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courses à pied & à cheval.

Les Sabins les plus voisins de Rome ne manquerent pas d'y accourir au jour destiné à cette folemnité comme Romulus l'avoit bien prévû. On y vit auffi un grand nombre de Ceniniens, de Cruftuminiens & d'Antemnates avec leurs femmes & leurs enfans. Les uns & les autres furent reçus par les Romains avec de grandes démonstrations de joie; chaque Citoyen fe chargea de fon hôte; & après les avoir bien régalés, on les conduifit, & on les plaça commodément dans l'endroit où fe faifoient les jeux. Mais pendant que ces étrangers étoient attachés à voir le fpectacle, les Romains par ordre de Romulus fe jetterent l'épée à la main dans cette affemblée; ils enleverent toutes les filles & mirent hors de Rome les peres & meres qui réclamoient en vain l'hofpitalité viofée. Leurs filles répandirent d'abord beaucoup de larmes, elles fouffrirent enfuite qu'on les confolât; le tems à la fin adoucit l'averfion qu'elles avoient pour leurs raviffeurs, dont elles firent depuis des époux légitimes. Cependant, l'enlevement de

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ces filles caufa une guerre qui dura plufieurs années. Les Céniniens furent les premiers qui firent éclater leur reffentiment. Ils entrerent en armes fur les terres des Romains. Romulus marcha auffi-tôt contre eux, les défit, tua leur Roi, ou leur Chef appellé Acron, prit leur Ville, & en emmena tous les habitans qu'il obligea de le fuivre à Rome, où il leur donna les mêmes droits & les mêmes priviléges qu'aux autres Citoyens. Ce Prince rentra dans. Rome chargé des armes & des dépouilles de fon ennemi dont il s'étoit fait un efpece de trophée, & il les confacra à Jupiter Feretrien comme un monument de fa victoire : origine de la cérémonie du triomphe chez les Romains. Les Antemnates. & les Cruftuminiens n'eurent pas un fort plus favorable que les Céniniens.. Ils furent vaincus; Antemnes & Cruftumenie furent prifes. Romulus ne les voulut point détruire; mais comme le Païs étoit gras & abonL'an 4. de dant, il y établit deux colonies qui lui fervoient de ce côté-là comme: de gardes avancées contre les incurfions de fes autres ennemis. Tatius:

Rome,

Roi des Cures dans le Païs de Sabins, prit à la vérité les armes le dernier, mais il n'en fut pas moins redoutable: il furprit par trahifon la Ville de Rome, & pénétra jufques dans la place. Il y eut un combat fanglant & très opiniâtre, fans qu'on en pût prévoir le fuccès, lorfque ces Sabines qui étoient devenues femmes des Romains , & dont la plupart en avoient déja eu des enfans, fe jetterent au milieu des combattans, & par leurs prieres & leurs larmes fufpendirent l'animofité réciproque. On en vint à un accommodement; les deux Peuples firent la paix, & pour s'unir encore plus étroitement la plupart de ces Sabins qui ne vivoient qu'à la campagne, ou dans. des Bourgades, & de petites Villes, vinrent s'établir à Rome. Ainfi ceux qui le matin avoient conjuré la perte de cette Ville, en devinrent avant la fin du jour les Citoyens & les défenfeurs. Il eft vrai qu'il en coûta d'abord à Romulus une partie de fa Rome, 747 fouveraineté il fut obligé d'y affo-avant Jefus cier Tatius le Roi des Sabins, & cent des plus nobles de cette Nation, furent admis en même-tems dans le Sé-.

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An. 7. de

Christ.

nat. Mais Tatius ayant été tué depuis par des ennemis particuliers, on ne lui donna point de fucceffeur; Romulus rentra dans tous fes droits, & réunit en fa perfonne toute l'autorité Royale.

Les Sénateurs Sabins, & tous ceux qui les avoient fuivis, devinrent infenfiblement Romains; Rome commença à être regardée comme la plus puiffante Ville de l'Italie; on y comptoit avant la fin du regne de Romulus jufqu'à quarante-fept mille habitans tous foldats, tous animés du même efprit, & qui n'avoient pour objet que de conferver leur liberté & de fe rendre maîtres de celle de leurs voifins. Mais cette humeur féroce & entreprenante, les rendoit moins dociles pour les ordres du Prin ce; d'un autre côté l'autorité fouveraine, qui ne cherche fouvent qu'à s'étendre, devint fufpecte & odieufe dans le Fondateur même de l'Etat.

Romulus victorieux de cette partie des Sabins, voulut régner trop impérieufement fur fes Sujets & fur un Peuple nouveau qui vouloit bien lui obéir, mais qui prétendoit qu'il dépendît lui-même des Loix dont il

étoit convenu dans l'établiffement de l'Etat. Ce Prince au contraire rappelloit à lui feul toute l'autorité qu'il eût dû partager avec le Sénat & l'Affemblée du Peuple. Il fit la guerre

Virg. Eneid.

à ceux de Comerin, de Fidene, & Plin. 1. 3. ON à ceux de Veïe, petites Villes com- * prifes entre les cinquante-trois Peuples › que Pline dit qui habitoient F'ancien Latium, mais qui étoient fi peu confidérables qu'à peine avoientils un nom dans le tems même qu'ils fubfiftoient, fi on en excepte Veïe Ville célebre de la Tofcane. Romu- 1. 6. Lus vainquit ces Peuples les uns après les autres, prit leurs Villes, dont il ruina quelques-unes, s'empara d'une partie du territoire des autres, dont il difpofa depuis de fa feule autorité. Le Sénat en fut offenfé, & il fouffroit impatiemment que le Gouvernement fe tournât en pure Monarchie. Il fe An. 37. de défit d'un Prince qui devenoit trop abfolu. Romulus âgé de cinquantecinq ans, & après trente-fept de regne, difparur, fans qu'on ait pû découvrir de quelle maniere on l'avoit fait périr. Le Sénat, qui ne vouloit pas qu'on crût qu'il y eût contribué, lui dreffa des Autels après fa mort,

Rome.

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