efficace remede, & qu'il fe contentera de gagner les chambres abandonnées pour pénétrer dans les autres où l'on fe défend, le meilleur expédient feroit alors de couper le plancher au devant de la porte & de la fenêtre, un peu plus que dans fa largeur ; ce qui fervira comme de foffé, par où ceux qui fe hazarderont de monter pendant la nuit fe précipiteront en bas Si l'on fe voit enfin forcé de fe reti rer, crainte il faut profiter de l'obfcurité de la nuit , percer au travers des ennemis, s'ils environnent la maifon de toutes parts, avec grand filence, tous enfemble, bien ferrés & unis pour choquer avec. plus de poids & de force, obfervant de ne pas turer, que les coups de fufil ne faffent. connoître l'endroit par où l'on fe retire; & pour n'être pas fuivi ni rencontré, il eft prudent de prendre un chemin tout oppofé à celui qu'on croit & qu'il femble qu'on devroit prendre; car qui iroit s'imaginer qu'on fe retire du côté de l'ennemi? c'eft cependant le plus sûr; on y paffe le jour. pour reprendre la nuit d'après le chemin le plus favorable. 4°. Enfin quant aux poftes retranchés pour contenir & couvrir une partie de l'armée, comme étoit le pont de Wa len, fur la chauffée de Malines à Anvers, Raucoux, Lawfeld, la Siette, &c. ils tombent dans le cas des camps retranchés; voyez par conféquent ci-après à l'art. VI. comment on doit les retrancher, les défendre & les attaquer. PARAGRAPHE DEUXIÈME. De la maniere d'attaquer & d'enlever les poftes. Nous garderons le même ordre dans l'attaque des poftes que pour leur défenfe. Ceux de la premiere efpèce tombent dans le cas de l'enlevement des gardes; voyez-le ci deffus. Quant à ceux de la feconde espèce, il y en a qui font fortifiés à la hâte, foit pour couvrir un pays, foit pour la sûreté des convois. On doir priver l'ennemi, autant qu'on peut, des uns & des autres. L'enlevement de ceux qui couvrent un pays, établit sûrement les contributions, & donne aux partis le moyen de pénétrer & de revenir en sûreté. L'enlevement de ceux qui favorifent les convois, en rend la conduite au camp plus difficile , en entraîne fouvent la perte, & oblige fouvent d'abandonner une entreprife, un projer, pour fe rapprocher des lieux d'où l'on les puiffe tirer. Ces fortes de poftes ne doivent jamais être attaqués impunément. Il faut, fuivant leur force & fituation, être muni de tout ce qui peut en rendre l'évé nement brufque, prompt & heureux, & avoir fi bien compaffè le temps de l'expédition, qu'on ait celui de les détruire ou de fe retirer fans perte, ou de les mettre en état de défense. On pourroit faire paroître devant le front du pofte qu'on veut enlever, un petit nombre de troupes, avec plufieurs tambours & trompettes pour y attirer toutes les troupes qui le gardent, tandis qu'un corps précédemment embufqué fur l'un ou l'autre flanc, s'en empareront par derriere au fignal convenu. Annibal avant obfervé * que Fulvius s'étoit négligemment retranché, & le connoiffant d'ailleurs d'un tempéramment bouillant, qui ofoit tout, envoya peu de foldats le matin, à la pointe du jour, il faifoit un brouillard fort épais; * Frontin, liv. z. chap. 5. on affecta d'attaquer avec grand bruit les gardes de la tête du camp ennemi. Fulvius s'y porta avec toute fon armée, & Annibal qui s'y étoit attendu & préparé, pénétra par plufieurs endroits dans fon camp, par derriere, avec tant de vivacité & de fuccès, qu'il y fit perir Fulvius même & huit mille hommes de fes meilleures troupes. A la Siette, fi au lieu d'attaquer ce pofte par fon front, on l'eûr tourné & attaqué par derriere, ou du côté de Feneftrelle, ou du côté d'Exiles, avec quelques fauffes attaques par fon front & fes Alancs, au lieu d'y échouer, comme l'on fit, ne l'auroit-on pas sûrement emporté fans grande perre ? J'en laiffe juge tout Officier qui s'y eft trouvé & qui connoît le local. On fe fert quelquefois du pétard dans pareilles occafions, lorfque l'ennemi a négligé de mafquer avec du fumier, &c. ou de couvrir les portes ou barrieres de fon pofte, de quelques ouvrages extérieurs, ou que le front qu'on attaque eft fi petit qu'il peut être embraffé, & les gens qui le défendent, accablés par un feu fupérieur. On peut encore avec du canon rompre les parapets & les paliffades, dont on pourroit avoir couvert les portes lorf qu'ils n'ont pas fuffisamment d'épaiffeur pour lui réfifter. On fait encore des enlevemens par efcalade ou par intelligence, &c. voyez ciaprès le chapitre des furprises des places. Le Duc de Luxembourg refté en 1672 avec l'armée du Roi dans les conquêtes de Hollande, n'oublia rien pour pénétrer plus avant dans le cœur du pays. Il ne le pouvoit qu'à la faveur des glaces, parce que les Hollandois avoient tout inondé, & occupé les digues par des poftes bien fortifiés par leur tête, maisouverts par derriere ; ce qui engagea le Duc de Luxembourg à profiter d'un tems de gelée, pour prendre à revers Bodegrave, Nieurbruck, Swammerdam, & autres de leurs principaux poftes, il y réuffit parfaitement; mais un prompt dégel le força de fe retirer & de les abandonner à fon tour, pour n'avoir pas eu le temps de les fortifier du côté de la Hollande, d'où ils étoient ouverts. Le Marquis de Feuquieres qui commandoit à Phortsheim fur l'Ens, en Janvier 1689*, s'y trouvant trop refferré par les poftes que les ennemis avoient établis dans les villes de Neubourg & d'Entz* Mem. de Feuquieres, tom. 3. |