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Apr. J. C.

attaques, Meffer refufa conftamment de se rendre au camp, quoiqu'il ne fût pas éloigné de fe foumettre; Van fuccomba, Lan 1394. Messer fut même abandonné par les fiens, & dans cet état Tamerlan. contraint de venir enfin implorer la clémence de Tamerlan qui lui pardonna. Ce Prince profita de la circonstance qu'il étoit dans le voisinage de la Géorgie pour porter la guerre dans ce pays; c'eft dans ce deffein qu'il fe rendit à Cars, il s'arrêta pendant que fes Généraux entrerent dans le pays; il y fit de grandes réjouiffances à l'occasion de la naiffance d'ibrahim fulthan, fils de Schahrokh ; enfuite il marcha luimême vers la Géorgie, & foumit les Caracalcanlic; il paffa devant Teflis, capitale du pays, & alla camper dans la plaine de Cheki, ville entre Teflis & le fleuve Cyrus. Différens partis fe répandirent dans les montagnes. Ayant appris alors que le Khan du Kaptchac, Tocatmifchkhan,avoit paffé le Derbend, & qu'il ravageoit le Schirouan, il fe hâta de le joindre; mais ce Khan ne jugea pas à propos de l'attendre, & Tamerlan réfolut de paffer l'hyver dans les environs du fleuve Cyrus. Il voulut engager Tocatmisch à faire la paix, mais n'ayant pû l'obtenir, il fe remit en campagne au retour du printems (a), livra plufieurs batailles aux Kaptchac, & pé- L'an 1395; nétra bien avant dans la Ruffie; il dépofa Tocatmifch, & donna le titre de Khan à Coiritchac aglen. Il revint par Azac ou Azof, entra dans le pays des Koubans, envoya ses troupes dans toute la Circaffie, alla en perfonne dans le pays de Bouraberdi ou des Abkhas, défit plufieurs fois les Géorgiens, ruina leurs fortereffes, & fit un grand butin dans leur pays. Il affiégea les fortereffes de Coula & de Taous qui étoient fituées dans des montagnes efcarpées dont les chemins étoient prefque inacceffibles. Les Mekrites habiles à gravir fur les montagnes ne pouvant trouver de chemin, les plus hardis monterent avec de longues échelles fur le fommet de la montagne, enfuite s'étant liés avec des cordes par la ceinture, & ayant attaché ces cordes aux rochers, ils defcendirent proche de la place, où ils y trouverent les afliégés qui les affommerent avec des pierres; mais

(a) Le 7 de Dgioumadi elaoual de l'an 797 de l'Hegire,

L'an 1396.

malgré ce danger tous s'empreffant de defcendre, les affiéApr. J. C. L'an 1395. gés accablés par le nombre ne purent réfifter, & la place Tamerlan. fut prise d'affaut. Les foldats de Tamerlan se rendirent maîtres de toutes les fortereffes qui étoient dans ces montagnes inaccessibles. De nouveaux troubles rappellerent ce Prince dans le Kaptchac, & il fut obligé d'aller à Aftrakhan qu'il rafa. A fon retour de ce pays (a) il rentra dans la Géorgie, battit les Kafikoumoucs, les Avares & les autres peuples voifins, & s'en revint par Schamakie; il donna à fon fils Miran schah le Gouvernement de l'Adherbidgiane & de tout le pays fitué depuis Derbend jufqu'à Bagdad, & depuis Hamadan jufqu'aux frontieres des Ottomans. Il plaça dans le pays de Carabagh & de Nakhdgiouan les troupes de fon aîle droite, celles de l'aile gauche eurent le pays qui eft depuis Tauriz jufqu'à Hamadan.

Pendant que Tamerlan avoit été occupé de la guerre de Géorgie & du Kaptchac, les villes de Jezd & de Nehavend s'étoient révoltées, mais elles avoient été obligées bientôt de rentrer dans le devoir, & les féditieux avoient été punis. Ce Prince envoya en même tems fon petit-fils Mohammed fulthan dans le Royaume d'Ormus, & après avoir rétabli Jezd qui avoit été entiérement ruinée, il partit d'Hamadan (6), pour retourner à Samarcande, où il fut reçu par les peuples avec les plus grandes démonftrations de joie. Il s'occupa à faire bâtir dans les environs de cette ville (c) un magnifique palais nommé Baghi-schemal. On avoit fait venir exprès des marbres de Tauriz; les murailles étoient peintes à frefque par les plus habiles Peintres de Perse & de Bagdad, la cour étoit pavée de marbre & de pierre de talc, & le bas des murs, tant en-dedans qu'en dehors, étoit revêtu de porcelaine. Comme ce Prince étoit alors maître de grands Etats, & qu'il craignoit qu'après la mort il ne furvînt des divifions entre fes enfans, il donna en fouveraineté à Schahrokh, fon fils, le Khorafan, parce que cette province lui paroiffoit la plus propre pour être le fiége de l'Empire. Il y joignit le Sedgeftan & le Mazanderan

(a) Au commencement du printems de l'an 798.

(b) Le 2 de Schoual.
(c) L'an 799.

jufqu'à

jufqu'à Firouz kouh & à Rei. Schahrokh alla faire fon féApr. J. C. jour à Herat, Tamerlan alla à Kefch, où Mohammed ful- L'an 1396. than qui revenoit d'Ormouz, le vint trouver. Ce Prince avoit Tamerlan. obligé Mohammed schah, Roi de ce pays, de fe retirer à Gamroun, de faire la paix, & de payer tous les ans un tribut de fix cents mille dinars. Tamerlan ne fut occupé pendant toute cette année que de fêtes; il maria un de fes enfans (a) à la fille du Khan des Getes (b). Il épousa lui-même une autre fille du même Prince (c), & reçut une am- L'an 1397. baffade de la part de l'Empereur de la Chine.

Tamerlan avoit donné à fon petit-fils Pir mohammed les provinces de Condoz, de Baklan, de Caboul, de Ghazna & de Candahar, jufqu'aux frontieres des Indes. Le voifinage de ces provinces fournit bientôt un prétexte au Conquérant Tartare pour porter la guerre dans l'Inde, & fon fils reçut ordre de marcher vers ce grand pays. Pir mohammed commença fon expédition par les Ouganis ou Aghouans qui demeuroient dans la montagne de Soliman kouh. Il ravagea tout leur pays; enfuite il paffa l'Indus, & prit la ville d'Outchah à l'Orient de ce fleuve. De-là il alla faire le fiége. de Moultan, une des principales villes de l'Inde, dont le Gouverneur, nommé Sarenk, étoit frere de Mellou khan, régent ou plutôt maître abfolu de l'Empire des Indes fous le jeune Sulthan Mahmoud (d). Depuis la mort de Phirouz schah, ces deux Officiers s'étoient emparés de toute l'autorité après avoir mis fur le trône fon petit-fils Mahmoud Mellou khan réfidoit auprès de ce Prince à Dehli, & fon frere à Moultan. En apprenant la nouvelle de cette expédition, Tamerlan qui avoit réfolu de porter la guerre dans la Chine, changea de deffein, & réfolut de marcher vers l'Inde, où plufieurs Conquérans ont pénétré, fans que nous foyons beaucoup inftruits des détails de leurs conquêtes. Il laissa le Mirza Omar, fon petit-fils, pour gouverner Samarcande en fon abfence, & prit la route des Indes (e). Lorsqu'il L'an 13934

(a) Mirza iskender.

(6) Elle étoit nommée Beghifi fulthan.

(c) Le 3 de Rabi elaoual de l'an 800 de l'Hegire.

Tome IV

(d) Ce Prince étoit petit-fils de Phi-
rouz fchah, & je crois qu'il eft de la fa-
mille de ces efclaves qui avoient fuccé-
dé aux Ghourides.

(e) L'an 800 de l'Hegire, au mois
F

Apr. J. C.

fut arrivé à Anderab, les habitans du pays lui porterent des L'an 1398. plaintes contre les Siapousch, nation idolâtre qui demeuroit Tamerlan. dans les montagnes au Midi de la province de Bedakschan,

où elle exigeoit d'eux tous les ans des fommes confidérables. Tamerlan faifit cette occafion pour attaquer ces voleurs. Il choifit dans fes troupes les meilleurs foldats & marcha en diligence vers ce pays. Il détacha dix mille hommes qui allerent à gauche, pendant qu'il continua sa route vers le mont Ketuer, entre le Bedakfchan & le pays de Kaschmir; plufieurs de fes Officiers & de fes foldats laifferent leurs chevaux à Caouc, village au pied de cette montagne. Malgré la faison (a) on y trouva une fi grande quantité de neiges, que les pieds de la plupart des chevaux qu'on voulut y faire monter, tomberent; quelques-uns cependant, à la faveur de la gelée qui étoit très-forte pendant la nuit, ne laifferent pas d'avancer, & lorfque le foleil paroiffoit, on s'arrêtoit & on couvroit de feutre ces chevaux parce qu'il étoit impoffible de marcher, tout étant rempli de verglas. On parvint ainfi, après beaucoup de fatigues, jufqu'au fommet de la montagne, où étoient les Siapousch. De-là on voyoit ces voleurs qui étoient retirés dans des détroits & des précipices de l'autre côté. Il étoit encore plus difficile de defcendre. Quelques-uns employerent des cordes, d'autres fe couchant fur la neige fe laiffoient gliffer; on conftruifit pour Tamerlan une efpece de radeau avec des anneaux, auxquels on attacha' des cordes longues de cent cinquante coudées, que l'on retenoit en haut; quelques foldats alloient devant pour trouver un endroit où la neige fût plus ferme; on l'arrêtoit en cet endroit, en attendant que ceux qui tenoient l'extrémité de la corde fuffent defcendus, alors on recommençoit à laiffer gliffer le radeau; on fit ainfi cinq paufes, après lefquelles Tamerlan se trouva au pied de la montagne: on defcendit les chevaux avec des fangles paffées fous le ventre & au col, mais il n'en échappa que deux, & les autres tomberent dans des précipices. Tamerlan appuyé fur un bâton fit une lieue à pied au milieu

Redgeb, l'an du Léopard chez les Tar

pares.

(a) Le foleil étoit alors dans les gé

meaux.

des neiges, & parvint ainsi aux habitations des Siapoufch. Apr. J. C. Les gens de cette nation font robuftes, d'une taille fort L'an 1398. haute, & vont tout nuds. Ils ont une langue particuliere Tamerlan. qui ne tient ni de la Persanne, ni de la Turque, ni de l'Indienne. Leur Prince porte le titre d'Oda ou Odachou; & comme ils ont peu de commerce avec les nations voisines, on trouve difficilement des interpretes pour les entendre. Ces peuples qui avoient été inftruits de la marche de Tamerlan, vingt-quatre heures auparavant, avoient abandonné une fortereffe qui eft au pied de la montagne, s'étoient retirés de l'autre côté d'une groffe riviere qui paffe en cet endroit, & avoient porté leurs effets fur le fommet d'une montagne qui eft de l'autre côté. Ils n'avoient laiflé dans la premiere fortereffe que quelques moutons dont on s'empara. On mit le feu à leurs maisons, & on paffa la riviere. Les troupes Tartares monterent enfuite à cette montagne par plufieurs endroits, & poursuivirent les Siapoufch jufques dans leurs derniers retranchemens. Après un combat qui dura trois nuits avec une opiniâtreté incroyable, les Siapousch demanderent quartier, & promirent à l'Officier que Tamerlan leur envoya de lui être foumis & de changer entiérement de maniere de vivre; mais ce n'étoit qu'une feinte de leur part, puifque la nuit même ils firent main-baffe fur un régiment dont ils tuerent prefque tous les foldats. Tamerlan, irrité de cette perfidie, les fit attaquer de nouveau; cent cinquante Siapoufch qui furent pris, furent égorgés: enfuite on pénétra plus avant dans leur retraite, on pafla au fil de l'épée tous les hommes, & on n'épargna que les femmes. Tamerlan fit conftruire fur le fommet de la montagne, au bout d'un pont, plufieurs tours des têtes de ces Siapoufch, & fit graver fur le marbre l'hiftoire de fon expédition, avec l'époque de l'Hegire & celle dont fe fervoient ces Barbares (a).

La troupe qu'il avoit détachée pour aller vers la gauche, n'avoit pas eu le même fuccès; les Nevians Mirza ruftem & Burhan aglen qui la commandoient, s'étoient laiffés fur

(*) Cette expédition fut faite au mois de Ramadhan de l'an 800 de l'Hegire.

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