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& aux Tribuns du peuple. L.Quintius fut élû, on le fut chercher à la «e campagne, il revint à Rome, il en «< tira une nouvelle Armée, & en qua- « torze jours il dégagea celle de Mi- «< nutius, & triompha des ennemis. « Qui nous empêche aujourd'hui de fuivre un exemple fi récent & fi « fage? Elifons actuellement un entre- « Roy, comme nous le ferions fi les deux Confuls étoient morts. Que e ce Magiftrat nomme un Dictateur; « vous aurez auffi-tôt un Magiftrat legitime; tout cela fe peut faire en «< moins d'un jour. Il levera des trou- « pes par ce pouvoir fouverain atta- « ché à fa dignité; on marchera à l'in- « ftant aux ennemis; & au retour de « la campagne, ce Magiftrat dont le « pouvoir ne peut durer que fix mois, donnera le tems par fon abdication, « de proceder à loifir & felon les for- « mes ordinaires à l'élection des Con- « fuls. Que fi au contraire vous confiez aux Decemvirs le commande- ce ment de vos armées, croyez-vous " que ces hommes ambitieux qui ont << ufurpé un pouvoir tyrannique, & « qui au préjudice de nos Loix refu- « fent fi opiniâtrement de fe défaire

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des faisceaux, mettent facilement les armes bas? Craignez plutôt » qu'ils ne les tournent contre vous» mêmes,& qu'ils ne s'en fervent pour perpetuer leur tyrannie. Je demande » donc, vû le peril où fe trouve la liberté publique, qu'on examine la propofition que je fais de nommer actuellement un Dictateur, qu'on » prenne là-deffus les avis, & qu'on » recueille les fuffrages.

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Ceux des Senateurs aufquels la puiffance des Decemvirs étoit odieufe & fufpecte, revinrent à cet avis. Mais les partisans des Decemvirs fe récrierent que le comman-. dement des armées avoit eté décerné aux Decemvirs par la pluralité des voix; que c'étoit une affaire décidée, & que l'oppofition de Valerius ne devoit être confiderée que comme une voix de moins en faveur des Decemvirs. Appius pour appuyer ce fentiment,ajoûta qu'on ne s'étoit affembléque pour donner ordre à la guerre que les Eques & les Sabins faifoient à la République. Que C. Claudius, Cornelius & Valerius avoient ouvert des avis differens; mais celui de Cornelius

que

ayant

ayant prévalu par le nombre des fuffrages, il ordonnoit au Greffier de dreffer à l'inftant le Senatus-Confulte qui remettoit aux Decemvirs le foin de cette guerre & le commandement des Armées. Puis fe tournant du côté de Valerius, il lui dit avec un fouris amer, que s'il parvenoit jamais au Confulat, il pourroit alors faire revoir le jugement d'une affaire décidée. Les Decemvirs fe leverent après avoir figné le Senatus-Confulte, & ils fortirent du Senat, fuivis de leurs partifans qui les felicitoient de l'avantage qu'ils venoient de remporter fur le parti oppofé.

Le commandement des Armées qu'on venoit de leur déferer affuroit leur autorité, & la rendoit encore plus redoutable. Ils s'en fervirent pour fe vanger de leurs ennemis particuliers, & ils comptoient au nombre de leurs ennemis ceux qui ne fe rendoient pas leurs efclaves. Tout le monde déploroit en fecret la perte de la liberté. L. Valerius & M. Horatius, qui ne vouloient ni manquer à la République, ni fe manquer à eux-mêmes, affem

Tome II.

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blerent dans leurs maisons un grand nombre de leurs amis & de leurs Cliens pour s'en faire un fecours contre la violence des Decemvirs; & ils ne paroiffoient plus dans la ville qu'avec une puiffante escorte, & en état de repouffer l'infulte qu'ils avoient lieu d'apprehender. La République étoit divifée en deux partis: on voyoit d'un côté un grand zele pour la liberté, & un attachement inviolable aux Loix. Il paroiffoit dans l'autre parti un defir immoderé de dominer, foutenu de la Magiftrature, & des apparences de l'autorité legitime. L'animofité qui regnoit dans ces deux partis, faifoit apprehender une guerre civile. C. Claudius oncle du Decemvir Appius Claudius, de peur de s'y trouver engagé, fortit de Rome comme il avoit protesté en plein Senat, & fe retira à Regile son ancienne patrie. D'autres Senateurs & les principaux citoyens de Rome, qui ne pouvoient fouffrir la domination des Decemvirs, & qui ne se fentoient pas en état de la détruire, chercherent un afile à la campagne, ou chez les peuples voisins. Appius

irrité d'une retraite qui marquoit fi visiblement l'averfion qu'on avoit pour fon gouvernement, mit des gardes aux portes de la ville. Mais s'étant apperçu que cette précaution augmentoit le nombre des mécontens, il leva cette garde; & pour fe vanger de ceux qui s'étoient retirez, il confifqua les biens qu'ils avoient dans Rome, dont il fit la folde & la récompenfe de fes fatellites.

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Une conduite fi violente ouvrit les yeux au peuple comme au Senat. Les uns & les autres s'apperçurent avec indignation, qu'au lieu de fages Legiflateurs, ils n'avoient que des tyrans. Le peuple jaloux & ennemi de l'autorité du Senat, avoit vû d'abord avec plaifir s'élever fur les ruines du Confulat, une nouvelle puiffance qui ne donnoit aucune part aux Senateurs dans le gouvernement. Le Senat de fon côté ne s'étoit pas, oppofé à l'établissement d'un Tribunal qui l'avoit débarraffé des harangues féditieufes des Tribuns du peuple : & l'un & l'autre Ordre de la Répu blique, s'étoient facrifié mutuellement leurs Magiftrats. Les Decem

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