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Apr. J. C. quer, fuivant la coutume des Tartares, qu'il étoit prêt de L'an 1370. combattre pour fon fervice, & de lui livrer fa vie. Après ce Tamerlan, premier fuccès Tamerlan retourna à Kefch (a).

L'an 1371.

Zendé-hacham qui n'étoit foumis qu'en apparence, & qui avoit deffein de lui enlever l'Empire, confervoit toujours de la haine contre lui, & ne cherchoit que les occafions de la faire éclater. Il fe forma un parti, & gagna le Nevian Aboulmaali, avec lequel il alla ravager les pays de Balkh & de Termed; mais Khatai bahadour, à la tête d'un corps de troupes, fe rendit en diligence dans ces provinces. A fon approche les rebelles prirent la fuite, après avoir rompu une partie d'un pont de batteaux qui étoit à Termed; ceux qui n'avoient pas eu le tems de paffer l'Amou, furent taillés en piéces. Zendé-hacham fe fauva à Scheburgan, où il se fortifia. Il y fut affiégé pendant tout l'hyver par le Nevian Yakou que Tamerlan avoit envoyé. Enfin rentrant en lui-même, & reconnoiffant fa faute, il en demanda pardon, l'obtint, & parut pendant quelque tems attaché au fervice de Tamerlan.

Après que ces troubles eurent été ainsi appaisés, Tamerlan porta la guerre dans le pays des Getes (b), qui eft fitué au Nord du Sihon & à l'Orient du Kaptchac. Les Nevians Comzé & Orenkitmour, avec toutes leurs hordes, fe rangerent auffi-tôt fous fon obéiffance, & il donna le gouvernement de ces pays à Kepec timour dont la révolte excita bientôt de nouveaux troubles. Tamerlan y envoya quelques-uns de fes Généraux qui après avoir livré bataille au rebelle, auprès de la riviere Aifché-caden, fe hâde faire la paix. Mécontent de leur conduite qui lui faifoit perdre tout l'avantage de la victoire, & réfolu de marcher lui-même dans ce pays, il rassembla toutes les troupes dans les environs de Samarcande, fe rendit à Seiram & à Penki, & diffipa dans le courant d'un mois tous fes ennemis. Il pénétra jufqu'à Senghezi agadgé & à Adoun-couzi, où il fut informé que Zendé-hacham, avec les Nevians Moufa,. Aboulmaali, fils du Khan de Termed, & le Scheikh (a) On la nomme encore Sebz. dans le Cycle Tartare. (6) L'an 772 de l'Hegire, & du Porc

terent trop

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Aboulleith de Samarcande, avoient formé le projet de fe Apr. J. C. faifir de fa perfonne, lorfqu'il feroit à Carafouman dans une L'an 1371. partie de chaffe. Il fit venir en fa présence les conjurés, & Tamerlan. après leur avoir reproché leur ingratitude, il leur pardonna, parce que les uns étoient de fa famille, les autres de celle de quelques Nevians qui avoient beaucoup de crédit auprès de lui. Żendé-hacham fut transféré à Samarcande, où on le renferma dans une étroite prifon.

Il ne reftoit plus à Tamerlan, pour être maître de tout le Zagataï, qu'à foumettre une partie du Kharizme, qui avoit été autrefois de fa dépendance. Elle en avoit été féparée depuis quelque tems par un Mogol nommé Houffaïn fophi (a), de la Horde des Kumkurats, qui s'étoit rendu maître de Kaht & de Kaïouk, autrement Kivak. Tamerlan fit redemander ces deux villes avec toutes leurs dépendances, mais le Roi de Kharizme fe contenta de répondre à l'Ambaffadeur que fa valeur l'avoit rendu maître de ces villes, & qu'il étoit libre à Tamerlan de tenter de les reprendre. Une réponse fi hardie & fi fiere détermina d'abord celui-ci à porter la guerre dans ce pays; enfuite le Moufti Dgelaleddin lui ayant fait un tableau de tous les malheurs que l'or gueil du Roi de Kharizme alloit faire tomber fur les Mufulmans, il l'envoya vers ce Prince, dans l'efpérance de le faire rentrer en lui-même. Cette nouvelle démarche fut inutile, & ne fervit qu'à rendre la conduite du Roi de Kharizme plus odieufe par la hardieffe qu'il eut de faire enfermer le Moufti. Tamerlan partit de Samarcande au prin- L'an 1372. tems (b) avec fon armée, & reçut en route un Ambaffadeur envoyé par Ghaïatheddin pir aly, Roi de Herat (c), qui venoit avec de riches préfens fui demander fon amitié. Il fe rendit à Bokhara, & fes coureurs défirent fur le bord de l'Oxus, dans un lieu nommé Sepayé, ceux des ennemis ; il trouva enfuite Beiram (d) & Scheikh Mouïad renfermés dans Kaht, où ils avoient deffein de foutenir un fiége. Les

(a) Fils d'Yonghadai.

(b) L'an 773 de l'Hegire, & de la Souris dans le Cycle Tartare.

(c) Fils d'Azzeddin houffain, mort au mois Dzoulcaada de l'an 771 de

l'Hegire, de J. C. 1370.

(d) Celui-ci avoit la charge d'Yefaoul, ou de Gouverneur ; & l'autre, de Daroga, ou de Juge.

Apr. J. C. L'an 1372.

premieres attaques furent très-vives, les affiégés lançoient fur fon armée un prodigieux nombre de fleches & de pierres; Tamerlan. irrité de cette réfiftance, il fit affembler promptement des fafcines & des bois pour combler les foffés. Par-là on parvint facilement jufqu'au parapet; fes foldats s'emprefferent d'efcalader les murailles, les affiégés abandonnerent la défenfe, & la place fut emportée l'épée à la main, & livrée au pillage. În fit main-baffe fur tous les habitans; les femmes & les enfans furent faits esclaves: mais Tamerlan leur rendit la liberté le lendemain. Un de fes Officiers qui n'avoit ofé descendre le premier dans le foffé, reçut plusieurs coups de bâtons, suivant les loix de Genghizkhan qui ordonl'on puniffe ainfi les lâches, & enfuite il fut lié à queue d'un âne, & envoyé à Samarcande.

nent que

la

Après cette expédition le mangalai, ou l'avant-garde de l'armée de Tamerlan fe rendit à Dgiouï-corlan, où elle défit une partie des ennemis. Le vainqueur difperfa toutes ces troupes dans les différentes provinces, & tout le Kharizme fut défolé. Houffaïn sofi battu de tous côtés, se réfugia dans Urghens, d'où il envoya un Ambassadeur pour appaiser la colere de Tamerlan; mais en même tems trop foible pour écouter d'autres confeils, il ne fongea plus à la paix qu'il demandoit, fortit d'Urghens avec fon armée, & fe rangea en bataille fur le bord de la riviere de Caoun qui n'eft qu'à deux lieues de cette ville. Tamerlan qui n'avoit auprès de lui qu'un très-petit nombre de troupes s'approcha de la riviere, que les plus braves de fes Officiers s'emprefferent de paffer malgré la résistance des ennemis. Ils eurent beaucoup de peine à empêcher que Tamerlan ne les fuivît; l'armée ennemie prit la fuite, & Houffaïn fofi alla fe renfermer dans Urghens, où il mourut peu de tems après de défefpoir.

Ce Prince eut pour fucceffeur fon fils Youfouf fofi qui trouva le moyen d'appaiser Tamerlan, & de faire la paix avec lui, à condition qu'il donneroit en mariage fa niéce Khanzadé (a), qui étoit la plus belle Princeffe de fon tems, au

(a) Elle étoit fille d'Ak-fofi, fils d'Yenghadai, & de Schikurbei, fille d'un Khan Ufbek. Cette jeune Princeffe étoit

appellée Sevin bei, mais on lui donnoit ordinairement le titre de Khan-zadé, c'est-à-dire, fille de Khan.

Prince Dgihanghir, fils de Tamerlan. Auffi-tôt

que la paix

Apr. J. C.

eut été conclue, Tamerlan quitta le Kharizme, & s'en re- L'an 1372. tourna au lieu de fa réfidence ordinaire.

Tamerlan.

Tout paroiffoit tranquille, lorfque quelques Nevians abandonnerent fa cour, & pafferent dans le Kharizme, où ils s'efforcerent d'exciter des féditions, & d'engager Youfouf fofi à rompre l'alliance qu'il étoit prêt de contracter. Le Roi de Kharizme féduit par leurs artifices, fe laiffa perfuader, & alla faire des courfes pendant l'automne dans le pays de Kaht, mais fon inconftance fut bien-tôt punie. Au retour du printems (a) Tamerlan entra préci- L'an 1373. pitamment dans le Kharizme; Youfouf fofi effrayé & reconnoiffant fa faute, demanda la paix, & promit d'envoyer au plutôt la Princesse Khan-zadé Tamerlan fe laiffa fléchir, & s'en retourna à Samarcande, où il s'occupa des préparatifs néceffaires pour le mariage de fon fils Dgihanghir. Il envoya (b) Yadghiar berlas fon parent (c), avec plufieurs au- L'an 1374* tres Nevians dans le Kharizme, pour demander en forme la Princeffe. Ils étoient chargés de préfens qui consistoient en or monnoyé, en rubis, en musc, en ambre, en velours, en brocards d'or & d'argent, en foyes, en fatins de la Chine, & en autres étoffes très-précieuses; en vafes d'or de la Chi-' ne ornés de pierreries, en habits magnifiques, en filles efclaves & en chevaux. Youfouf fofi reçut les Ambaffadeurs avec beaucoup de refpect, leur fit des fêtes magnifiques, & remit entre leurs mains la Princeffe, à laquelle il fit préfent de plufieurs couronnes très-riches, d'un trône d'or, de braffelets, de pendans d'oreilles, de colliers, de ceintures d'or, de plufieurs garnitures de pierreries, de quantité de bagues, de boëtes & de coffres remplis d'émeraudes, de rubis, de perles, d'habits & de tentures renfermées dans des coffres dont les cadenats étoient d'or, de lits magnifiques, de dais, de pavillons, de tentes à une & à plufieurs colonnes. Lorsque la Princeffe arriva à Samarcande, toute la Cour alla au-devant d'elle; on répandit fur elle des odeurs, de

(a) L'an 774 de l'Hegire, dans le mois Ramadhan, l'an du Bœuf.

(b) L'an 775 de l'Hegire, dans le

mois Schoual, l'an du Léopard.

(c) Il étoit defcendu comme lui de Carafchar nevian.

L'an 1374

l'or & des pierreries, on fit des fêtes magnifiques; on dressa ApJ, de tous côtés des tentes fuperbes qui étoient toutes brilApr. J. C. Tamerlan lantes par l'or & les pierreries dont elles étoient enrichies; Tamerlan diftribua de riches préfens à tous les Officiers de fa Cour, & après avoir confulté les Aftrologues le mariage fut confommé.

L'an 1375.

Toutes ces fêtes ne furent pas plutôt achevées, que ce Prince reprit les armes, & marcha vers le pays des Getes (a), c'eft-à-dire, dans les Etats du Khan de Kaschgar. Il éprouva un froid fi terrible, & il tomba tant de neiges & de pluie lorfqu'il fut arrivé à Rebat-catan, qu'il fut obligé de revenir à Samarcande, d'où il partit deux mois après (b). Son fils Mirza Dgihanghir qui commandoit l'avant-garde, fe rendit à Seiram, & de-là à Jaroun. Il apprit en cet endroit d'un prifonnier que Camareddin, Chef de la horde d'Ouglat, & maître du pays de Kafchgar, étoit campé avec fon armée dans un lieu appellé Gheuktopa (c), où il attendoit Hadgi bei. Il se hâta de le joindre, mais Camareddin ne s'y trouvant pas en fûreté, fe retira dans un endroit inacceffible nommé Birké-gourian (d), qui eft fitué vers la riviere d'Ili; il y avoit trois détroits dans les montagnes, & dans chacun defquels couloit une riviere. Camareddin se posta. dans le troifieme, où il fit des retranchemens. La bravoure des troupes de Dgihanghir franchit ces paffages dangereux. Il attaqua les ennemis le fabre à la main, & les força de prendre la fuite. Au lever du foleil, Tamerlan arrivé avec le refte de fon armée, envoya plufieurs Nevians à la poursuite des fuyards. On fuivit le courant de la riviere d'Ili, on soumit tous les pays voifins. Tamerlan de fon côté s'avança jufqu'à Baitac, & détacha le Mirza fon fils pour tâcher de prendre Camareddin. Le jeune Prince ravagea toutes les habitations des Getes qui étoient dans le pays d'Outché-ferman, à l'Orient de Kaschgar. Camareddin abandonna ses pays, & laiffa prendre plufieurs Princeffes de fa famille, entr'autres fa fille Dilcad-aga qui devint dans la fuite l'épouse de Tamerlan,

(a) Le de Schaban de l'an 776.
(b) Au mois de Schoual qui étoit le
commencement de l'an du Liévre.

(c) C'eft-à-dire, la Colline bleue.
(d) C'est-à-dire, le baffin des Gouris,

Ce

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