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fon élevation.Il fe fait de nouveaux amis; il achete des créatures; gagne une partie des Miniftres; intimide les autres; & à force de cabale il vient à bout de faire infinuer au vieux Roi qu'il le doit adopter afin de donner à fes deux enfans comme un troifiéme frere qui leur fervit de Tuteur, & de Régent à l'Etat. Le foible vieillard, dont l'efprit étoit diminué par le nombre des années, l'adopte publiquement. Il fe flatoit par un fi grand bienfait d'avoir gagné celui qu'il n'avoit pû perdre. Mais il ne fut pas plûtôt expiré, que Jugurtha fit bien voir que la politique ne compte point la reconnoiffance au nombre des vertus. L'ambition & fon interêt lui firent tourner contre la maifon de Micipfa cette puiffance dont il ne l'avoit revêtu que pour en être le protecteur. Onavoit partagé la Numidie en trois Principautez ; & on voyoit dans le même Royaume, & pour ainfi dire, fur le même Trône trois Souverains, indépendans les uns des autres, quoique tous trois également dans la dépendance & fous la'protection des Romains. Jugurtha qui

afpiroit à fe voir feul maître de la Numidie, réfolut de faire périr les deux jeunes Princes. Il dreffe d'abord des embûches au cadet, qu'il fait poignarder dans fon lit: & ce fut la premiere victime qu'il immola à fon ambition.

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L'aîné épouvanté d'un pareil attentat, fe fauve avec précipitation dans la Province qui faifoit fon partage: & quoiqu'il fut peu guerrier il arme auffi-tôt, tant pour fe défendre des entreprises de Jugurtha, que pour venger la mort de fon frere. Jugurtha de fon côté fait des levées de troupes: toute la nation se partage; tout prend parti dans cette guerre civile. Le plus grand nombre des Seigneurs Numides fe déclare pour Adherbal: mais les meilleurs foldats & les principaux Officiers s'attachent à Jugurtha. On en vient bien-tôt aux mains; Adherbal eft défait, & la plûpart de fes troupes, après la dé route, paffent fous les enfeignes de fon ennemi. Les places les plus fortes ouvrent leurs portes au victorieux. Adherbal pour fauver fa vie eft obligé de fe déguifer; & ce Prin

ce après avoir erré quelque tems dans fes propres Etats, comme un malheureux profcrit, fe fauve enfin fur les terres de la Republique, d'où il fe rend à Rome pour implorer la protection du Senat.

La préfence de ce jeune Prince dépouillé de fes Etats, & la mort de fon frere affaffiné par les ordres de l'ufurpateur, exciterent une indignation generale, tant dans le Senat, que parmi le peuple. On ne parloit à Rome que de la neceffité de faire paffer inceffamment une armée en Affrique pour punir Jugurtha. Ce Prince qui avoit fes émiffaires à Rome, & qui redoutoit la puiffance & le reffentiment de la République, dépêcha auffi-tôt des Ambaffadeurs pour y juftifier fa conduite. Il les chargea de riches préfens & de fommes immenfes avec ordre de lui acquerir des amis, & d'acheter, pour ainsi dire, quiconque feroit à vendre. Les Ambaf fadeurs Numides ne furent pas plutôt arrivez à Rome qu'ils répandirent de l'argent de tous côtez. Peu de Senateurs leur résisterent; la plûpart des Grands gagnez fecrete

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ment, en gagnerent d'autres. La corruprion devint generale ces Envoyez trouverent dans l'avarice de la Nobleffe un afile affuré pour leur maître, & toutes les déliberations du Senat fe terminerent à nommer dix Commiffaires qui eurent ordre de fe rendre en Affrique pour prendre connoiffance de ce qui s'y étoit paffé, & pour faire, sils le jugeoient à propos un nouveau partage de l'Empire de Micipfa entre Jugurtha & Adherbal.

Le chef de cette commiffion fut Opimius qui s'étoit acquis beaucoup de confideration dans le Senat & parmi les Grands de Rome depuis la mort de Caius & la ruine de fon parti. Il ne fut pas plutôt arrivé en Affrique avec fes Collegues, que Jugurtha qui comptoit bien plus fur fon argent que fur la justice de fa cause, entreprit de le gagner par des prefens magnifiques. Ce Magiftrat auffi avare que, cruel, lui vendit fa foi & fon honneur fes Collegues ne furent pas plus incorruptibles. Quand le marché fut fait, Jugurtha fut trouvé innocent; on fit paffer Hiempfal pour

l'agreffeur, & fa mort fut reprefentée comme une fuite de fa temerité. Le partage des Etats de Micipfa fe fit enfuite fur le plan même que propofa Jugurtha ; & les Commiffaires, à la honte du nom Romain, lui adjugerent les plus fortes places & les plus riches Provinces qui fervirent également de récompenfe à fon crime & à fa corrup

tion.

Ce Prince ambitieux, après le départ des Commiffaires, n'ayant plus rien à craindre du côté de Rome,réfolut d'envahir à force ouverte les Etats d'Adherbal. Mais comme il avoit interêt de mettre toujours quelqu'apparence de juftice de fon côté, il fe contenta d'abord de faire des courfes fur la frontiere pour tâcher d'exciter le reffentiment d'Adherbal, dans la vûë que ces infultes l'engageroient à ufer de reprefailles, d'où il pourroit prendre occafion de pouffer la guer re avec vigueur, & même de la juftifier à Rome s'il en étoit befoin.

Adherbal qui fe connoiffoit inferieur en forces,& même en capacité dans le métier de la guerre, aima

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