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AN. R. 330.
Av.J.C.422.

Liv. iv, 35.

36.

AN. R. 331.
Av. J.C.421.

Plaintes des

tribuns du

peuple.

36.

prise. Dès que le dictateur l'eut aperçu, il y mène ses troupes, et s'avance vers la citadelle, où les soldats et les bourgeois se réfugioient en foule. Le carnage fut grand, jusqu'à ce qu'ayant mis has les armes, ils se rendirent à discrétion, ne demandant que la vie sauve. La ville et le camp furent abandonnés au pillage. Le dictateur rentra à Rome en triomphe, où il reconduisit son armée victorieuse et chargée de dépouilles. Mamercus, ayant déposé la dictature seize jours après l'avoir reçue, fit douter si sa modération n'étoit pas encore plus grande que sa valeur, et laissa dans une grande paix et une parfaite tranquillité la ville, qu'il avoit trouvée dans une extrême consternation.

A. SEMPRONIUS ATRATINUS.

L. QUINTIUS CINCINNATUS. II.
L. FURIUS Médullinus.

L. HORATIUS BARBATUS.

On accorda aux Veïens une trève pour vingt ans, et aux Eques pour trois ans seulement, quoiqu'ils l'eussent demandée pour plus de temps.

AP. CLAUDIUS CRASSUS.

SP. NAUTIUS RUTILUS.

L. SERGIUS FIDÉNAS.

SEX. JULIUS IULUS.

Les jeux qu'on avoit voués pendant la guerre sont célébrés avec un grand appareil, et avec un grand concours des peuples voisins, qui furent bien contens des manières gracieuses et prévenantes dont les Romains exercèrent l'hospitalité à leur égard,

Après la célébration des jeux, les tribuns, fort mécontens et irrités de voir que les plébéiens n'avoient encore Liv. iv, 35. pu parvenir à une seule place parmi les tribuns militaires, quoique cela dépendît absolument du peuple, lui en firent de vives plaintes dans leurs harangues. Ils reprochoient à la multitude «< qu'enchantée par une aveugle et stupide << admiration de ceux pour qui elle avoit dans le fond une

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« véritable haine, elle se retenoit elle-même dans une « éternelle servitude; et que non-seulement elle n'osoit aspirer au consulat, mais que dans la nomination des << tribuns militaires, à laquelle les deux ordres avoient un « droit égal, elle s'oublioit elle-même, et ceux qui lui « étoient attachés. Ils disoient qu'elle ne devoit pas s'éton«ner que personne ne songeât plus à défendre les intérêts « du peuple : ' qu'on s'exposoit volontiers à toutes sortes « de travaux et de dangers pour ceux de qui l'on pouvoit << raisonnablement espérer de la protection et des hon« neurs : que les hommes seroient capables de tout entreprendre, si la grandeur des récompenses répondoit à « celle des entreprises. Mais qu'un tribun du peuple se jette tête baissée dans des disputes où il ne voit pour « lui que des dangers et nul avantage, et dont il est sûr << que tout le fruit qu'il peut se promettre sera, du côté des sénateurs, une haine implacable et une persécution éternelle, et du côté du peuple, pour qui il aura combattu, « un oubli entier de ses intérêts, c'est ce qu'il ne faut ni << attendre ni demander. Ce sont, disoient-ils, les grands «< honneurs qui font les grands courages. Aucun plébéien << ne se méprisera lui-même, s'il cesse d'être méprisé. On << devroit au moins faire un essai dans quelques-uns d'eux, << en éprouvant de quoi ils sont capables, et voir si ce se<«<roit une chose qui tiendroit si fort du prodige de trouver << un homme de courage et de mérite parmi ceux du peu<< ple. On a obtenu, après bien des combats, que les tri<< buns militaires avec l'autorité de consuls pourroient être « tirés du peuple. En conséquence, des plébéiens, estimés généralement pour les services qu'ils ont rendus à l'état « tant en paix qu'en guerre, se sont présentés pour cette |«< charge. Dans les premières années, moqués et refusés honteusement, ils ont servi de risée aux patriciens : ils « ont depuis cessé de se produire pour ne point se donner « en spectacle, et ne point essuyer un affront si sensible.

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1 Eò impendi laborem ac periculum, undè emolumentum atque honos speretur. Nihil non agressuros

homines, si magna conatis magna præmia proponantur.

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« Nous ne voyons pas pourquoi on n'abrogeroit point en« tièrement une loi qui donne un droit dont on ne fera jamais usage. Pour lors, quelque injustice qu'il y eût « dans ce procédé, il y auroit moins de honte pour les plébéiens de n'être point admis à une charge dont l'en«trée leur seroit interdite que d'en être exclus comme « indignes. »

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Ces sortes de harangues étoient écoutées avec plaisir et reçues avec applaudissemens. Elles engagèrent quelques plébéiens à se présenter pour demander le tribunat militaire, faisant espérer au peuple qu'ils porteroient pendant leur magistrature des lois favorables à ses intérêts, comme de faire un partage des terres appartenantes au public d'établir de nouvelles colonies pour le soulagement des citoyens, d'imposer une certaine somme sur les possesseurs des terres, qui serviroit à donner une paie aux soldats. Les tribuns militaires qui étoient actuellement en place n'ignoroient rien de tout ce qui se passoit parmi le peuple. Ils profitèrent d'une conjoncture où il étoit resté peu de monde à Rome; et ayant fait donner clandestinement avis aux sénateurs de s'y rendre un certain jour, le sénat, en l'absence des tribuns du peuple, donna un décret qui portoit que, vu les nouvelles qu'on avoit reçues que les Volsques s'étoient mis en campagne pour ravager les terres des Herniques, les tribuns militaires partiroient sur-le-champ pour s'informer sur les lieux de ce qui en étoit ; que cependant on tiendroit l'assemblée pour nommer des consuls. En partant ils laissèrent à Rome, pour gouverner la ville, celui d'entre eux sur la fermeté duquel ils comptoient le plus : c'étoit Appius Claudius, fils du décemvir, jeune magistrat plein de feu et de hardiesse, et qui avoit sucé avec le lait la haine du peuple et de ses tribuns. Il convoqua l'assemblée sur-le-champ, et l'on nomma des consuls. Les tribuns du peuple, à l'insu desquels Tite-Live suppose que tout ceci s'étoit passé, demeurèrent fort surpris et interdits. Ils ne pouvoient s'en prendre, ni à ceux qui avoient porté le décret, ils étoient absens ; ni à Appius, l'affaire étant faite et consommée.

Je ne sais s'il convenoit à une compagnie aussi grave et aussi respectable qu'étoit le sénat d'user de petites ruses comme elle fait ici pour nommer des consuls. Je trouve bien plus de noblesse dans la conduite du peuple, et je ne me lasse point de l'admirer. Animé par ses tribuns, il avoit fait les derniers efforts pour être admis au consulat, et en étoit venu aux dernières extrémités. Tout étoit en feu, et l'on avoit tout à craindre, tant la populace paroissoit aigrie et prête à commettre les plus grandes violences. Le sénat se relâche, et accorde aux plébéiens ce qu'ils demandoient, en changeant seulement le nom. Le peuple choisit sur-le-champ trois tribuns militaires avec l'autorité de consuls, et il n'en tire aucun du corps des plébéiens. Qu'est donc devenue cette fureur du peuple prêt à tout renverser? Semblable à ces orages violens, mais momentanés, qui ne laissent point de traces après eux, elle se change en une sagesse et une modération qui n'ont point d'exemple. Il seroit peut-être moins étonnant que le peuple, charmé de la condescendance du sénat, dans ce premier moment et dans cette espèce d'enthousiasme de joie, se fût piqué de ne point céder en générosité à cette auguste compagnie, et de renoncer noblement à ses propres intérêts; mais que, malgré les vives et continuelles sollicitations de ses tribuns, il ait persisté dans les mêmes sentimens pendant plusieurs années, car il s'en est déjà passé vingt depuis l'établissement des tribuns militaires, et il s'en passera encore autant sans que les plébéiens soient admis à cette charge, c'est ce qui me paroît au-dessus de toutes les louanges. Il y a lieu de juger que le peuple pensoit et agissoit ainsi par estime pour la sagesse et la prudence des sénateurs, entre les mains desquels il trouvoit l'autorité du gouvernement mieux placée que dans celles des plébéiens. Un mat de la harangue des tribuns que j'ai rapportée auparavant semble l'insinuer. Ils reprochent au peuple qu'enchanté par une aveugle et stupide admiration des sénateurs, il se condamne lui-même à une éternelle servitude, quòd admiratione eorum quos odisset stupens, in æterna seipsa teneret servitio. Voilà donc,

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AN. R. 332.

Av. J.C. 420.

Les Samni

selon les tribuns, la raison pour laquelle le peuple n'a point voulu jusqu'ici admettre les plébéiens aux premières charges de l'état. Y a-t-il rien qui puisse lui faire plus d'honneur?

C. SEMPRONIUS ATRATInus.

Q. FABIUS VIBULANUS.

Tite - Live rapporte sur cette année un événement s'établis étranger, mais qui regarde une ville dont les liaisons avec Liv.v, 37. l'histoire romaine deviendront grandes dans la suite. Les

Malheureuse

ques.

Samnites faisoient depuis longtemps la guerre aux Etrusques, apparemment au sujet d'une ville appelée pour lors Vulturne, qui appartenoit à ces derniers. Geuxci, fatigués de la longueur et des dépenses de cette guerre, consentirent enfin que les Samnites envoyassent une colonie à Vulturne, et qu'ils fussent mis en possession d'une partie de la ville et du territoire. Quelque temps après, les Samnites, profitant d'une solennité publique qui se passoit en festins et en réjouissances, égorgèrent pendant la nuit tous les anciens habitans, qu'ils trouvèrent ensevelis dans le vin et le sommeil, et devinrent, par cet horrible massacre, seuls maîtres et possesseurs de la ville. Ils lui firent changer de nom, et l'appelèrent Capua, de Capys leur chef, ou pour quelque autre raison.

Le bruit des préparatifs extraordinaires que faisoient campagne de les Volsques ne se trouva que trop vrai. Sempronius marcha Sempronius chez les Vols- contre eux. C'étoit un général plein de valeur, populaire, Livv, 37. et familier avec les soldats, dont il étoit adoré; mais plus soldat lui-même que grand capitaine, et qui faisoit la guerre comme si le courage seul eût suffi pour remplir tous les devoirs d'un commandant. Comme il menoit une armée victorieuse contre des vaincus, il ne prit aucune des précautions qu'on peut regarder comme les gages certains d'un heureux succès. Il ne forma point de corps de réserve, disposa mal la cavalerie, et se conduisit en tout avec la dernière négligence, comptant sur une victoire assurée. Elle le fut, mais pour les Volsques. Le combat s'étant donné, les Romains ne firent pas grande résistance,

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