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Apr. J. C.

beaucoup d'inclination pour le Chriftianisme, le P. Jérôme
Xavier compofa pour lui une Hiftoire de J. C. en langue
Perfanne. Les Mahométans en murmurerent, & engage-
rent fon fils Pahari, qui prit alors le nom de Morad, à fe
mettre à leur tête, mais le jeune Prince fut tué dans l'ac-
tion qui fe donna proche de Cambaia. Akbar qui portoit
toujours fur lui des pillules empoifonnées, avec lefquelles
il fe défaifoit des Officiers dont il étoit mécontent, en prit
une de celles-ci pour d'autres qu'il portoit auffi, & s'em-
poisonna ainsi lui-même (a) après un regne de 54 ans. Il étoit
maître des provinces de Candahar, de Caboul, de Kafch- Rhoć
mir, de Guzarate, de Sind ou Tatta, de Kandisch, de Bram-
pour, de Berar, de Bengale, d'Orixa, de Malow, d'Agra,
de Dehli, & de plufieurs autres.

L'an 1605

En mourant ce Prince mit fon turban fur la tête de fon Dgihan fils Selim, qui prit alors le titre de Selim fchah & de Dgi- ghir. hanghir. Plufieurs Princes fe déclarerent en faveur du Sulthan Khofrou, fils de Dgihanghir, fous prétexte que celuici avoit été deshérité par Akbar après fa révolte. Dgihanghir étoit mauvais Musulman, affectoit d'aimer le Chriftia nisme pour avoir la liberté de boire du vin. Il abandonna Egra pour fe retirer à Lahor qui eft plus au Nord, & dont l'air eft par conféquent plus tempéré. Il fe laiffa gouverner par une femme nommée Nour-mahal, à laquelle il donna le titre de Nour-dgihan, la lumiere du monde. Elle excita des troubles violens dans l'Empire par fa trop grande ambition les fils de l'Empereur qui avoient été éloignés de la Cour par fes intrigues, fe révolterent. Dgihanghir vivoit dans les débauches & dans l'oifiveté; Schah abbas, Roi de Perfe, lui enleva le Candahar. Sulthan Couroun, fon propre fils, ofa lui livrer bataille; les Uzbeks firent une incurfion du côté de Caboul; un de fes Miniftres prit les armes, & L'an 1627, le fit prifonnier. C'eft après tant de troubles que ce Prince mourut laissant un Empire déchiré par plufieurs factions.

han.

Schah couroun, autrement Schah dgihan, fuccéda à Dgi- Schah dgi hanghir fon pere, & ne fut pas plus heureux que lui. Il

(a) L'an 1014 de l'Hegire.

Apr. J. C. remporta quelques avantages fur les Portugais, fe plongea Schah dgi- dans la débauche & les plaifirs, fit des dépenses exceffi

han.

Avreng

zeb.

Schahalem

pere

ves, devint enfuite avare. La Cour fut pleine de factions; fes enfans s'armerent les uns contre les autres ; Schah dgihan devint leur prifonnier, & ne vécut que pour les voir fe difputer le trône. Le parti d'Avrengzeb prévalut, & ce fut lui qui fuccéda à fon pere. Il fe fit couronner le vingt d'Octobre 1660, fon pere étant encore vivant. Avrengzeb fut un des plus puiffans Monarques de l'Inde. Il foumit les Royaumes de Vifapour, de Golkonde & de Carnate. Son nom qui fignifie trône d'or, lui avoit été donné par fon Schah dgihan, à l'occasion du fuperbe trône que ce Prince avoit fait élever, & qui étoit eftimé plus de vingt millions. L'an 1702. Avrengzeb mourut âgé de quatre-vingts-dix ans, laiffant le trône à fon fils Schah alem qui défit fes freres qui vouloient L'an 1708. lui enlever l'Empire, & mourut à l'âge de foixante & huit ans. Après fa mort fes quatre fils fe disputerent le trône de l'Indoftan, & périrent dans la même année. Moezzedin l'un d'eux, eft regardé comme l'Empereur; il eut pour fucceffeur fon neveu Faroukh schir, dépofé en 1719. Enfuite Rafchidedderedgiat, autrement Rafierdan " petit-fils de Schah alem, régna, & fut tué trois mois après. Son frere Rafchid eddoulet qui lui fuccéda, mourut en 1723. Alors Mohammed schah, petit-fils de Schah alem, monta fur le trône. C'eft fous fon regne que Thamas coulikhan, autrement Nadir schah, pénétra dans l'Inde, foumit ce pays, & après s'être contenté de la ceffion de quelques provinces, laiffa Mohammed schah fur le trône, & s'en retourna en Perfe.

Les Etats poffédés par ces Princes, dont on trouve la description dans un grand nombre de Voyageurs, font fort étendus, & habités en partie par des étrangers, tels que les Tartares, les Mahométans & les Ghebres venus de Perfe; en partie, par les naturels du pays. Ceux-ci ont une religion fondi. qui leur eft particuliere, dont les Brahmes font les Prêtres. Leurs grands Dieux font Brahma, Vischnou, Efvara ou Ifouren, appellé encore Chiven. Sous ces premiers Dieux. ils en admettent trois cens trente millions d'autres inférieurs,

man,

Apr. J. C.

dont les uns font des anges, & les autres des mauvais génies. Quelques Ecrivains rapportent que Brahma, ou Brah- L'an 1712. n'étoit qu'un Roi de l'Inde qui fut le Chef & le Légiflateur des Indiens, qu'il fit fleurir les sciences, découvrit les mines & l'ufage des métaux ; fit conftruire des temples dans lefquels il avoit peint les douze fignes du zodiaque & les planetes; & qu'il fit compofer un Livre appellé Sind hind, c'est-à-dire, le Livre du fiécle des fiécles. Brahman penfoit le foleil reftoit trois mille ans dans chaque figne que du zodiaque, & qu'il employoit trente-fix mille ans à faire fa révolution entiere; qu'après cette grande révolution la terre devoit changer entiérement de face & feroit bouleversée, que ce qui étoit au Nord pafferoit au Midi, & ce qui étoit défert deviendroit habité. Mais les Indiens ne s'accordent pas tous fur ce renouvellement du monde; quelques-uns penfent qu'il ne fe fait qu'après foixante & dix mille ans, & ils appellent cette grande révolution Hazarouan. Brahman confidéré comme Roi régna, à ce que l'on prétend, trois cens ans (a). Je n'entrerai ici dans aucun détail fur la Religion Indienne qui nous eft connue par les relations des Voyageurs, auxquelles je n'ai rien de particulier à ajouter.

(a) On lui donne pour fucceffeur fon fils Bahboud qui augmenta le nombre des temples. Sous fon regne les hommes étoient fort adonnés aux Sciences, & l'on inventa le jeu appellé Nard. Il a régné 100 ans. Son fils Zaman qui lui fuccéda, eut de grands démêlés avec les Rois de Perfe & de la Chine; il régna 150 ans. Après lui régna pendant 140 ans Phouz ou Phor > vaincu par Alexandre; enfuite Dabschelim,

fous lequel Pilpai compofa le livre ap-
pellé Kalila-ou-Damna, qui contient
dans des apologues la morale & la po-
litique des Indiens. Sous Yalhith fon
fucceffeur, on inventa le jeu des échecs.
Après fon régne qui dura 120 ans, les
Indiens furent divités. Il y eut un Roi
du Sind, un de Canoudge, un de Kasch-
mir, & un de Manlir qu'on nommoit le
Balhara. Telles font les traditions rap-
portées par Masoudi.

Apr. J. C.
Gaubil.

Batour

Senga

LES KALMOUKS, OU ELEUTHES.

L

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'HISTOIRE des Kalmouks, autrement appellés Eleuthes, ne nous eft point connue principalement celle qui concerne les premiers tems de la révolution qui a donné naiffance à leur Empire. Plufieurs Ecrivains avancent que les Khans de ces Kalmouks font defcendus de Tamerlan, nous ignorons par quel Prince. Il auroit paru plus vraisemblable de les faire venir de Genghizkhan, dont les defcendans étoient encore maîtres de ces pays dans le tems de Tamerlan, & on ne voit point que ce Conquérant ait détruit cet Empire. Il y a fait de grandes incurfions, il a obligé les Princes de fe retirer, mais l'Hiftoire ne nous apprend point qu'aucun de fes enfans ait poffédé cette partie de la Tartarie, à moins que Veïs, fils d'Ahmed, fils d'Aboufaïd, qui fe retira dans le Turkeftan auprès de fes parens maternels, ne fe foit dans la fuite, lui ou fes enfans, emparé de cette contrée. Quoi qu'il en foit, on donne à ces Princes le titre de Kontaifch, ou plutôt Khan-taisch, & celui de Tchong-kar ou Ghiong-kar, qui fignifie, celui qui commande aux pays Orientaux.

Vers le commencement du fiécle paffé ces vaftes pays kontaifch. étoient gouvernés par Batour kontaifch, qui laiffa de fes Unkowski. neuf femmes douze enfans, dont l'aîné, nommé Senga, fut déclaré fon fucceffeur. Il lui donna la plus grande partie de fes fujets, & l'autorité fur fes autres enfans qui furent obligés de lui obéir. Après la mort de Batour konkontaifch. taifch Senga monta fur le trône, & reçut, fuivant la coutume des Tartares, du Dalai-lama qui réside à Barantola ou Laffa, le titre de Kontaifch. Ses autres freres, jaloux de le voir revêtu de la fouveraine autorité, le maffacerent pendant une nuit. Sa femme, Princeffe d'efprit & de courage, avec ses trois enfans (a) qui étoient en bas âge, raffembla les Saiffans, c'eft-à-dire, les Nobles du pays, fe faifit des

(a) Tfahan araptan, Solom araptan, & Danfchin ambou,

Apr. J. C.

khan.

meurtriers, & les fit mourir On offrit alors l'Empire à Ge-
hen, autre frere de Senga, qui étoit à Barantola; mais ce Bafchtou
Prince répondit qu'il s'étoit appliqué aux Sciences, non
pour être un foldat, mais pour devenir un Lama. Cepen-
dant le grand Lama le détermina enfin à repaffer en Tar-
tarie pour fuccéder à fon frere, & lui envoya peu de tems
après qu'il fut inftallé, le titre de Baschtou khan. Avant son
regne les Kalmouks étoient gouvernés par différens Chefs;
il en foumit plufieurs, & fon fucceffeur acheva de les ré-
duire tous fous la même domination.

Dans la fuite ce Prince étant en guerre avec Czeczen
khan, qui habitoit aux environs du lac Saiffan; celui-ci en-
tra dans les Etats de Baschtou khan, s'empara d'un lieu
appellé Suitcholm fitué proche le lac de Lait; il fe prépa-
roit à traverser en trois jours une grande montagne qui eft
dans les environs, mais Baschtou khan étant allé à fà ren-
contre, il le repouffa, & laissa dans la montagne un Saif-
fan avec trois cens Kalmouks pour en défendre le paffage.
Lorsque Czeczen arriva, le Saissan le repouffa, & Baschtou
khan étant venu au fecours avec fa cavalerie, toute l'armée
de Czeczen khan fut diffipée, & ce Prince fait prifonnier.
Il eut la tête tranchée dans une ifle fituée dans un lac, avec
quinze mille de fes gens. Bafchtou khan foumit enfuite les
Talangouts, les Kergis, & laiffant un Saiffan avec deux mille
hommes auprès du fleuve Bortalle, il marcha vers les Mo-
gols Kalkas (a), dont il ravagea tout le pays. Les principaux
de cetre nation fe retirerent à la Chine, & implorerent le
fecours de l'Empereur.

Tfahan araptan, fils de Senga kontaifch, avec fes deux freres, Solom araptan & Danfchin ambou, qui étoient devenus grands & qui avoient fuivi Baschtou khan dans cette expédition, où ils s'étoient acquis beaucoup de gloire, devinrent les objets de la haine & de l'envie de ce Prince qui appréhendoit que leur courage & leur expérience dans la guerre ne lui devinffent funeftes. Par le confeil d'un vieux Lama il fit étrangler, pendant une nuit que Tfahan araptan

(4) L'Auteur de ce Mémoire dit qu'en 1722 il y avoit environ 40 ans.

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