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deffein, remarquent des différences confidérables, où le commun des yeux ne voit qu'une ressemblance parfaite ; & les régles qui conduifent les premiers font auffi fûres que celles qui nous apprennent l'âge d'un manufcrit.

Les monumens présentés fous ce point de vûe, se distribuent d'eux-mêmes en quelques claffes générales, relatives aux pays qui les ont produits; & dans chaque claffe ils fe rangent dans un ordre relatif au temps qui les a vû naître. Cette marche développe une portion intéressante de l'efprit humain, je veux dire l'hiftoire des Arts. On les voit formés en Egypte avec tout le caractère de la grandeur; de-là passer en Etrurie, où ils acquiérent des parties de détail, mais aux dépens de cette même grandeur; être enfuite tranfportés en Gréce, où le fçavoir joint à la plus noble élégance, les a conduits à leur plus grande perfection; à Rome enfin, où fans briller autrement que par des fecours

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étrangers, après avoir lutté quelque temps contre la Barbarie, ils s'enfeveliffent dans les débris de l'Empire.

Tel est le chemin que les Arts me paroifsent avoir fait parmi les nations que le commerce a fucceffivement réunies; & tel eft l'ordre que j'ai donné à cet ouvrage. A l'égard du rang que chaque monument en particulier occupe dans fa classe, j'aurois pû, quoiqu'avec peine, l'affujettir à-peu-près à l'ordre des temps; mais j'ai mieux aimé suivre une autre distribution, qui rend chaque Planche plus agréable à l'œil. D'ailleurs je n'avois pas tous les morceaux qui sont contenus dans ce Recueil, lorsque j'ai entrepris de le donner au Public: il m'en est même arrivé une grande partie après la gravûre de quelques Planches; il m'a été impoffible de les mettre à leur véritable place; mais les explications leur rendent le rang qui m'a paru leur être dû, & la table fera aifément retrouver les morceaux de chaque genre.

J'ai cru devoir placer dans cette petite collection quelques verres, & un grand nombre de terres cuites; outre que leur fragilité exige, ce me semble, qu'on les conferve avec foin, les morceaux de ce genre inspirent naturellement un peu plus d'intérêt que les autres; car il faut convenir que lorsqu'ils préfentent des formes heureuses & un travail précis, ils fervent plus que tous les paffages des Auteurs à prouver le bon goût qui regnoit dans une nation. Si tel peuple a fait briller cette noble fimplicité qui éléve l'efprit fur des vases destinés à l'ufage le plus commun, quels foins n'aura-t-il pas employés en travaillant des matiéres plus précieuses!

Comme les procédés des Arts font intimement liés avec leur théorie, j'ai cru ne devoir point négliger un autre avantage, qui est de rechercher, quand l'occafion s'en est présentée, les moyens dont les Anciens se font fervis pour opérer. En un mot, les Artsfont en quelque façon l'objet principal de

cet ouvrage; la forme, le trait & les détails de chaque monument font devenus mes régles en plufieurs occafions, & je n'ai pas eu lieu de m'en repentir. Quoique jufqu'ici on ait peu fuivi cette maniére d'écrire fur les antiquités, je la crois cependant très-utile; elle est du moins très-propre à donner aux Artistes quelques idées des belles formes, & à leur faire fentir la néceffité d'une précision, dont le prétendu goût d'aujourd'hui & le faux brillant de la touche ne les écartent que trop fouvent. Cette voie peut encore leur rendre des moyens d'opérer qui ne nous paroiffent impraticables que par la raifon qu'on ne les pratique plus.

Je suis bien éloigné de penser que ce Recueil puiffe produire ces deux grands effets; il faudroit avoir un fonds de lumiére plus étendu, des monumens plus précieux & en plus grand nombre, pour ofer l'efpérer. J'au rai du moins ouvert une carriére féconde en découvertes, & dans laquelle l'homme de

Lettres comme l'Artiste doivent également entrer. L'un en joignant la connoiffance de l'art à celle des faits hiftoriques, rendra fon étude moins féche pour lui, & plus utile à la postérité ; l'autre perfectionnera son talent, en approchant un peu plus de la maniére noble & fimple du bel antique.

J'ai rapporté avec foin la matiére & les proportions de chaque morceau. Je ne crois pas cette exactitude indifférente ; une figure de bronze plus petite ou plus grande, prouve une multiplication réelle du même objet; la mesure des liqueurs que les vafes contiennent peut faire reconnoître ceux qui ont été confacrés à l'usage public. Enfin toutes les attentions de ce genre fervent à éclaircir des passages, à établir du moins des conjectures vraisemblables, & peuvent par conféquent avoir leur utilité. Je n'ignore pas ce que l'on a dit & écrit contre Ficoroni qui a fuivi cette méthode. L'efpérance d'être utile me feroit courir de plus grands rifques. Je

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