le change, qu'il lui commandoit de parler fans tant de détours, & de nommer précisément ceux qu'il accufoit d'avoir profité de l'or & des dépouilles desGaulois, ou de reconnoître devant tout le peuple qu'il n'étoit qu'un calomniateur. Manlius preffé & confus, lui dit qu'il n'étoit pas réfolu de donner cette fatisfaction à fes ennemis. Sur quoi le Dictateur commanda qu'on le conduisît en prison.Les Licteurs ne l'eurent pas plûtôt arrêté, que Manlius pour faire foulever le peuple, invoqua tous les Dieux qui étoient reverez au Capitole,& dans Rome;& fe tournant du côté de la multitude: Souffrirez-e vous, genereux Romains, s'écria-t-e il, que votre défenfeur foit traité fi « indignement par des ennemis ja- «e loux de fa gloire.

Mais malgré fes cris, l'ordre du Dictateur fut executé. On le conduifit en prifon, & perfonne ne branla pour le fecourir. Le grand nombre de fes partifans fe conten

се

terent de marquer leur douleur par des habits de deüil: ce qui ne se pratiquoit que dans les plus grandes calamitez. Il y en eut même qui laisserent croître leurs barbes & leurs cheveux.LeDictateur fe demit de fa dignité après avoir triomphé pour la victoire qu'il avoit remporté fur les Volfques. Le peuple ne fit voir qu'un chagrin morne dans un jour de joye, & on l'entendit dire que le principal ornement manquoit à ce fuperbe triomphe; & qu'il étoit furpris de n'y pas voir Manlius chargé de chaînes, attaché au char du Dictateur. Il y en avoit même qui pour émouvoir la multitude, lui reprefentoient que Manlius avoit eu affez de courage pour défendre feul tout le peuple contre les Gaulois; mais que parmi un fi grand peuple, il ne fe trouvoit point un feul homme qui entreprit de défendre Manlius contre le Senat. Qu'il étoit honteux qu'on traitât fi indignement un Confulaire, & qu'il falloit rompre les fers du défenfeur de la liberté publique. Le Senat craignant que le peuple en fureur ne brisât les portes des prifons, & que

Manlius

Manlius délivré par des voyes auffi violentes, ne poufsât plus loin fon audace, crut affoupir cette affaire en le relâchant de fa propre autorité. Mais au lieu d'appaifer la fedition, il donna par une politique fi timide, un chef aux feditieux, & un chef irrité par la honte de fa prifon, & incapable de fuivre des confeils moderez.

En effet, il ne fut pas plutôt forti de prifon, qu'au lieu de profiter de fa difgrace, il excita de nouveau le peuple à faire revivre fes anciennes prétentions. Il ne parloit dans des affemblées particulieres, que de la juftice qu'il y avoit à partager les terres publiques, & de la neceffité d'établir une jufte égalité entre tous les citoyens d'une même Republique." "Mais vous ne viendrez jamais à bout d'une fi haute entreprise, « ajoûta-t-il en adreffant la parole à fes partisans les plus dévoüez, tant que vous n'oppoferez à l'orgueil & à l'avarice des Patriciens, que que des plaintes, des murmures, & des vains difcours. Il eft tems de vous af- << franchir de leur tyrannie: il faut abbattre les Dictatures & les Con- « Tome II.

M

се

[ocr errors]

се

се

[ocr errors]
[ocr errors]

fulats. Etabliffez un Chef qui com» mande auffi-bien aux Fatriciens » qu'au peuple. Si vous me jugez dig»ne de cette place, plus vous me » donnerez de pouvoir,& plutôt vous "affurerez-vous la poffeffion des chofes que vous demandez depuis fi long-tems. Je ne veux d'autorité que pour vous faire tous riches & » heureux.

[ocr errors]

On prétend que par ce difcours féditieux, il avoit voulu infinuer à fes créatures le deffein de rétablir la Royauté en fa perfonne. Mais on ne fçait de quelles personnes il prétendoit fe fervir dans une entreprise auffi difficile, ni jufqu'où il pouffa ce projet ambitieux. Ce qui paroît de plus certain, c'eft qu'il fe faifoit des affemblées fecrettes dans fa maifon du Capitole; qu'il n'y appelloit ni A. Manlius, ni T. Manlius fes freres, ni aucun de fes parens, & qu'on n'y voyoit au contraire que des gens abîmez de dettes, ou des honnorez par leurs débauches.

Le Senat effrayé de ces cabales, rendit un Decret & un Senatus-Confulte, par lequel il étoit ordonné aux Tribuns militaires qui reprefen

« AnteriorContinuar »