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de ces énormes pendans d'oreilles dont celle-ci paroît
ornée; ils font les mêmes dont Plaute disoit en parlant
d'un Carthaginois :

MI. Viden' homines farcinatos confequi ?
Atque, ut opinor, digitos in manibus non habent.

AG. Quid jam? MI. Quia incedunt cum annulatis auribus.

Il faut convenir que jamais un Auteur n'a eu plus beau jeu pour tourner en ridicule une mode d'Afrique, n'étoit point reçûe dans le pays qu'il habitoit.

qui

Après avoir remarqué la fingularité de la coëffure, il faut admirer l'élégance, la jufteffe de l'ensemble, & les fineffes de l'art que préfente ce monument. On l'a deffiné fous deux afpects, pour faire mieux fentir fon mérite, & juftifier un éloge qui pourroit être foupçonné d'exagération.

N°. II.

La pierre indiquée fous ce numéro eft une cornaline gravée en creux, dans laquelle on doit admirer principalement les détails. Je n'ai jamais vû de figures dont les extrémités foient plus correctement rendues, ni travaillées avec plus de goût & de précifion. J'avois d'abord pensé que celle-ci repréfentoit Mercure, & je m'étois fondé fur ce paffage de Paufanias. (a) « En entrant dans la rue qui va » droit au Lechaum, vous voyez un Mercure affis qui eft de bronze, & un bélier à côté de lui, pour marquer

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» que les troupeaux font particuliérement fous la pro

Penul. A&.v. Scen. 2. v. 19.

»tection de ce Dieu : comme le témoigne Homère, lorf- Iliad. xiv. V. 410, qu'en parlant de Phorbas, il dit que c'eft un riche Troyen,

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» Voyoit depuis long-temps profpérer les troupeaux, »

J'avois été frappé des rapports que je voyois entre ce

(a) Voy. de Cor. c. 3. Trad. de M. l'Abbé Gedoyn, p. 148.

témoignage & la figure qui donne lieu à cet article; mais je m'oppofois à moi-même que Mercure n'a jamais été représenté avec de la barbe, que le bélier n'eft pas le feul des fymboles qui le caractérisent, qu'on le reconnciffoit de plus au caducée & à la bourfe qu'il tenoit dans fes mains, au pétase ou chapeau aîlé qui couvroit fa tête, aux talonniéres qu'il avoit aux pieds, enfin à la tortue qu'on plaçoit auprès de lui. J'ai approfondi ces difficultés ; & peutêtre qu'en me défabufant de mon premier fentiment, elles m'ont conduit à la véritable explication de la pierre.

On conferve au cabinet du Roi deux médaillons d'argent, qui, à l'exception du bélier, représentent le fujet traité fur la cornaline. Par le goût de la fabrique & du travail, on juge qu'ils ont été frappés dans le Péloponèfe. Ils ont outre cela dans le champ un monogramme qui défigne les Arcadiens; & fur l'un de ces médaillons le rocher qui fert de fiége à la figure, présente le nom du mont Olympe. C'eft donc en Arcadie qu'il faut trouver le culte d'une Divinité à laquelle puiffent convenir les attributs qui paroiffent fur les médaillons & fur la pierre. Le Dieu Pan étoit particuliérement adoré des peuples de ce canton; ils lui avoient élevé en plufieurs endroits des ftatues & des temples; &, ce qui eft encore plus favorable à mon objet, un de ces temples avoit été conftruit fur le mont Lycae, appellé quelquefois Olympe. (a) Cet éclairciffement étoit néceffaire pour faifir l'efprit & l'intention du Graveur à qui nous devons cette belle cornaline. On y voit le Dieu des bergers affis fur un rocher, la tête penchée, & appuyée fur fon bâton : il eft plongé dans cette aimable rêverie que le calme de la folitude, & la vûe des troupeaux occafionnent également ; une brebis placée à la droite femble partager avec lui les douceurs du repos ; & la flûte à plufieurs tuyaux qu'il retient négligemment par un cordon, défigne qu'il faifoit fouvent retentir les montagnes de (4) Pauf. Voyage d'Arcad. c. xxxvIII.

l'Arcadie du fon de cet inftrument champêtre, dont les Arcadiens le croyoient inventeur: c'étoit lui qui le premier en avoit joint (a) les tuyaux; il avoit appris aux bergers l'art d'en tirer des fons agréables; & ces idées riantes avoient fi fort échauffé les efprits, qu'on croyoit l'entendre jouer lui-même fur le mont Monalius. (b) En conféquence, ce fymbole étoit devenu un de fes principaux attributs, & il paroiffoit non-feulement fur fes ftatues, (c) mais on le voit encore fur plufieurs médailles des Arcadiens que l'on conferve dans les cabinets.

N°. III.

Si cette cornaline gravée en creux ne nous donne pas en petit une copie de la célébre vache de Myron, elle nous offre un fujet qui n'eft pas moins agréable; & s'il a été représenté de grandeur naturelle, & par un Sculpteur qui y ait placé le même fentiment que le Graveur a exprimé dans l'efpace étroit de cette cornaline, il aura caufé autant de plaifir aux Spectateurs, que l'ouvrage de bronze qui a fourni le fujet de tant de jolies épigrammes que l'on trouve dans l'Anthologie. On ne voit point dans la defcription qu'on nous a donnée de la Vache de Myron, ce veau qui tette fa mere, tandis que celle-ci léve la tête, & femble en mugissant annoncer la fatisfaction qu'elle goûte. Un petit arbre donne à cette compofition un air champêtre qui convient au fujet. C'eft un véritable petit tableau Flamand: & l'Auteur du Traité des pierres gravées, à qui j'en ai fait autrefois préfent, l'a jugée digne d'être citée dans fon Ouvrage, comme un exemple de l'habileté des Anciens dans la représentation des animaux.

(a) Virgil. Eclog. 11. (b) Paus. Voyage d'Arcad. c. xxxvi. (c) Voyage d'Arcad. c. xxxi.

PLANCHE LI

N. I.

CE petit ouvrage de terre cuite dont la couleur est rougeâtre, eft haut d'un peu plus d'un pouce, & représente une belle femme. Cette tête inconnue n'a de défaut dans

fes proportions que de paroître un peu étroite au-dessous des yeux, lorfqu'on la regarde de face. Cette incorrection, s'il eft permis de fe fervir de ce terme, vient de la nature, & ne peut être rejettée fur l'Artifte, dont l'ouvrage eft d'ailleurs parfait. M. Taffin, Vice-Conful de l'Echelle de France au Caire, a apporté d'Egypte la tête dont je parle. Elle avoit été trouvée dans un foûterrain auprès de l'aiguille de Cléopatre. Je ne crains point de donner cette tête pour un très-beau morceau Grec; & comme les ouvrages d'une nation fi pleine de goût font trop intéreffans pour ne les faire connoître autant qu'il eft poffible, je rapporte celui-ci de face & de profil.

pas

A quoi feroit-il raisonnable d'attribuer le grand nombre de ces petites têtes qu'on trouve en Egypte ? On ne fçauroit douter qu'elles n'y foient communes, puifque dans un cabinet auffi peu confidérable que le mien j'en compte jufqu'à douze à-peu-près de la même proportion, exécutées par des Artistes de différentes Nations, & qui n'avoient rien de commun avec les Egyptiens, du moins quant aux ufages & aux pratiques. J'aurai foin de les ranger dans les claffes qui me paroiffent leur convenir.

N°. II.

LE Chevalier Maffei a publié vers la fin de fon quatriéme volume de pierres gravées, & parmi celles qu'il regardoit comme de travail moderne, une gravûre de la même composition que celle-ci, mais grouppée de deux figures de plus. Des caractères mal articulés, & qui joints

ensemble

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