An de Ro

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réuffir les deffeins de leur General. Mais quelque habile qu'il fûr, il fallut que fa capacité cedât à la conduite & à la fortune des Romains. Ils reprirent fur lui la fuperiorité qu'ils avoient perdue par les premieres batailles : ce fut alors qu'il reconnut que dans les affaires de la guerre, il y a des momens favorables & décififs qui ne reviennent jamais. Et le jeune Scipion devenu General, lui apprit par une dure experience qu'il pouvoit être

vaincu.

Corn. P. Scipion fon pere, & Cneus fon oncle étoient peris en Tit. Liv. 3 Efpagne où ils commandoient les Dec. 1. 5. armées de la République. Par la mort de ces deux freres, l'Espagne eût été entierement perdue pour les Romains, fi un fimple Chevalier appellé L. Martius n'eût rallié les fuyards, & défait l'un des deux Afdrubals, qui commandoit dans ces Provinces l'armée desCarthaginois. Cependant perfonne à Rome n'ofoit demander la conduite de la guerre dans un pays où les ennemis étoient encore fifuperieurs. Le jeune Tit. Liv. Scipion quoiqu'il eût à peine vingt

quatre ans, fe prefenta, & il crut qu'il n'appartenoit qu'à lui de vanger la mort de fon pere & de fon oncle. Il y fut envoyé avec le titre Ande Rode Proconful; il battit les Generaux me 542. ennemis en plufieurs rencontres, & Polyb. 1. cinq ans après fon arrivée, il ne ref-10.. ta pas un feul Carthaginois en Ef

pagne.

De-là il paffa en Affrique prefque malgré le Senat, & comme fon entreprise paroiffoit temeraire, la République ne voulut au commencement lui fournir nitroupes ni argent. Sa réputation, fa valeur & fon affabilité lui donnerent des foldats. C'étoit à qui prendroit parti fous un fi grand Capitaine : il eut bientôt

une armée confiderable. C'étoit un autre Annibal; il en avoit toutes les vertus, fans en avoir les défauts. Il aborda en Affrique pendant que le Carthaginois continuoit la guerre en Italie.

Il mit d'abord dans les interêts de la République les Rois Syphax & Maffiniffe. Le premier changea depuis de parti, il fut défait dans une Ande Robataille fanglante avec Afdrubal me $51. General des Carthaginois, & il eut

f

le malheur de tomber entre les mains de Lélius le Sage; c'eft ainfi que Ciceron appelle cet Officier qui 2 in orat, étoit l'ami intime & un des Lieutepro Archia nans de Scipion.

Cic offic.

& pro Mu

rena.

Je ne m'arrêterai point au détail de cette guerre. Scipion après avoir remporté une feconde victoire fur les Carthaginois, leur fit craindre à leur tour de le voir devant leurs murailles. Annibal fut rappellé au fecours de fa patrie, & il repaffa en Affrique la feizième année de cette guerre. On parla d'abord de paix,

y eut même une entrevûe entre Scipion & Annibal; mais n'ayant pû convenir entre eux, on vit bien que l'épée feule décideroit des prétentions des deux Républiques:

On en vint bien-tôt aux mains: le combat fe donna auprès deZama. Il étoit question de l'Empire & de la liberté: l'un & l'autre General déploya en cette occafion tout ce qu'il avoit de capacité, foit pour profiter de la difpofition des lieux, foit pour ranger les troupes en bataille. Les foldats de leurs côtez combattirent en hommes qui étoient animez de l'efprit & du cœur de ces

deux grands Capitaines. Le fuccès fut long-tems douteux; enfin la victoire demeura à Scipion. Les Carthaginois perdirent vingt-mille hommes qui furent tuez dans cette bataille, & on en prit autant qui furent faits prifonniers de guerre.

La paix fut le fruit de cette vic- An de Ro. toire. Les Carthaginois épuisez la mess2. demanderent du confentement mê

Zonaras.

me d'Annibal. Les Romains ne Polyb.1. l'accorderent qu'à des conditions 15. qu'on pouvoit regarder comme une App. Alex. feconde victoire. Ils ôterent aux Carthaginois leurs flottes, leurs Elephans: on les obligea de rendre les prifonniers de guerre, & de livrer les transfuges. On en exigea en même tems des fommes immenfes: & ce qui leur parut encore plus rigoureux, on leur défendit d'envoyer des Ambaffadeurs, d'entretenir aucune alliance, ou de faire. aucun armement fans l'aveu & la permiffion expreffe du Senat.

Une dépendance fi étroite & fi humiliante ne fatisfit point encore l'ambition des Romains. Carthage fur pied rappelloit toujours le fouvenir des batailles de Trafimene &

PS

me 607.

ult.

de Cannes. C'étoit une perspective défagréable pour Rome; on réfolut de la détruire. Ce fut le fujet de la troifiéme guerre Punique. Le jeune Scipion fils de Paule Emile, & qui avoit été adopté par Scipion fils de l'Affricain, ruina abfolument cette ville fuperbe qui avoit ofé difputer avec Rome de l'Empire du monde. An de Ro- On en difperfa les habitans, & Carthage ne fut plus qu'un vain nom. App.Alex. App. Alex. Cette ville foumife & enfuite ruiin Lybicâ née, éleva le coeur des Romains. Strabo.1 Ceux qui peu d'années auparavant combattoient pour le falut de Rome, afpirerent alors à la conquête du monde entier. Ils porterent leurs armes en Orient & en Occident. Antiochus le Grand, qui regnoit fur la plus grande partie de l'Afie avoit déja été contraint de fe retirer au-de-là du mont Taurus. Les Infubriens & les Liguriens furent vain-' cus; la Macedoine après differentes guerres qui ne font point de mon fujet, fut réduite en Province, auffibien que l'Illyrie. Et les Grecs fous prétexte de fe tirer de la dépendance des Achéens, tomberent fous la domination des Romains, qui en