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Il partage

pauvres ci

toyens.

troupes pour réconcilier les Romains avec les Sabins. Dès que Tullus fut monté sur le trône, il fit une acdes terres aux tion mémorable qui lui' gagna le cœur des pauvres et des artisans. Les deux rois ses prédécesseurs jouissoient d'une grande et fertile campagne qui faisoit partie de leur domaine particulier, et dont les revenus étoient employés aux frais de leurs sacrifices, et à la dépense de leur table. Tullus permit qu'on en fìt le partage entre ceux qui n'avoient point de fonds de terres, disant que son patrimoine étoit plus que suffisant pour toutes les dépenses qu'il auroit à faire.

Il enferme

lius dans la

ville.

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En même temps, pour subvenir aux besoins de ceux le mont Ce qui n'avoient pas de quoi se loger, il renferma le mont Célius dans l'enceinte de Rome. Là, tous les Romains qui n'avoient pas de domicile se bâtirent une demeure. Il y établit lui-même son palais, et plusieurs des principaux citoyens s'y établirent aussi. C'est tout ce que Tullus fit de considérable dans le gouvernement politique durant la paix.

Guerre con

bains.

Elle ne fit pas l'objet de ses désirs pendant son règne. tre les Al- Loin de ressembler en ce point à Numa son prédécesseur, Liv. lib. 1, il témoigna plus d'ardeur pour la guerre que Romulus Dionys.l.3, même. Son âge, sa constitution robuste, la gloire de son p. 136-160. aïeul, tout lui inspiroit un courage martial. Persuade

сар. 22-26.

qu'un long et ignoble loisir ne manqueroit pas d'affoibli et d'énervér les Romains, il n'attendoit qu'une occasion de leur faire prendre les armes. Elle se présenta bientôt Cluilius, dictateur d'Albe, jaloux des prospérités de Rome donna secrètement commission à des gens sans aveu piller les terres des Romains, dans l'espérance que cett première démarche pourroit produire une rupture entr les deux peuples. Ce qu'il souhaitoit arriva. Ceux qu étoient offensés coururent à la vengeance; et Cluilius attentif au succès de ce piége, persuada à ses compatriote que ce qui n'étoit véritablement qu'une représaille étoi

a Le mont Célius avoit déjà été ajouté à la ville par Romulus et Tatius. Mais ce fut apparemment d'a

bord un simple faubourg. Iei il enfermé dans l'enceinte des m railles.

une insulte, et qu'il la falloit repousser les armes à la main. Et afin que cette infraction parût un acte de justice, avant que de déclarer la guerre, il engagea la ville d'Albe à envoyer des ambassadeurs pour demander réparation de l'offense. Il prétendoit ainsi satisfaire à un traité conclu entre Rome et Albe sous le règne de Romulus, par lequel les deux peuples étoient convenus de ne se point faire la guerre, et avoient réglé que, si l'un se prétendoit lésé par l'autre, il demanderoit justice à l'offenseur; mais que, s'il ne l'obtenoit pas, il lui seroit alors permis de se la faire lui-même par les armes.

Hostilius, du moins aussi fin que son ennemi, dont il découvroit l'artifice, reçut ces ministres publics avec une démonstration de civilité qui les trompa; et les retenant auprès de lui sous divers prétextes, il gagna assez de temps pour envoyer à leur insu ses ambassadeurs à Albe se plaindre de la paix violée, et exiger une satisfaction proportionnée à l'injure. Cluilius répondit avec toute la hauteur d'un homme déterminé à faire la guerre. Après le retour des ambassadeurs romains, Hostilius donna audience à ceux d'Albe, se plaignit de la réponse fière de leur dictateur, et déclara que, puisqu'ils désiroient la guerre, il la leur déclaroit le premier, et qu'ils s'attendissent à la voir incessamment commencer.

lieu

Av. J.C.667.

pour un ac

On se mit bientôt en campagne de part et d'autre. Les AN. DR R.85. Albains vinrent camper à cinq milles de Rome, dans un qu'on appela depuis le fossé de Cluilius. Peu de temps après on trouva ce général mort dans sa tente, sans qu'on en pût deviner la cause. Il eut pour successeur au commandement Métius Suffétius. Celui-ci, avant que d'en Entrevue venir aux mains, crut devoir tenter quelque voie d'ac- commodecommodement. Les avis qu'il reçut que quelques villes ment. voisines avoient dessein de les venir attaquer pendant qu'ils seroient occupés à combattre, et de tomber également sur les vainqueurs et sur les vaincus, le déterminèrent à cette démarche. Tullus ne refusa pas d'entrer en conférence, quoiqu'il en attendît peu de succès, Ils

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convinrent d'une entrevue, et le rendez-vous fut à une distance égale des deux camps. Les deux chefs s'y trouvèrent, accompagnés chacun des principaux officiers de leur armée. L'Albain prit la parole, et commença le premier en ces termes : « Je sais que Cluilius apportoit « pour cause de cette guerre les torts qu'il prétendoit que « nous avions reçus de Rome, et le refus qu'elle avoit fait de nous donner satisfaction; et je suis persuadé que « vous aussi, de votre côté, alléguez des motifs tout sem«blables. Mais si, au lieu de nous éblouir nous-mêmes << par de spécieux prétextes, nous voulons parler vrai, « nous reconnoîtrons que c'est l'ambition et le désir de do«miner qui a fait prendre les armes à deux peuples voi«sins et unis par le sang. Je n'examine point si cette con«duite est juste ou non : une telle délibération regardoit «< celui qui a entrepris la guerre : quant à moi, c'est pour « la faire que j'ai été mis en place. Mais je ne puis m'empêcher, Tullus, de vous inviter à faire avec moi une réflexion. Vous savez combien les Etrusques, qui nous "environnent, sont à craindre; et vous le savez d'autant mieux, que vous en êtes plus voisins que nous. Ils sont « très-puissans sur terre et sur mer. Souvenez-vous qu'a près que nous aurons donné le signal de l'action, atten tentifs sur nos deux armées, ils ne manqueront pas d'at taquer avec avantage les vainqueurs et les vaincus, qu' ils « trouveront affoiblis et épuisés les uns et les autres par un << rude combat. C'est pourquoi, si les dieux nous aiment puisque, non contens de la liberté dont nous jouissons « en assurance, nous voulons courir le risque de l'empire << ou de la servitude, cherchons une voie qui, sans coûte << de part ni d'autre beaucoup de sang et de perte, décide <«< du sort des deux peuples.» La proposition ne déplu point à Tullus, quoique son inclination naturelle, et l'es pérance de la victoire, lui donnassent plus de goût pour un bataille. Dans l'incertitude où ils étoient du moyen qu'il devoient prendre, le hasard leur en fournit un qui fix leur doute.

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races et des

у avoit dans les deux armées, de part et d'autre, Combat sintrois frères, égaux pour l'âge et pour les forces, nommés gulier des Holes Horaces et les Curiaces. Le sentiment le plus commun Curiaces. (car les auteurs ne s'accordent pas sur ce point) est que les Horaces étoient du côté des Romains. Les uns et les autres acceptèrent avec joie un choix qui leur étoit si honorable, et qui fut envié par beaucoup d'autres. On convint du temps et du lieu, et il fut arrêté entre les Romains et les Albains, par un traité solennel, que celui des deux peuples dont les citoyens auroient remporté la victoire commanderoit à l'autre, et le gouverneroit sous des lois équitables.

1 Le traité conclu, les trois frères, de chaque côté, prennent les armes comme on en étoit convenu. Pendant que chaque parti exhorte les siens à bien faire leur devoir, en leur représentant que les dieux tutélaires de Rome ou d'Albe, la patrie, leurs pères et leurs mères, tout ce qu'il y avoit de citoyens présens ou absens ont les yeux attachés sur leurs armes et sur leurs bras, ces généreux athlètes, pleins de courage par eux-mêmes, et animés encore par de si puissantes exhortations, s'avancent au milieu des deux armées. Elles étoient rangées de part et d'autres autour du champ de bataille, exemptes à la vérité du danger présent, mais non pas d'inquiétude, parce qu'il s'agissoit

a

Denys d'Halicarnasse dit clairement que de part et d'autre ces trois frères étoient jumeaux, Le terme employé par Tite-Live, trigemini fratres, n'est point contraire à ce sens : mais je crois qu'on peut l'entendre aussi de trois frères simplement. Ces deux mots trigeminus et tergeminus, qui sont employés indifféremment par les auteurs, signifient tantôt trois jumeaux,tantôt simplement trois.

Le même Denys d'Halicarnasse dit que les Horaces et les Curiaces étoient Cousins germains, nés de deux sœurs, filles de Séciénius, Albain, dont l'une avoit épousé Curiace à Albe, et l'autre Horace à Rome.

1 Fœdere icto, trigemini, sicut convenerat, arma capiunt. Cùm sui utrosque adhortarentur, deos patrios, patriam ac parentes, quidquid civium domi, quidquid in exercitu sit, illorum tunc arma, illorum intueri manus: feroces et suopte ingenio, et pleni adhortantium vocibus, in medium inter duas acies procedunt.Consederant utrinque pro castris duo exercitus, periculi magis præsentis quàm curæ expertes : quippè imperium agebatur, in tam paucorum virtute atque fortuná positum. Itaque ergo erecti suspensique in minimè gratum spectaculum animo intendun

tur.

de l'empire, dont le sort étoit remis à un si petit nombre de combattans. Occupés de ces pensées, et dans l'attente inquiète de ce qui alloit arriver, ils donnent toute leur attention à un spectacle qui n'étoit rien moins qu'agréable pour eux.

On donne le signal, et ces braves héros, montrant en eux six le courage de deux armées, s'avancent fièrement les uns contre les autres. Insensibles à leur propre peril, ils n'ont devant les yeux que celui de leur patrie, qu'ils vont ou mettre en possession de l'empire par leur victoire, ou réduire à la servitude par leur défaite. Dès qu'on entendit le choc de leurs armes, et qu'on vit briller leurs épées, les spectateurs, saisis de crainte et d'alarme, sans que l'espérance penchât encore de part ou d'autre, restèrent tellement immobiles, qu'on eût dit qu'ils avoient perdu l'usage de la voix et de la respiration.

Ensuite, 2 lorsqu'en étant venus aux mains, cé ne fût plus seulement le mouvement des corps et l'agitation des armes, mais les blessures et le sang qui servirent de spectacle, deux Romains tombèrent morts aux pieds des Albains, qui tous trois avoient été blessés. Au moment de la chute des deux Horaces, l'armée ennemie poussa de grands cris de joie, pendant que de l'autref côté les légions romaines demeurèrent sans espérance, mais non sans inquiétude, tremblant pour le Romain qui étoit resté seul, et que les trois Curiaces avoient

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