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Apr. J. C. fignifia que s'ils ne rachetoient pas ce Prince il alloit le L'an 1426. faire mourir. Cependant il lui fit fournir des habits & des Boursbai. provifions pour chaque jour, lui envoya des domeftiques.

& lui permit de voir quelques Francs. Ce Prince demandoit cinq cens mille piéces d'or pour fon rachat, mais il se relâcha dans la fuite, & fe contenta de deux cens mille que les Confuls s'engagerent de lui payer la moitié fur le champ, & le reste après que le Roi de Chypre feroit de retour dans fon pays. On convint encore que ce Prince payeroit tous les ans vingt mille piéces d'or, & qu'il renverroit la troupe de Vénitiens & de Catalans qu'il avoit dans l'Ifle. C'est à ces conditions que la paix fut conclue, & peu de tems après on remit en liberté le Roi de Chypre (a) qui logea dans le Caire. Il y vit arriver des Ambaffadeurs du Grand-Maître de Rhodes, qui venoient propofer la paix, promettant de ne plus attaquer les Mufulmans, & de vivre en bonne intelligence avec le Sulthan. Les Chevaliers de Rhodes craignoient que ce Prince n'entreprît l'expédition qu'il avoit projettée contre Rhodes. Il y eut dans le même tems quelques troubles à Médine qui furent appaifés.

L'Hiftoire ne fournit plus de grands événemens. Les Auteurs s'arrêtent à faire connoître les dépofitions de quelques Emirs, les voyages du Sulthan, & d'autres détails auffi peu importans. Ils parlent d'un orage violent qui arriva en L'an 1427. Egypte (6), & pendant lequel il tomba une pluie extraordinaire; événement remarquable dans ce pays. Il y eut au Caire une grande fédition entre les Mameluks & les Emirs. L'ar 1428. Les Francs firent quelques courfes (c) vers Alexandrie, où ils furent battus. Dans le même tems le Sulthan envoya une armée en Orient. Carailough s'étoit emparé de Khortobret qu'il avoit fortifiée. Les troupes d'Egypte & de Syrie s'étant réunies, elles allerent faire le fiége de Roha (d), L'an 1429. où Habil (e) s'étoit renfermé. Cette ville tomba bientôt au pouvoir des Egyptiens qui la livrerent au pillage. Quelque tems

(a) L'an 830, dans le mois Mouhar

ram.

(b) L'an 831, le 15 de Mouharram.
(c) Dans le mois Dzoulcaada.

(d) Dans le mois Schoual de l'an 832.

(e) Fils de l'Emir Othman, fils de Thour aly.

.

après le château fut pris. Il y eut un massacre épouvantable ; malgré les Chefs de l'armée; la milice mit le feu par-tout, L'an 1429. Apr. J. C. & ruina entiérement Roha. Pendant ce tems-là la pefte ravageoit la Syrie & l'Egypte, & continua l'année suivante.

On ordonna des jeûnes & des prieres publiques (a). On rap- L'an 1430porte qu'elle paffa enfuite dans le pays des Francs.

Dans la fuite (b) le Sulthan envoya une armée en Orient contre Carailough qui avoit brûlé Malathie, mais cette armée ayant appris en route que les Syriens l'avoient chaffé, elle rentra au Caire. Quelque tems après le Roi de Chypre étant mort (c), le Sulthan envoya un des principaux de fa L'an 1431 Cour avec foixante Mameluks, pour renouveller les traités & pour donner au nouveau Roi de Chypre une robe d'honneur & le titre de Gouverneur du pays pour le Sulthan. Cet Ambaffadeur fe rendit à Mallaha (d), & de-là à Nicofie. L'an 14320 Tous les habitans de cette ville vinrent au-devant de lui. Jean, nouveau Roi de Chypre, le reçut avec beaucoup d'honneur, le logea dans fon palais, & protefta qu'il étoit toujours foumis au Sulthan. Il paya le tribut, & fut inftallé par l'Ambaffadeur en qualité de Gouverneur.

On ne trouve prefque plus de détails intéreffans dans l'Hiftoire d'Egypte. Plufieurs Princes dont j'ai donné la lifte dans les Tables du premier Volume, fuccéderent au Sulthan par lequel je termine cette hiftoire. Ils furent très-puiffans, & furent prefque tous dépofés. A mefure que nous approchons de notre tems, les Hiftoriens deviennent plus rares, parce que les ouvrages les plus modernes qui font ceux dont nous aurions befoin pour la continuation de l'hiftoire des Mameluks, n'ont point été apportés en France. Les détails dans lefquels je fuis entré précédemment, me font négliger ici quelques abrégés affez fecs, & dans lef quels on ne trouve, pour ainfi dire, que l'époque de la mort & de l'inftallation de ces Princes qui regnerent jufqu'en 1516. Ghouri, un de ces Sulthans Mameluks, ayant donné retraite

(a) Dans le mois Dgioumadi elaoual de l'an 833.

(b) L'an 834, dans le mois Mouhar

(c) L'an 835.

(d) Dans le mois Mouharram de l'an 836.

ram.

ce

à Derkoud, fils de Selim, Empereur des Ottomans Prince réfolut de porter la guerre en Egypte. Il livra une fanglante bataille proche Alep à Ghouri qui fut vaincu & tué. Toumanbey fut mis fur le trône au Caire, & les Mameluks, après avoir infulté l'Ambassadeur de Selim qui étoit arrivé dans cette ville pour faire quelques propofitions de paix, réfolurent unanimement de continuer la guerre & d'envoyer une armée vers Ghaza. Les Ottomans qui avoient déja pénétré jufqu'à Cathia, défirent ces Mameluks, & fe préfenterent devant le Caire qui fut pris d'affaut. Toumanbey fe fauva vers la Thébaïde, & remporta quelques avantages fur les Turcs; enfin après une nouvelle bataille qu'il perdit, il fut livré à fes ennemis qui le firent pendre.

Ainfi finit la feconde Dynaftie des Mameluks, & l'Egypte fut foumise au pouvoir des Ottomans, fous lequel elle est reftée depuis. Mais elle conferve une certaine indépendance; une foule de Mameluks, la plupart renégats, font les maîtres du Gouvernement, & les ordres du Pacha que le Grand-Seigneur y envoie, ne font pas toujours écoutés. Il ne peut rien faire fans le confentement de ces Mameluks que l'on appelle Beys, qui commandent la milice, qui font chargés de la recette des revenus & de la défense de leurs provinces. Ainfi le Gouvernement eft refté à peu près dans le même état qu'il étoit fous les anciens Mameluks. Il est expofé aux mêmes révolutions, mais avec moins d'éclat. Tous ces Beys font autant de petits Tyrans qui cherchent à Le détruire, & qui vexent fans ceffe les peuples.

LES

LES OTTOMAN S.

'ORIGINE des Turcs Ottomans eft tellement envelop

L'ée de ténebres épaiffes, que jufqu'à préfent ceux qui

ont entrepris de l'examiner, n'ont pû parvenir à la débrouiller. Les uns font descendre ces Turcs d'une troupe de brigands; les autres leur donnent des ancêtres illuftres. Le Prince Cantimir, dans fon Hiftoire de l'Empire que ces Turcs ont établi à Conftantinople, difcute tous ces fentimens en particulier, & fe propofe de les réfuter, pour établir celui que les Turcs eux-mêmes admettent. En général, le témoignage le plus authentique que l'on puiffe avoir fur l'Hiftoire d'une Nation, doit être tiré de fes archives; mais il ne faut pas admettre indifféremment tout ce que fes Hiftoriens débitent, & on doit toujours être en garde contre la partialité naturelle aux hommes dans les affaires qui les concernent. Un peuple qui a été pendant quelque tems fans écrire, & qui d'un autre côté s'eft rendu célebre, doit retrouver chez les peuples voifins des secours établir la base de fon Hiftoire. Les Grecs avec lefquels les premiers Turcs ont eu de longues guerres à foutenir, ont dû parler de ces peuples relativement à l'état où ils les voyoient; mais la différence de religion a pû porter ces Grecs à en parler avec mépris, au moins est-ce un foupçon que l'on doit avoir. Mais fi en même tems des Ecrivains Arabes, contemporains de l'établiffement des Turcs, & qui n'étoient point excités contre eux par des motifs de religion, en parlent comme les Grecs en ont parlé, le témoignage des Hiftoriens nationaux doit être fufpect, fur-tout quand ces Ecrivains donnent une origine illuftre aux Chefs de leur Nation, & quand on y rencontre une foule d'anachronismes.

pour

Tel eft le premier fiécle de l'Hiftoire des Ottomans. Le Prince Cantimir qui a entrepris de l'examiner, a rejetté le récit des Hiftoriens étrangers pour adopter celui des Ecrivains

Tom. IV

Tt

Marakefchi

Turcs. Nous avançons ici avec regret que cet Hiftorien,
très-eftimable d'ailleurs, n'a pas la moindre connoiffance de
l'Hiftoire de l'Orient; il révoque en doute les faits les plus
avérés, & confond par-tout les différentes Monarchies qui ont
précédé celle des Ottomans. Ainfi l'on ne doit avoir con-
fiance dans fon Hiftoire que pour les détails poftérieurs à
leur établissement. Je rejette donc ici tout ce qu'il a en-
trepris de donner pour véritable, & je vais effayer de tra-
cer en peu de mots l'origine des Ottomans, en conciliant
leurs traditions avec l'Hiftoire des peuples voisins. Mais je
n'entreprens point de donner une Hiftoire complette de ces
Turcs. Elle nous eft connue par une foule d'Hiftoriens que
je ferois obligé de copier, & je me borne ici à démêler leur
origine,
, pour ne point multiplier inutilement des volumes.
L'Hiftoire générale de la nation Turque que j'ai rappor-
tée précédemment, doit naturellement nous conduire à l'Hif-
toire particuliere des Ottomans qui defcendent de ces Turcs.
C'eft-là que
l'on doit retrouver les premieres traces de leur
origine, & la confirmation de leurs traditions qui paroissent
deftituées de vraisemblance au premier examen, mais que
l'on apperçoit dans l'Hiftoire plus ancienne. Un Auteur Ara-
be contemporain nous apprend que lorfque les Mogols
fous la conduite de Genghizkhan & de fes fucceffeurs, se
furent emparés des pays de l'Afie mineure, poffédés par les
Sulthans Seljoucides d'Iconium, la plupart des Emirs Turcs
fe retirerent dans les montagnes, où ils refterent indépen-
dans, & où ils formerent différentes petites principautés (a).
Ainfi l'on doit regarder les Turcs Ottomans comme les
reftes des Turcs Seljoucides d'Iconium. Mais ces Turcs ont
des traditions fur leur origine qui méritent d'être examinées;
ils citent plufieurs événemens avec leurs époques, & il eft
difficile de croire que tout cela eft fuppofé.

I. Saadi effendi, cité par le Prince Cantimir , rapporte que dans le tems que les Seljoucides quitterent le Maouarennahar pour paffer en Perfe, Kaikan, pere de Soliman schah, Prince des Oghouziens, partit de Merou schahdgihan

(a) On les trouve à la fin de l'Hiftoire des Seljoucides d'Iconium, T. III.

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