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Le fage instinct qui les éclaire Eft plus fûr fans comparaifon Que la raison qui le fait taire D'avancer toûjours la saison. Expliquez-moy, je vous prie, ce que figni fient ces deux derniers versi on n'y entend rien, & cela parce qu'on a fauté un vers qui étoit entre ces deux, & que je trouve dans ma copie imprimée chez Estienne ilya,

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Que la raifon qui le fait taire, Et dont on se fait une affaire D'avancer toûjours la saison. Je ne vous cite que cet exemple, parceque c'eft le premier qui fe rencontre; mais je vous fuis garant qu'il n'y a aucune de ces pieces où il n'y ait plufieurs fautes de cette force. F'y trouve encore quelque chofe de pire, c'est la liberté qu'on s'eft donné de changer & d'alterer plufieurs endroits de ces pieces, & de fupprimer des quatre, huit & douze vers de fuite, & même plus quand on l'a jugé à propos, & tout cela fi mechaniquement, que quand l'Auteur du Nouveau choix ne m'apprendroit pas dans fa Preface qu'il n'eft point Poëte; la maniere dont il s'y prend pour cou per une periode de vers, fans autre attention qu'à

qu'à faire quadrer regulierement les rimes, fuffiroit feule pour me convaincre qu'il n'a pas l'oreille bien délicate en fait de Poëfie, & qu'il n'en connoit pas affez l'harmonie. Je ne fais pas fi ces retranchemens feront du goût de l'Auteur, mais je vous avoue qu'ils ne font point du tout du mien, & je ne conçois pas furquoy fondé un faifeur de Recüeil s'attribue le droit de changer & de fupprimer dans les pieces d'autruy; permis à lui de ne

les pas employer, mais dès qu'il les employe, il doit nous les donner telles que l'Auteur les a faites. Dira-t-il que ces retranchemens ne font que du bien aux endroits où on les a faits? du moins faut-il qu'il le penfe de la forte; quand cela feroit, chacun eft maitre de fon bien, & peut fe rendre ridicule à fes rifques: mais je crois que fur cela le Public s'en fiera autant à l'Auteur des pieces mêmes, qu'à celui qui s'eft avife de les reformer. Il eft permis à tout Lecteur de blamer dans un Quvrage ce qui lui déplaît ; mais d'y retrancher à fon gré, d'y faire des alterations & des changemens, & par-là de gâter, d'eftropier, de défigurer, & de dégrader en quelque forte des pieces, comme on l'a fait icy, c'est ce qui eft contre toute bonne police litte

raire ;

raire; & c'eft en quelque forte faire de la fauffe monnoye fur le Parnasse. De tout cela ̧ Monfieur, je tire une conféquence certaine ; c'eft que votre Recüeil fera tout aussi neuf & auffi recherché que fi aucune des pieces qu'il contient ne fe trouvoit dans le Nouveau choix. Vous n'êtes point encore prévenu; mais expediez promptement votre Edition, de crainte que d'autres ne vous préviennent, &ne le faffent à meilleur titre. On m'apporta hier des Intermedes mis en musique par Campra, & qu'on dit être du même Auteur ; je vous les envoye pour en faire tel ufage que vous jugerez à propos.

Je viens de lire dans la feconde partie du Nouveau choix p. 172. une Lettre en vers à Madame la Prefidente de C**, qui eft une de celles qui entrent dans votre Recueil, &qui eft de 120. vers. On en a retranché dans le Nouveau choix plus de 40. c'est à dire, plus du tiers. Jugez par-là des autres. Je fuis, &c.

EPITRE I.

EPITRE I

A

MONSIEUR ESTIENNE Libraire de Paris,

Sur ce qu'il avoit prié l'Auteur de lui per mettre d'imprimer fes Poëfies.

ONSIEUR Eftienne, eh! ne m'imprimez pas.

MAu nom de Dieu quartier, Monfieur Eftienne,

Jamais en rien, vous le fçavez, helas!

Ne vous fis tort, au moins qu'il me fouvienne,
Et fi l'ai fait, encor, posez le cas,
Gardez-vous bien que rancune vous tienne ;
Les rancuniers font mal menez là bas ;
Si ne voulez que tel mal vous avienne,
Pardonnez moi d'une ame bien Chrétienne,
Monfieur Estienne, ch! ne m'imprimez pas.

A

Je fçai, qu'en l'art de bien mouler un livre, Vous égalez ces Eftiennes fameux.

>

Que vous comptez au rang de vos ayeux,
Et qui dans vous commençant à revivre,
Nous font trouver dans un de leurs neveux
Ce que leur fiècle a tant loiié dans eux;
Mais quand bien même, en dépit de la Parque;
Pour m'imprimer, revenant fur leurs pas,
Ils fe pourroient échaper de la barque
Où fous mortels vont après leur trépas,
Fût-ce Robert, ou fut-ce Charle Eftienne,
Je lui dirois toûjours la même antienne,
Monfieur Eftienne, eh ne m'imprimez pasanaet
Ne croyez pas qu'un chagrin mifantrope
Me faffe ici le prendre fur ce ton,
J'aime la gloire en enfant d'Helicon;

Mais tel fouvent après elle galope,
Dont le Pegafe à chaque moment chope,
Et qu'elle fuit, comme on fuit un larron;
Je la connois, j'ai fait fon horoscope,
Quand on dit oui, la quinteufe dit non.
Or s'il vous plaît en pareil acceffoire
Irois-je faire un procès à la gloire ?
Procès fur quoi? D'ailleurs, c'eft un grand cas
Si par procès la Dame s'apprivoise;

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