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Prenez mes vers, faites en vos choux gras,
Force fera de fouffrir ce martyre,

Parce qu'alors ne pourrai plus vous dire,
Monfieur Eftienne, eh! ne m'imprimez pas.

EPÎTRE II

A SON ALTESSE SERENISSIME

MONSEIGNEUR

LE DUC DU MAINE,

Sur un prefent de vingt-deux pâtez qu'il avoit envoyé aux Jefuites qui font chargez du Journal de Trevoux.

LEINS de vos dons, comblez de vos bienfaits,

PLE

1

PRINCE, en bonté, des Princes le modele, Encor faut-il en Vers, bons ou mauvais, D'un compliment faire aujourd'hui les frais Et vous en dire au moins quelque nouvelle. D'autres défauts on nous reproche affez, Comme il appert par maints & maints volumes Faits en ce tems, & faits aux tems paffez, Que gens de bien ont chez eux ramaffez; Mais pour ingrats jamais nous ne le fùmes: Surtout fçavons comme l'on doit prifer

Tout

Tout don qui part d'une Augufte Personne,
Et qu'on ne peut assez préconiser

Et le prefent, & celui qui le donne.

En cas pareil nous faisons tous effort.

Pour Vous, GRAND PRINCE, on n'en fçauroit trop

faire s

Mais pour tel œuvre il faudroit un Homere:

Moi qui de reins ne me fens affez fort

Bien mieux ferai de venir à l'histoire

De vos Pâtez. Ils vinrent à bon

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port, Tous vingt & deux, fi j'ai bonne mémoire, Pas un ne fut perdu dans le Charrof; Malgré la crotte, & la pluye, & l'orage, Tout arriva fans déchet ni dommage, Tant prudemment fut conduit le Convoi. OR quand il vint terminer fa carriere Dans le College à qui LOUIS LE GRAND, Roi des François, & vôtre Augufte Pere,, Donna fon Nom par grace finguliere, Dieu fçait s'il fit du fracas en entrant. Parut alors le docte Abbé Boiffiere, Qui minutant quelque beau compliment, Beau pour le fûr, car d'autres n'en fçait faire, En Conducteur s'avança gravement. A son aspect nous crûmes bonnement

B

Qu'en qualité de Bibliothecaire

De VÔTRE ALTESSE, il venoit de fa
part
Nous apporter Livres plein un brancart,
Ou Manufcrits de Note non vulgaire :
Vous euffiez vû nos Sçavans accourir ;
Et tous voulant s'éclaircir de la chofe,
Du Conducteur à l'envi s'enquerir,

Si c'étoit Greç, ou Latin, Vers, ou Profe?
De quel volume? Et comme entre Sçavans,
Sur tout cela les goûts font différents;
Tel pour l'Hébreu, tel pour le Grec opine.
On s'échauffoit, & l'on difputoit fort,
Quand le Convoi tirant vers la Cuifine,
Mit fur ce point tous nos Sçavans d'accord.
VERS eux alors le docte Abbé s'avance,
Et d'un ton haut dit: Peres Reverends,
Point de débat, vous ferez tous contens,
Chacun de vous peut felon fa science
Sur Livres tels exercer ses talens.

Tous font complets, & de bonne nature,
In folio, reliez à profit,

Dorez fur tranche, & fur la couverture,
Mieux n'auroit fait Boyer fans contredit.
Point n'y verrez Livres de contrebande,
* Fameux Relieur.

N'en ayez peur ; mais beaux & bons Journaux,
Non de Leipfic, Angleterre ou Hollande,
Mais Journaux tels que l'on les fait à Seaux.
Pour en juger doctement, So N ALTESSE
Aux Ecrivains de Trevoux les adreffe;
Feüilletez-les & direz avec nous,
Qu'ils font parfaits, & que dans leur efpece
Ils valent bien ceux qu'on fait à Trevoux.
QUAND l'Orateur eut exercé fa langue,
En tels propos de chacun fort goûtez,
On lui donna pour prix de fa harangue,
Un des Journaux qu'il avoit

apportez;

A Tourneli, grand Docteur de Sorbonne,
Qui de Trevoux revise les Ecrits,

Fut envoyé par difcrete perfonne

Pareil Volume, & l'un des mieux fournis,
Afin qu'il pût en dire fon avis.

DE vingt & deux en bonné arithmetique,

Qui deux retranche, il n'en refte que vingt,
C'étoit encor pour nous de la pratique,

Pour partager le travail, il convint

Chercher fecours. D'abord au Grand la Chaize

D'avis commun il en fut dépêché

Deux des plus beaux, pour les lire à son aise ; que d'affaire il foit möult empêché,

Bien

Point ne doutez qu'en homme prude & fage,
Il n'ait trouvé du tems pour cet Ouvrage.
Il fuffifoit, PRINCE, qu'il vint de vous,
Et l'on fçait bien, quelque foin qui le presse,
Qu'il quitte tout pour fervir Vô TRE ALTESSE,
A fon exemple autant en faifons-nous.

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QUATRE pareils à la Manfe commune
Furent livrez, ce qui vint bien à point
Car nos profès, gens tendres de pécune,
De tels Journaux chez eux ne lifent point.
Or encor bien, que par male fortune,
L'âge à plufieurs affoiblissant les yeux,
Leur ait rendu les paupieres moins nettes ;
Soyez certain, PRINCE, que le plus vieux
Les a pourtant fort bien lûs fans lunettes.
POUR les petits Loyolas nouveau-nez,
Qui font à
part leurs faintes caravanes,
Sevrez du monde, & de tous foins profanes,
Deux des Journaux ont été destinez.

Toute autre étude on fçait leur interdire ;
Mais il eft bon, comme nous femble à tous,

Qu'en ces Journaux dont nous fommes jaloux
Dès l'âge tendre ils apprennent à lire,
Jufques où va vôtre bonté pour nous.

DOUZE reftoient, douze pour le College;

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