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tribuns militaires au lieu de consuls, dans l'espérance que de six places, car il étoit permis de créer jusqu'à six tribuns militaires, ils en obtiendroient quelques-unes. Le peuple ne créa que trois tribuns militaires, tous patriciens, au nombre desquels il mit L. Quintius, fils de Cincinnatus, dont on cherchoit à lui rendre la dictature odieuse.

§. III. Ambassadeurs romains tués par l'ordre de Tolumnius, roi des Veiens. Ce roi est tué dans le combat par Cossus, qui remporte les secondes dépouilles opimes. La censure est réduite à dix-huit mois. Loi singulière à l'égard des candidats. Les consuls sont forcés de nommer un dictateur. Ils choisissent Postumius Tubertus, qui remporte une grande victoire sur les Eques et les Volsques. Les Veiens remportent un avantage sur les Romains. Mamercus Æmilius est nommé dictateur. Il rassure le peuple qui étoit fort alarmé, et remporte une grande victoire sur les Veiens et les Fidénates. Plaintes des tribuns du peuple. Malheureuse campagne de Sempronius chez les Volsques. Belle action de Tempanius qui sauve l'armée. Sage réponse de Tempanius aux tribuns du peuple. Il est fait tribun du peuple. Sa conduite généreuse à l'égard de Sempronius.

MAMERCUS EMILIUS.

L. QUINTIUS.

L. JULIUS

AN R. 317.
Av. J.C.453.

Ambassa

deurs romains tués

Tolumnius, roides Veïens

La ville de Fidènes, qui étoit une colonie romaine, se rangea cette année-ci du côté des Veïens, qui avoient alors pour roi Lars Tolumnius. Ils ajoutèrent à la révolte un par l'ordre de crime bien plus noir, en tuant par l'ordre de Tolumnius les ambassadeurs romains qui venoient se plaindre, et Liv. v, 17. demander les raisons du nouveau parti qu'ils avoient pris. Quelques écrivains, pour couvrir la faute du roi, disent qu'une parole qu'il prononça en jouant aux dés fut prise par les Fidénates, qui venoient le consulter sur le traite

18.

AN. R. 518.
Av. J.C.434.

Tolumnius

combat par

ment qu'ils devoient faire aux ambassadeurs, comme un ordre de les tuer. Mais Tite-Live rejette bien loin cette manière de raconter le fait, et montre qu'il est hors de toute vraisemblance qu'un prince consulté par de nouveaux alliés sur un cas aussi grave que celui dont il s'agit ici eût continué tranquillement son jeu; et qu'il est tout naturel de penser que le roi leur donna ce conseil pour les engager plus fortement dans son parti par une rupture de cette sorte, qui ne leur laissoit aucun lieu de retour vers les Romains.

Quoi qu'il en soit, ceux-ci commencèrent par ériger près de la tribune aux harangues des statues aux trois ambassadeurs qui avoient été tués: puis ils songèrent sérieusement à tirer vengeance d'un violement si horrible du droit des gens. L'importance de l'affaire empêcha les tribuns d'exciter du trouble. On nomma des consuls.

M. GÉGANIUS MACERINUS. III.

L. SERGIUS FIDÉNAS.

Sergius marcha contre le roi des Veïens, et remporta sur lui une victoire assez considérable, mais qui lui coûta cher. Aussi la perte d'un grand nombre de citoyens qui y périrent affligea plus Rome que la défaite des ennemis ne lui causa de joie. Il paroît que ce fut cette victoire qui fit donner au consul le surnom de Fidénas.

Pour terminer heureusement cette guerre, le sénat est tué dans crut devoir nommer un dictateur. On choisit Mamercus Cossus, qui AEmilius. Il prit pour général de la cavalerie L. Quintius remporte les secondes dé- Cincinnatus, dont le mérite, dans une assez grande jeupouilles opi- nesse, répondoit déjà à la réputation de son père, et qui, Lviv, 19. l'année précédente, avoit été un des collègues d'AEmilius

mes.

20.

dans la charge de tribun militaire. Aux levées que les consuls avoient faites se joignirent de vieux centurions fort aguerris et pleins de courage. On remplaça le nombre des soldats qui avoient été tués dans le dernier combat. Quintius Capitolinus et M. Fabius Vibulanus suivirent fe dictateur en qualité de lieutenans.

Les deux armées en vinrent aux mains près de Fi

dènes. Celle des ennemis étoit plus nombreuse. Les Veïens étoient placés à l'aile droite; les Falisques, qui étoient venus à leur secours, à la gauche; les Fidénates au corps de bataille. Du côté des Romains, le dictateur commandoit l'aile droite, Quintius Capitolinus la gauche; audevant du centre étoit placée la cavalerie avec son général. Celle-ci commença le combat, et fut bientôt suivie de l'infanterie. Les légions étrusques ne purent soutenir le choc des Romains: leur cavalerie, animée par la présence du roi, tint plus ferme. Il y avoit dans la cavalerie romaine un officier nommé A. Cornélius Cossus, d'une illustre naissance, bel homme et d'une taille avantageuse, et encore plus recommandable par sa bravoure. La noblesse et le mérite de ses ancêtres lui élevoient le courage : il en soutint la gloire, et sut même l'augmenter. Voyant que Tolumnius jetoit le trouble et l'effroi partout où il se portoit : « Est« ce donc là, s'écria-t-il, l'infracteur des lois les plus «< saintes et du droit des gens? Je me flatte, s'il y a des << dieux vengeurs du crime, d'immoler bientôt cette vic« time aux mânes de nos ambassadeurs. » En parlant ainsi, il pique des deux, s'avance avec impétuosité contre le roi la lance à la main, et du premier coup le renverse de dessus son cheval. Il saute lui-même à bas du sien dans le moment; et comme le roi se relevoit, il le renverse une seconde fois avec son bouclier sur le dos; et après lui avoir porté plusieurs coups, il le perce de part en part, et le tient attaché à la terre. Pour lors il le dépouille, et lui ayant coupé la tête, et la portant au bout de sa lance, il annonce lui-même sa victoire à l'armée ennemie par ce trophée sanglant, et répand partout la terreur. Ce ne fut plus un combat dans la cavalerie, mais une déroute. Le dictateur, de son côté, avoit enfoncé les légions étrusques; il les pousse vivement, et en fait un grand carnage, Commandans, officiers, soldats, tous également animés du désir d'une juste vengeance, secondent merveilleuse¬ ment son zèle. La victoire fut complète.

Le dictateur rentra triomphant dans Rome. Mais, il faut l'avouer, Cossus, portant les dépouilles opimes du

Av. R. 319.

roi qu'il avoit tué de sa main, eut tout l'honneur du triomphe, et attira sur lui tous les yeux, par la nouveauté de ce spectacle. C'étoient les secondes dépouilles opimes qu'on eût remportées depuis la fondation de Rome. Cossus plaça les siennes dans le temple de Jupiter Féretrien, près de celles de Romulus.

loit

1

L'opinion commune, du temps même de Tite-Live, étoit que, pour remporter des dépouilles opimes, il falque ce fût un général qui en eût tué un autre. 1 Varron pensoit autrement. Il est constant que Cossus n étoit pour lors que simple officier. L'empereur Auguste attestoit néanmoins, pour l'avoir vu lui-même, que le titre inscrit sur les dépouilles de Cossus lui donnoit la qualité de consul. Il le fut quelques années après, mais dans un temps où certainement il n'y eut point de pareil combat. Ne se peut-il pas faire que ce titre aura été apposé .du temps après par quelqu'un des descendans de Cossus, qui l'aura appelé consul, non qu'il le fût quand il remporta cette victoire, mais parce qu'il l'a été depuis ? TiteLive, qui n'osoit pas sans doute réfuter le témoignage d'Auguste, dont il ne paroît pas fort touché, ne s'explique pas ici clairement.

Av. J.C.433.

Liv. IV, 21

23.

M. CORNELIUS MALUGINENSIS.

L. PAPIRIUS CRASSUS.

Sp. Mélius, tribun du peuple, appela en jugement Minucius et Servilius Ahala. Tite - Live dit que cette accusa* Cic. orat. tion n'eut pas de suite: cependant * Cicéron et Valère pro domo,n. Maxime marquent que le dernier fut envoyé en exil.

Val. Max.

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La peste, qui s'étoit fait sentir dès l'année précédente, fit encore plus de ravage pendant celle-ci, tant dans la ville qu'à la campagne. Elle donna aux Fidénates la har diesse de s'avancer presque jusqu'aux portes de Rome. Ils

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Opima spolia etiam esse si manipularis miles detraxerit, dummodò duci hostium. Varr. apud Fest.

étoient soutenus des Veïens. On créa un dictateur : ce fut A. Servilius, qui choisit pour général de la cavalerie Postumus AEbutius Elva. La guerre fut terminée par la prise de Fidènes.

Les censeurs C. Furius Pacilus et M. Géganius Macérinus firent construire dans le Champ-de-Mars un grand édifice, que l'on peut comparer à ce que nous appelons maison ou hôtel-de-ville, si ce n'est qu'il étoit hors des Villapublimurs. On y fit pour la première fois le dénombrement du ca. peuple.

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C. JULIUS. III.

L. VIRGINIUS. II.

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AN. R. 521.

Av. J.C.451.

18 mois.

Sur le bruit que les douze peuples qui composoient l'état et le corps entier de l'Etrurie se préparoient à attaquer les Romains, on créa dictateur pour la seconde fois Mamercus AEmilius, qui choisit pour général de la cavalerie A. Postumius Tubertus. Ce bruit de guerre s'étant a censure dissipé, le dictateur, qui se vit privé de la gloire que les est réduite à armes auroient pu lui acquérir, songea à laisser pendant Liv., 4. la paix un monument de sa dictature par une nouvelle loi qu'il proposa au sujet de la censure. Il représenta au peuple « qu'il étoit important pour la liberté que les grandes charges de l'état ne fussent pas de longue durée: « que toutes les autres étoient annuelles, et la censure seule de cinq ans : qu'on pouvoit craindre que quelques « censeurs, moins affectionnés au bien public que ceux qu'on << avoit eus jusqu'ici, n'abusassent d'une autorité de si lon«< gue durée : que d'ailleurs il étoit onéreux aux particu« liers d'avoir pendant un si long terme les mêmes hom« mes pour inspecteurs et arbitres de leur conduite : qu'il croyoit qu'on pouvoit réduire la censure à dix« huit mois. » La loi fut acceptée par un consentement unanime du peuple. Et afin, dit-il, que vous sachiez que les charges de longue durée ne sont point de mon goût, j'abdique la dictature dès aujourd'hui: et il abdiqua en effet.

«

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Les censeurs furent choqués jusqu'au vif de cette nou

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