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An. 38. de

Rome.

dec. I.

& il fit un Dieu de celui qu'il n'avoit pû fouffrir pour Souverain.

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L'autorité royale, par la mort de Romulus, fe trouva confondue dans celle du Sénat. Les Sénateurs convinrent de la partager, & chacun fous le nom d'entre-Roi gouvernoit à fon tour pendant cinq jours, &. T. Liv. 1. 1. jouiffoit de tous les honneurs de la fouveraineté. Cette nouvelle forme de Gouvernement dura un an entier, Plut. in Nu. & le Sénat ne fongeoit point à fe ma Pomp. donner un nouveau Souverain. Mais le Peuple qui s'apperçut que cet interregne ne fervoit qu'à multiplier fes Maîtres demanda. hautement qu'on y mît fin: il fallut que le Sénat relâchât à la fin une autorité qui lui échappoit. Il fit propofer au Peuple, s'il vouloit qu'on procédât à l'élection du nouveau Roi, ou qu'on choisit feulement des Magiftrats annuels qui gouvernaffent l'Etat. Le Peuple par eftime & par déférence pour le Sénat, lui remit le choix de ces deux fortes de Gouvernemens.. Plufieurs Sénateurs qui goûtoient le plaifir de ne voir dans Rome aucune dignité au-deffus de la leur, inclinoient pour l'Etat Républicain; mais

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les principaux de ce Corps qui afpiroient fecrettement à la Couronne, firent décider à la pluralité des voix, qu'on ne changeroit rien dans la forme du Gouvernement. Il fut réfolu qu'on procéderoit à l'élection d'un Roi; & le Sénateur qui fit le dernier, durant cet interregne, la fonc tion d'entre-Roi, adreffant la parole au peuple en pleine affemblée, lui dit : » Elisez un Roi, Romains, le Sénat » y confent; & fi vous faites choix » d'un Prince digne de fuccéder à Ro- .. » mulus, le Sénat le confirmera dans » cette fuprême dignité ««.On tint pour cette importante élection une affemblée générale du peuple Romain. Nous croyons qu'il ne fera pas inutile de remarquer ici qu'on comprenoit fous ce nom d'Affemblée du Peuple, non-feulement les Plébéiens, mais encore les Sénateurs, les Chevaliers, & généralement tous les Citoyens Romains qui avoient droit de fuffrage, de quelque rang & de quelque condition qu'ils fuffent. C'étoient comme les Etats généraux de la Nation, & on avoit appellé ces affemblées, affemblées du peuple, parceque les voix s'y comptant par tête, les Tome I.

C

Plébéiens feuls, plus nombreux que les deux autres Ordres de l'Etat, décidoient ordinairement de toutes les délibérations, qui dans ces premiers temps n'avoient cependant d'effet qu'autant qu'elles étoient enfuite approuvées par le Sénat: telle étoit alors la forme qui s'obfervoit dans les élections celle du fucceffeur de Romulus fut fort conteftée.

Le Sénat étoit compofé d'anciens Sénateurs & de nouveaux qu'on y avoit aggrégés fous le regne de Tatius, cela forma deux partis. Les anciens demandoient un Romain d'origine; les Sabins, qui n'avoient point eu de Roi depuis Tatius, en vouloienț un de leur nation. Enfin, après beaucoup de conteftations, ils demeurerent d'accord que les anciens Sénateurs nommeroient le Roi de Rome An de Ro- mais qu'ils feroient obligés de le choifir parmi les Sabins. Leur choix Tit. Liv. tomba fur un Sabin de la Ville de Cures, mais qui demeuroit à la campagne. Il s'appelloit Numa Pompilius homme de bien, fage, modéré, équitable, mais peu guerrier, & qui ne pouvant fe donner de la confidéraion par fon courage, chercha à Le

me 39.

D. Hal. Plu. larg.

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diftinguer par des vertus pacifiques. Il travailla pendant tout fon regne, la faveur d'une longue paix, à tourner les efprits du côté de la Religion, & à infpirer aux Romains une gran de crainte des Dieux. Il bâtit de nouveaux templės: il inftitua des fêtes, & comme les réponfes des Oracles & les prédictions des Augures & des Arufpices faifoient toute la religion de ce peuple groffier, il n'eut pas de peine à lui perfuader que des Divinités qui prédifoient ce qui devoit arriver d'heureux ou de malheureux, pouvoient bien être la caufe du bonheur ou du malheur qu'ils annonçoient la vénération pour ces Etres fupérieurs, d'autant plus redoutables qu'ils étoient plus inconnus, fut une fuite de ces préjugés. Rome fe remplit infenfiblement de fuperftitions; la Politique les adopta & s'en fervit utilement pour tenir dans la foumiffion un peuple encore féroce. Il ne fut même plus permis de rien entreprendre qui concernât les affaires d'Etat fans confulter ce fauffes Divinités ; & Numa, pou autorifer ces pieufes inftitutions, & s'attirer le refpect du peuple, feignit

:

me 81.

de les avoir reçues d'une Nymphe appellée Egerie qui lui avoit révélé difoit-il, la maniere dont les Dieux vouloient être fervis. Sa mort, après

An de Ro- un regne de 43 ans, laiffa la Couronne à Tullus Hoftilius, que les Romains élurent pour troifieme Roi de Rome. C'étoit un Prince ambitieux, hardi, entreprenant, plus amateur de la guerre que de la paix, & qui fur le plan de Romulus ne fongea à conferver fon Etat que par de nouvelles conquêtes.

me 82.

Si la conduite pacifique de Numa avoit été utile aux Romains pour adoucir ce qu'il y avoit de féroce & de fauvage dans leurs mœurs, le caAn de Ro- ractere fier & entreprenant de Tullus ne fut pas moins néceffaire dans un Etat fondé par la force & la violence, & environné de voifins jaloux de fon établiffement. Le peuple de la ville d'Albe faifoit paroître le plus d'animofité, quoique la plupart des Romains en tiraffent leur origine, & que la ville d'Albe fût confiderée comme la métropole de tout le Latium. Différens fujets de plaintes réciproques & ordinaires entre des Etats voifins, allumé

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