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fufé, furent bannis d'Anvers le 18. de Mai, & AN. 1578. tranfportez par eau à Malines, d'où dom Juan fent de fiI les fit paffer à Louvain. Les Cordeliers réfifterent gner. auffi d'abord; mais quelques-uns entraînez par De Thos l'exemple du clergé qui s'étoit foumis, obéirent; . 66% & les autres furent chaffez de la ville. Le peuple fe feroit infailliblement foulevé contr'eux, fi les magiftrats n'euffent fait arrêter deux des plus féditieux qu'on trouva armez, comme s'ils avoient eu deffein d'aller forcer ces religieux dans leur couvent; la fédition fut appaifée par leur fupplice. Les prédications violentes de Corneille Adrianfen, l'un des Cordeliers qui s'étoient foumis, & les dénonciations de quelques freres - lais, engagerent cependant les magiftrats à faire de la conduite de ces religieux, des recherches qui leur cauferent bien du chagrin. Plufieurs d'entr'eux s'étant trouvez coupables de beaucoup de crimes, trois furent condamnez au feu, & trois autres foüettez par les carrefours.

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.CXVI.

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Le prince d'Orange s'étoit fervi de l'occafion Les Protexde l'approche des armées étrangeres, compofées tans obtinde Lutheriens & de Calviniftes, pour engager nent des les états à permettre la liberté de confcience dans états un édit tous les Pais-Bas Dès le 22. de Juin, les Prote-berté de ftans leur avoient prefenté une requête à ce fujet, confcience. dans laquelle ils alléguoient les raifons qui les De Then avoient engagez à fe féparer de l'église Romaine, /. 66. & tâchoient de prouver qu'on pouvoit fouffrir deux religions differentes dans un état, fans caufer aucun dommage à la tranquilité publique. Ils fe fervoient même de l'exemple du pape, qui permettoit aux Juifs d'avoir des fynagogues jufques dans Rome, & des quatre derniers empereurs qui avoient accordé la liberté de confcience dans tout l'empire. Mais comme les états n'a voient point répondu à cette premiere requête, à caufe des difficultez qui s'y rencontroient, les Proteftans en présenterent une autre le 7. de Juil

let: ils y promettaient toute forte de sûretez au Ax. 1578. clergé & aux Catholiques, avec offre de donner caution, qu'ils n'entreprendroient jamais rien. contre la tranquillité publique. Leurs propofitions furent écoutées, & l'édit qui accordoit la liberté de confcience aux Païs-Bas, fut publié à Anvers le 12. de Juillet. On y mit cependant ces conditions: Que cette liberté n'auroit lieu que pour les villes qui voudroient en jouir, & qu'il feroit libre à chacun de prendre là-deffus le parti qui lui conviendroit; & l'on fit défenfes aux provinces de Hollande & de Zelande, de rien entreprendre contre la religion Catholique. Cet édit At échouer la négociation de l'empereur, mit la divifion parmi les Flamands, & forma un troifiéme parti de mécontens.

Les villes d'Anvers, de Malines, de Bergh, de Breda, de Bruges & d'Ypres, auffi-bien que toute la Frife & la Gueldre, accorderent des temples aux Proteftans Lutheriens, Zuingliens & Calviniftes. Champigni, frere du cardinal de Granvelle, vouloit qu'on exceptât de cette conceffion la ville de Bruxelles, qui étoit le lieu de la réfidence du gouverneur ; mais le peuple fe fouleva, & foupçonna ce feigneur d'être d'intelligence avec le cardinal fon frere, il fut arrêté au mois d'Août avec d'autres, & traité indignement, quoiqu'il eût rendu de grands fervices aux provinces. Les états fentant combien ils s'alloient rendre odieux aux Catholiques par cet CXVII. édit, députerent au pape Elbert Leonin, fçavant Les états jurifconfulte, pour juftifier les Flamands auprès députent au de fa fainteté, & lui faire connoître le danger pape, pour fuftifier leur auquel l'opiniâtreté des Espagnols avoit expofé la Flandre & la religion: mais ce député ne fut pas reçû favorablement; & fa fainteté appuya toujours dom Juan dans fes entreprises. Ce prin ce étant preffé par les plénipotentiaires des cou ronnes, d'accepter les propalitions des états qui

edit.

De Thon

1.66.

ten

tendoient à renvoyer la décision de ce qui concernoit la religion à une affemblée génerale, il AN. 1578, s'opiaiâtra, à vouloir auparavant, que la religion Proteftante ne fût point foufferte dans les PaisBas, qu'on quittât les armes, & qu'on renvoïât le prince d'Orange en Hollande. Sa réfolution étoit, de traîner la guerre en longueur, perfuadé que les états, faute d'argent, ne pourroient pas entretenir long-tems leurs troupes étrangeres, & eft qu'il les épuiferoit à la fin.

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CXVII

Le Haynaut & l'Artois indignez qu'on vou- Divifion lût introduire chez eux le Lutheranifme & le entre les Calvinisme au préjudice de l'accord qu'on avoit peuples des fait, en témoignerent leur mécontentement par Pais - Pas le refus de fournir les contributions néceffaires De Then pour l'entretien des troupes héretiques. Les Gan-lib. 66, tois irritez contre les provinces Wallones, avancerent de l'argent pour payer les Allemands, & voulurent les retirer de force du Hainaut & de l'Artois. Dans le même tems, ceux de ces deux dernieres provinces prirent les armes, attaquerent la Flandre, s'emparerent de Menin, coururent le païs, & fous le nom de mécontens, formerent un nouveau parti, qui ne voulut ni reconnoître dom Juan d'Autriche pour gouverneur, ni fe joindre aux états. Ils fe difoient fidéles au roi & à la religion, & proteftoient qu'ils ne s'en départiroient jamais: ce qui caufa de grandes brouilleries entre ces peuples & ceux de Gand, naturellement mutins. Ces derniers avoient à leur tête un certain Jean d'Imbife, homme ambitieux, également fier & avare: ils engagerent Bruges & Ypres dans leur parti, & y mirent des gouverneurs à leur dévotion, auffi bien que dans Dermonde, Oudenarde, Aloft, & dans d'autres petites villes de Flandre: ils leverent des troupes; & après avoir vendu & confifqué les biens du clergé, ils démolirent les monaiteres & les ég'ifes, abolirent dans tout leur reffort l'exercice de la

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AN. 1578. religion Catholique. Ceux de Bruxelles & d'An- vers leur députerent, fans pouvoir rien gagner fur eux. L'archiduc, le prince d'Orange & les états, ne réüssirent pas mieux; jamais les Gantois ne voulurent reftituer aux Catholiques les trois églifes, que leur demandoit ce prince, ni rendre la liberté aux gentilshommes qu'ils tenoient prifonniers: ce qui caufa une infinité de défordres.

CXIX.

dont le

Le duc d'Alençon leur envoïa auffi Henri Gouffier fieur de Bonnivet, qui après leur avoir fait beaucoup d'offres de fervices de la part de fon maître, demanda qu'ils remiffent à ce prince la décision du differend qui s'étoit élevé entre eux & les provinces Wallones, & qu'ils lui con-fiaffent les prifonniers qu'ils avoient. Davidfon envoïé de la reine d'Angleterre, fit auffi les mêmes demandes dans une audience qu'il eut l'onziéme de Novembre, & les exhorta à rentrer en eux-mêmes, pendant qu'il étoit encore tems de fe foumettre aux états, à écouter les avis du prince d'Orange, à rendre au clergé fes revenus, à fe conformer au dernier édit donné en faveur des Proteftans, & à mettre les prifonniers qu'ils avoient en fequeftre, ou entre fes mains: mais toutes ces démarches ayant été inutiles, le prince d'Orange crut devoir entreprendre lui-même en perfonne d'appaifer ces mutins. 11 fe rendit donc le 22. de Novembre à Tenremonde, où il fut falué par les principaux bourgeois de Gand, & même par ceux de la faction d'Imbife. Le prince enfuite fe tranfporta à Gand, où l'on convint de quelques articles.

Ces articles étoient: Qu'on rendroit aux ecArticles clefiaftiques leurs biens & leurs revenus: Qu'on rètabliroit dans la ville l'exercice de la religion prince d'O- Romaine; que cependant les Catholiques ne range con- pourroient faire dans les rues & places publiques les Gantois leurs proceffions, & qu'ils renfermeroient leur

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1.66.

dévotion à cet égard dans l'enceinte de leurs égli- AN. 1578. fes: Qu'il leur feroit permis de porter publique- touchant la ment le viatique aux malades, pourvu que ce religion. kfût fans appareil: Qu'il feroit défendu aux artifans, De Thom de travailler publiquement les jours de fêtes, &' qu'alors les boutiques feroient fermées : Qu'on ne vendroit point de viande au marché dans les tems défendus: Que de part & d'autre, foit en public, foit en particulier, furtout dans les fermons on ne fe diroit point d'injures, & qu'on ne s'attaqueroit point par des reproches capables de rallumer la fédition. Enfin que les uns & les autres, Catholiques & Proteftans, fe foumettroient aux reglemens du magiftrat particulier hiqui les gouvernoit, & fe conformeroient aux or

de de

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dres des états géneraux. Ces troubles ainsi appaikafez, les états ne penferent plus qu'à fe raccom moder avec les feigneurs, & les habitans des provinces Wallones: mais ces derniers refuferent toujours conftamment de foufcrire au dernier édit donné en faveur des Proteftans, à quelque condition que ce fût; le marquis d'Havré & Adolphe de Meetkerke, que l'archiduc & les états avoient envoyez, ne purent rien gagner fur eux..

tems

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CXX.

De Thon

Dom Juan d'Autriche efperoit toujours de ré- Mort de tablir dans peu l'autorité du roi d'Efpagne, lorf- dom Juan que toutes fes efperances furent tranchées avec fa d'Autriche. vie par une mort précipitée, qui arriva le pre- Strada de mier d'Octobre dans fon camp près de Namur, bello Belg. le jour même auquel il avoit remporté autrefois 10. les victoires de Lepante & de Tunis. Il fut en-1. 66. terré avec beaucoup de pompe & de magnifi- Grotius de cence dans l'églife cathedrale de Namur, d'où bello Belg. enfuite il fut tranfporté en Espagne, & déposé dans le monaftere de l'Efcurial auprès du tombeau de Charles V. fon pere, dont il n'étoit le fils naturel. Dom Juan étoit né à Ratisbonne en 1547 & n'étoit que dans la trente-deuxième année de fon âge, lorfqu'il mourut.

que

Le

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