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roit au moins fept arpens par tête à chaque citoyen.

Qu'on ne pourroit avoir fur ces terres qu'un certain nombre déterminé de domeftiques ou d'efclaves pour les faire valoir.

Que le nombre des troupeaux feroit auffi limité, & proportionné à la quantité des terres que chacun occuperoit; & que les plus riches ne pourroient nourrir ni envoyer dans les communes & les pâturages publics, plus de cent bêtes à cornes, & cinq cens moutons.

Qu'on nommeroit inceffamment trois Commiffaires pour préfider à l'execution de la Loi, &' que l'Auteur qui l'avoit propofée, ne pourroit être compris dans le nombre des Triumvirs.

Enfin que le Senat, les Chevaliers & le peuple feroient des fermens folemnels d'obferver cette Loi; & que ceux qui dans la fuite y contreviendroient, feroient condamnez à une amende de dix mille affes, ou dix mille fols Romains.

La Loi fut d'abord obfervée avec: beaucoup d'exactitude, comme le font la plupart des nouveaux Regle

mens. L'Auteur même de la Loi Ç. Licinius Stolon, fut le premier des Romains condamné à l'amende pour l'avoir violée. Il fut convaincu de poffeder plus de mille arpens de terre ; & quoique, pour échaper à la rigueur de la Loi, il les eût auparavant partagez avec fon fils qu'il avoit émancipé dans cette vûe, on regarda cette émancipation comme Tit. Liv. faite en fraude de la Loi. On lui en1.7. c. 9. leva la moitié de fes terres qu'on partagea entre de pauvres citoyens; il paya outre cela une amende de dix mille fols *, & il apprit par fa propre experience que dans un gouvernement libre on ne fouffre point que les Magiftrats fe difpenfent de l'obfervation des Loix qu'ils prefcrivent aux particuliers. Mais comme il n'y a pas de peines affez rigoureufes aufquelles l'avarice & la convoitife des hommes n'échapent, les plus riches & les plus puiffans parmi

* Les Sols d'or étoient à la taille de 72. à la livre, ou de 84. grains de poids, qui avoient cours pour quarante deniers d'argent. Le Sol d'or valoit chez les Romains mille Sefterces, & chaque Sefterce valoit le quart de leur denier d'argent.

les Romains trouverent depuis le fecret de fe faire ajuger les communes & les terres de conquête fous des noms empruntez. Les guerres qui furvinrent contre les Latins, les Samnites, les Gaulois & les Carthaginois, favoriferent ces ufurpations; les Loix furent moins écoutées dans le tumulte des armes ; les Magiftrats par une collufion reciproque, diffimuloient ces infractions; enfin on ne fit plus myftere de la supposition de nom, comme nous le verrons dans la fuite. Les Grands leverent le mafque, & la Loi Licinia tomba à la fin dans le mépris, & le peuple

dans la miferè.

Ce fut le fujet de nouvelles féditions d'autant plus dangereufes, que le peuple étoit devenu plus nombreux & plus puiffant, & que des Grands s'en firent un prétexte de foutenir fes interêts pour fe rendre Chefs de parti. Mais avant que d'entrer dans le détail de ces diffen-. tions, j'ai cru que je ne pouvois me difpenfer de représenter auparavant de quelle maniere les Romains étendirent leur domination dans l'Italie, la Sicile, l'Espagne, & une partie

de l'Affrique & de l'Afie. Ce que je décrirai le plus fommairement que je pourrai, & fans m'éloigner de Rome qu'autant que cela fera neceffaire, pour faire connoître les differentes révolutions qui arriverent dans fon gouvernement, le principal objet de cet ouvrage.

Fin du Livre feptiéme.

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HISTOIRE

DES REVOLUTIONS

ARRIVE'ES

DANS LE GOUVERNEMENT

DE LA

REPUBLIQUE ROMAINE.

LIVRE VIII

L. Manlius eft accufé devant l' Affemblée du Peuple de traiter durement T. Manlius fon fils. Action hardie de Titus pour délivrer fon pere. Il tue un Gaulois d'une taille extraordinaire, & eft furnommé Torquatus. Valerius Corvus. Pourquoi ainfi appellé. Les Samnites déclarent aux Romains une guerre qui fe termine à L'avantage de ces derniers. Premiere

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