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autre avec lequel il danfe. Alors ils fe retirent à l'extrémité de la place, & il paroît ainfi fucceffivement onze bandes Apr. J. C qui à la fin dansent toutes enfemble. Après plufieurs autres danses de la même efpece on fe tranfporte dans un autre endroit, où l'on a dreffé une table fur laquelle il y a de la poudre, on y met le feu, & plufieurs Kalmouks armés font un grand bruit la face tournée du côté qu'ils ont des ennemis, s'ils font en guerre. Dans le mois de Juin ils célebrent encore des fêtes pour la confervation de leurs beftiaux. Ils vont fe profterner devant une idole, & quelques Kalmouks nuds luttent enfemble en présence des Nobles qui décident de la victoire; elle confifte à renverser son ennemi fur le dos, mais on a attention que les combattans ne se blessent point.

Les Kalmouks font divifés en trois branches. La premiere, les Kalmouks Tchongars; la feconde, les Kalmouks Kofchots ; & la troisieme, les Kalmouks Torgouts. Les Tchongars qui font les plus confidérables & les plus puiffans, font formés d'une infinité de hordes qui obéiffent au Kontaisch qui réside dans les environs du lac Saissan & de la riviere d'Ili. Les feconds occupent le Royaume de Tangout, & font gouvernés par deux Khans, dont l'un gouverne le Tibet, & l'autre le Tangout; tous les deux font foumis au Dalai-lama, ou grand Lama. Les troifiemes font une branche de Kalmouks qui vers le commencement de ce fiécle se sépara des autres fous la conduite d'Ajouki khan, traverfa le Jaïck, & alla habiter dans les landes d'Af trakhan.

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V.LS

138

HISTOIRE

GÉNÉRALE

DES HUNS.

LIVRE VINGT-UNIE ME.

LES

S

MAMELUKS BAHARITES, OU DU KAPTCHAC EN EGY PTE.

ALADIN, en qualité de Général des armées du fameux Noureddin, avoit enlevé l'Egypte aux Phathimites, il s'en étoit enfuite rendu maître, & avoit dépouillé les defcendans de Noureddin d'une partie de la Syrie. A fa mort il laiffa un Empire très-étendu à fes enfans qui le démembrerent, & qui par leurs divifions fembloient confpirer à la perte de leur famille, dans un tems où ils devoient fe réunir pour repouffer les ennemis communs du Mufulmanifme. Les Tartares menaçoient la Perfe

Haiton.

& l'Empire du Khalif; les Francs fe rétablisfoient dans la Syrie, les Kharizmiens ravageoient la Palestine, la Syrie & Apr. J. C. tous les pays voifins. Nodgemeddin ayoub, furnommé Šaleh, qui venoit de monter fur le trône d'Egypte, crut devoir, Aboulmahafen. à l'exemple de quelques-uns de fes prédéceffeurs, chercher Aboulfedha chez les étrangers de quoi fe former une garde dont il Joinville. fût für. L'irruption que les Mogols avoient faite dans le Kaptchac, avoit obligé les habitans de ce pays de fe fauver de côtés & d'autres; plufieurs avoient paffé en Hongrie; d'autres vendus à des Marchands avoient été amenés en Egypte. Saleh en acheta un grand nombre qu'il fit élever à Roudah, ville fituée fur le bord de la Mer, où il fit bâtir une fortereffe..Le voifinage de la Mer qu'on appelle Bahr, en Arabe, fit donner à cette troupe le nom de Bahria c'est-à-dire, Marine; de-là nous avons appellé ces esclaves Baharites (a). Ils furent enfuite divifés en différentes claffes qui portoient les noms des Princes auxquels chaque bande avoit appartenu; tels étoient les Aziziens, les Šaléhiens, &c. Ön leur apprenoit l'exercice des armes, pour les élever enfuite aux premieres charges de l'Etat. Ils formoient proprement la garde du Sulthan, qu'on nommoit la Halca (b), c'eft-à-dire, une troupe de gens qui environnent le Prince. Ils portoient fur eux les armes du Sulthan qui étoient d'or fin, fur lesquelles étoient repréfentés ou des roses, ou des oifeaux, ou des griffons, avec différentes bandes de vermeil, comme nous en voyons dans notre blafon qui paroît tirer fon origine de l'Orient. Parmi ces Mameluks il y en avoit qui étoient les huiffiers de la chambre du Sulthan, d'autres étoient chargés de fonner des inftrumens militaires au lever & au coucher de ce Prince. Dans le refte de la journée ils ne pouvoient fonner de ces inftrumens fans l'ordre du Commandant de la Halca. Ceux de ces Mameluks qui se distinguoient le plus dans la guerre, parvenoient aux plus grandes charges de l'Etat. Cette garde du Prince étoit une école où l'on formoit des hommes pour commander dans la fuite les armées & pour gouverner l'Etat. On blâma

(a) Joinville le nomme par corrup- (b) Du mot Arabe Halac, cinxit,

tion Bahoris.

beaucoup dans le tems cette inftitution, & l'on prévoyoit Apr. J. C. que ces étrangers cauferoient la ruine de la famille de SalaAboulma- din. Saleh, dit un Poëte, en multipliant ces Turcs dans fon hafen. Empire y attira une infinité de maux ; fi Dieu ne protege point les Sulthans d'Egypte, ils périront avec tous leurs fujets.

Damas étoit alors poffédée par un autre Prince de la famille de Saladin, nommé Ifmail & furnommé auffi Saleh. Il étoit ami des Francs, auxquels il avoit remis Jérufalem, Tibériade, Afcalon; action qui indifpofa fi fort contre lui le Sulthan d'Egypte, que ce Prince fe ligua avec les Kharizmiens, auxquels il joignit fes troupes fous les ordres de Rokneddin bibars. Il les envoya porter le ravage dans les Etats des Francs & du Sulthan de Damas. Ghaza, Jérufalem, & d'autres places furent ravagées par ces Barbares. La plupart des Princes de Syrie fe réunirent aux Francs pour attaquer les Egyptiens & les Kharizmiens. Il fe donna une grande bataille proche Ghaza, où Manfour ibrahim qui commandoit l'armée de Syrie, & qui s'étoit réuni aux Francs, fut vaincu. Les prifonniers Francs furent conduits en triomphe dans le Caire; les Egyptiens prirent enfuite Ascalon, & marcherent vers Damas.

Si les Musulmans de Syrie avoient intérêt de s'oppofer à la rapidité des fuccès du Sulthan d'Egypte & des Kharizmiens, les Francs qui voyoient toute la Terre-fainte défolée, & qui étoient fur le point d'en être chaffés, n'étoient pas moins animés à défendre un pays dont la conquête leur avoit couté tant de fang, & qu'ils poffédoient depuis fi longtems. L'intérêt de la Religion, la gloire de leurs armes, la néceffité de défendre les Francs de l'Orient, & une poffeffion ancienne, antérieure à celle des familles des Princes Mufulmans qui régnoient alors, devoient naturellement les porter à faire de nouveaux efforts. Tous les malheurs qui menaçoient la Terre-fainte, déterminerent le Pape à faire affembler un Concile à Lyon, où il fut réfolu d'envoyer des fecours dans l'Orient. S. Louis, dans une assemblée où af fifterent tous les Princes, les Prélats & les Barons du Royaume, embraffa la Croifade avec fes trois freres, Alphonfe,

Comte

Apr. J. C.

Comte de Poitiers; Robert, Comte d'Artois; Charles, Comte d'Anjou; & un très-grand nombre d'autres Seigneurs L'an 1245 François. Il ne partit que quelques années après, accompagné de la Reine, & fe rendit dans l'ifle de Chypre; de-là, après avoir effuyé une violente tempête, il alla se préfenter devant Damiette (a), ville que Saleh avoit munie de tou- L'an 1248. tes fortes de provifions, & où il avoit mis une garnifon de Joinville. Kenanites, gens connus pour leur bravoure. L'Emir Phakh- Arabfchah. Aboulfareddin, à la tête d'une armée, étoit campé dans les envi- radge. rons, pour en défendre l'approche & empêcher le débarquement. S. Louis fe jetta l'épée à la main dans la Mer, aborda, & fit camper toute fon armée, qui étoit d'environ cinquante mille combattans, du côté de l'Occident (b) que L'an 1249à Phakhreddin venoit d'abandonner, pour fe retirer à l'Orient, après avoir perdu quelques foldats. L'intrépidité du Roi de France porta par-tout la terreur, les habitans de Damiette & les braves Kenanites eux-mêmes qui n'oferent l'attendre der riere leurs murailles, ouvrirent leurs portes & fortirent pendant la nuit avec précipitation. La ville ainfi abandonnée, tomba entre les mains des Francs qui s'emparerent de toutes les richeffes & de toutes les armes qu'ils y trouverent. La perte de Damiette fut un des plus grands malheurs qui pût arriver au Sulthan d'Egypte.

Če Prince étoit en Syrie où il faifoit le fiége d'Hemesse qui appartenoit à un de fes parens, lorfqu'il apprit cet événement. Il leva auffi-tôt le fiége pour revenir en Egypte, mais il tomba dangereufement malade à Manfoura. Ce fut-là que se préfenterent à lui les principaux de Damiette; il fut fi indigné de leur lâcheté, qu'il les fit pendre au nombre de cinquante-quatre avec leurs habits, leurs baudriers & leurs bottes, & il mourut le lendemain (c). Aufsi-tôt sa femme Schadjreddor, plus recommandable encore par fon esprit & par fa prudence, que par fa beauté qui la diftinguoit parmi toutes les perfonnes de fon fexe, fit affembler les plus grands Emirs de l'Etat, & leur cachant la mort du

(a) L'an 647 de l'Hegire.
(b) Dans le mois Sepher.

dimanche au lundi; il étoit âgé d'en-
viron 44 ans, & il avoit régné 9 ans

(6) Le 14 de Schaban, la nuit du 8 mois & 2 jours.

Tom, IV.

P

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