employés dans les dernieres guerres en Italie, en Piémont, fur le War, en Flandres, & fpécialement aux fiéges de Tournay & d'Oftende, & à l'efcalade de Gand en 1745 ; aux fiéges d'Anvers, de Mons & de Namur en 1746; à celui de Berg-op zoom en 1747, à celui de Maeftrik en 1748, &c. les Grenadiers royaux fur tout, formés fous Louis XV, par les foins, le zéle & la pénétration de M. le Comte d'Argenfon, à qui ils doivent cet utile établiffement, n'ont-ils pás partagé avec un fuccès égal les périls & la gloire des actions brillantes des vieilles troupes ? & ne s'y font-ils pas acquis l'eftime & l'approbation d'un Miniftre de la guerre & de Généraux auffi judicieux, éclairés & connoiffeurs du vrai mérite, que M. le Comte d'Argenfon & MM. les Maréchaux de Belle-Ifle & de Lowendal? L'habillement des milices, armement, &c. eft fourni par le Roi, & elles font payées fur le pied des autres troupes d'infanterie, à commencer du jour qu'elles font affemblées en bataillons. Elles tiennent rang avec les autrés troupes d'infanterie du 25 Février 1726, fuivant l'ordor.nance du premier Juillet, 1742, & commandent à tous les Régimens levés depuis 1726. Elles s'af femblent en temps de paix une fois l'an, pour plus ou moins de temps, felon la volonté du Roi & du Miniftre de la guerre. Les armées entretenues font d'autant plús néceffaires dans un état, que les voifins ne confiderent un Roi que par les forces qui l'environnent, toujours prêtes à exécuter fes volontés, & que les fujets en font plus obéiffans aux ordres publics & aux Magiftrats. Car rien de fi tendre & de fr fragile qu'une paix défarmée & nue; il n'eft point de fi preffante tentation d'envahir le bien d'autrui, que la commodité de le pout voir faire impunément, fans crainte de repréfailles. Les troupes qui fervent d'ornement, & qui relevent la fplendeur d'un royaume pendant le cours tranquille de la paix, fervent pour le défendre quand fes ennemis entreprennent d'en troubler le calme & le epos auffi voyons-nous dans tous les Etats du monde qu'on a continuellement confervé des armées fur pied, afin de maintenir au dedans le bonheur des peuples, & de repouffer les entreprifes des étrangers. La Suede a dans chaque Province un certain nombre de maifons & de terres deftinées à l'entretien des foldats, avec M un fi bel ordre, qu'elle peut d'une heure à l'autre affembler des forces confidérables fur terre & fur mer. L'Empire & la Hollande font toujours armés; l'Angleterre entretient fur mer une puiffante flotte; la Pologne a de très beaux réglemens pour lever dans le befoin un nombre confidérable de troupes. Le Turc a fur pied une milice perpétuelle, & la France a toujours fous fa main de vieux foldats, qui font une armée véritable, parce qu'ils font bien difciplinés & aguéris; & immortelle, parce que, comme les dix mille Perfes, bien loin de les licentier, on recrute fans ceffe ces vieilles troupes, qui diminuent continuellement comme la neige au foleil, ou par mort naturelle ou violente; l'ennemi, les payfans, les maladies, le chaud, le froid, les fatigues, &c. font périr le foldat, ou il devient incapable de fervir par la vieilleffe; il en faut d'ailleurs pour la garde des places, &c. ainfi les armées, même victorieufes ont befoin d'être recrutées. De la Difcipline militaire. DE l'exacte obfervation de la disci pline dépend la confervation de l'armée, celle du pays & le fuccès des entreprises. La févérité fur cet article ne fe doit jamais relâcher, parce que c'est elle qui fait les foldats vaillans, qui produit les triomphes, & qui rendit le Peuple Romain maître de prefque tout l'univers. Car avoient-ils plus de valeur que les Gaulois, plus de force que les Allemands, plus de richesses que les Carthaginois, plus de fçavoir que les Egyptiens, & plus d'expérience que les Grecs ? Une troupe de foldats ne fe doit compter que par la difcipline & par le courage qui les anime. A quoi fervit autrefois aux Rois de Perfe ce monde entier d'hommes armés qu'ils traînoient à leur fuite? Il femble au contraire que Miltiade, Themistocle & Alexandre ne remporterent fucceffivement fur eux tant de fameufes victoires que parce qu'ils avoient plus de force, quoiqu'ils euffent moins d'hommes, par leur fcience de la guerre, par le maintien de leur difci pline: c'eft auffi pour l'avoir négligée, que plufieurs Généraux ont été honteufement défaits. * Céfar avoit chargé Caius Trebonius de la continuation du fiége de Marseille; les habitans étoient aux abois, lorfque durant la treve qu'il leur accorda par pitié, fes foldats s'étant exceffivement relâchés, les Maffilois qui s'en apperçurent, firent une brufque fortie, & brûlerent dans une heure tout le travail de plufieurs mois. Sans difcipline les troupes font plus pernicieufes qu'utiles, plus formidables aux amis qu'aux ennemis, & la guerre ne peut être long-temps n: faite ni foutenue; la décadence des Etats les plus floriffans, au moment que la difcipline y a été négligée ou perdue, ne nous fait que trop fentir cette vérité. Il faut du temps pour difcipliner une armée, & plus encore pour l'agguerir & en faire de vieilles troupes, dit Montecuculli, & ufer d'une prompte & févere juftice, felon Valere Maxime: afpere caftigationis genere militaris difciplina indiget. On doit pardonner rarement aux fol *Comm. de César, guerres civ. l. 2. |